A chaque face à face avec Ennahdha, le président de la République, Kaïs Saïed, brandit la constitution d'une main et sa cote populaire de l'autre. Alors qu'il a fait bondir au plafond le parti islamiste en se décrétant, texte de la constitution à l'appui, commandant suprême des « forces armées, toutes les forces armées » balayant au passage les prérogatives jusque-là accordées au chef du gouvernement, ministre chargé de la gestion des affaires du ministère de l'Intérieur et protégé d'Ennahdha, Hichem Mechichi, Kaïs Saïed se permet ce soir, encore une fois, le luxe de sortir siroter un capucin parmi les citoyens dans un café d'El Mnihla.
Le flegme du chef de l'Etat devant la hargne des islamistes en a amusé plus d'un. Car ce n'est pas tout. Avant de se rendre au café, Kaïs Saïed rompait le jeûne à la caserne de la Garde nationale à Ettadhamen, tout sourire. Puis au café, il flânait parmi les habitués, regardait un match, papotait tranquillement et faisait même la queue au comptoir pour son café désormais légendaire, le fameux « capucin ». Une démonstration de force tranquille en somme, pour dire à ses détracteurs, qui se déchainent en dénonciations, accusations et fuites burlesques que le boss c'est lui et qu'il a encore, contrairement à eux, tout le soutien de ses électeurs.