« L'environnement politique est si toxique que cela a fini par impacter la gestion de la crise sanitaire et la situation du pays en général » a indiqué, ce jeudi 1er juillet 2021, l'ancien ministre de la Santé et dirigeant d'Ennahdha, Abdellatif Mekki. Intervenant sur les ondes d'Express FM, l'ancien ministre a estimé que la gestion de la crise sanitaire a fait les frais de politiques inadaptées et surtout de l'instabilité politique qui n'a pas permis aux gouvernants de se concentrer sur ce dossier pourtant hautement prioritaire. « Un gouvernement qui démissionne, le suivant qu'on ne vote pas et puis le remaniement dans celui qui suit qui fait que le pays est géré depuis des mois par des ministres en intérim, tout cela a eu un impact, il n'y a pas eu la continuité nécessaire pour assurer une bonne gestion de la crise sanitaire du Covid-19 et aujourd'hui l'incendie a pris et ce ne sont pas des petites mesures qui vont l'éteindre » a-t-il poursuivi.
« Sauver la vie des gens ne doit pas être tributaire de l'argent, le gouvernement doit trouver le moyen d'en avoir pour pouvoir appliquer les mesures qu'il veut imposer et sauver des vies. Il y a clairement des défaillances dans la gestion de la crise, autant que dans la communication du ministère, aujourd'hui nous n'avons pas et nous n'aurons pas dans les délais qu'il faut les quantités nécessaires de vaccins, il faut alors tout mettre en œuvre pour équiper les hôpitaux et réduire la pression sur les services Covid-19 avec les mesures qui s'imposent et les accompagnements qui feront qu'elles soient respectées » a ajouté Abdellatif Mekki.
Le dirigeant d'Ennahdha a aussi déploré l'absence de l'Observatoire national des maladies nouvelles et émergentes de la nouvelle composition du comité scientifique de lutte contre le Covid-19, estimant que le comité ne compte pas la totalité des experts qu'il devrait avoir et ne joue pas le rôle principal qu'il devrait assurer dans le combat contre le Covid-19.
Sur la situation politique, l'ancien ministre a souligné que son parti soutient le chef du gouvernement Hichem Mechichi, sans forcément être convaincu de son rendement mais pour éviter au pays l'instabilité et le chaos.
« Ennahdha n'était pas convaincue de ce gouvernement et ne l'a pas caché. Contrairement à d'autres partis nous avons choisi de privilégier la stabilité du pays et nous en accommoder le temps de pouvoir revoir éventuellement sa composition. Aujourd'hui les différends qui existent entre les trois présidences, les conflits politiques qui minent le pays doivent cesser et si cela se prolonge l'ARP doit jouer son rôle et faire le nécessaire. Nous ne sommes pas devant une crise sanitaire uniquement mais devant une crise économique profonde et grave, cette situation doit être dépassée, c'est primordial, des concessions doivent être faites pour l'intérêt du pays » a-t-il conclu.