Seïf Eddine Makhlouf, président du parti islamiste radical, Al Karama, a publié hier, tard le soir, un post Facebook adressé au président de la République et au chargé du ministère de l'Intérieur. Le post est écrit suite à la perquisition du domicile secondaire de Imed Deghij à Melloulech (40 km au sud de Mahdia). La police suspecte que les députés fugitifs d'Al Karama se cachent dans la maison de cet ancien membre du parti et des Ligues de protection de la révolution.
Seïf Eddine Makhlouf dénonce cette perquisition et affirme que les députés d'Al Karama et lui-même sont « plus honorables que l'honneur et plus propres que la propreté ». Il affirme qu'ils ne sont pas en fuite, mais qu'ils refusent le putsch et qu'ils ne le reconnaitront jamais. « Nous refusons la levée de notre immunité parlementaire et la violation injustifiée de la constitution. Vous ne pouvez convaincre personne, ni avec l'article 80, ni avec l'article 800. (…) Vous voulez retirer notre unique arme dans notre travail de contrôle parlementaire, afin de nous faire coller l'accusation de complot contre l'Etat et voulez qu'on acquiesce et qu'on vous tende nos cous ? Ca ne va pas ?! ».
Le député a ensuite adouci son discours en évoquant Allah et sa punition sévère le jour du jugement dernier appelant Kaïs Saïed à se conformer à ses lois. Il s'est repris au paragraphe suivant en l'interrogeant sur ce qu'il va dire le jour où il sera devant la justice quand le putsch échouera. Il a conclu son post en invitant le président de la République à craindre la colère divine et à reprendre le chemin de Dieu, autrement il va devoir affronter, le jour du jugement dernier, les rangs des innocents, à leur tête Mohamed Affes et sa famille.
Cinq députés d'Al Karama font l'objet depuis quelques jours de mandats de recherche émis par le tribunal militaire de Tunis. Ils sont impliqués dans l'affaire de l'aéroport lorsqu'ils se sont attaqués, en mars dernier, aux agents de la police des frontières de l'aéroport Tunis-Carthage. Ils ont essayé de les forcer à faire voyager une femme fichée S17, suspecte d'être impliquée dans une affaire terroriste.
Plusieurs députés d'Al Karama ont des affaires pendantes devant la justice, mais qui n'ont pas pu être instruites à cause de l'immunité parlementaire, bien que celle-ci ne couvre théoriquement que le travail parlementaire. Seïf Eddine Makhlouf est poursuivi pour différentes agressions contre la députée Abir Moussi et un magistrat. Il est également soupçonné de fraude fiscale et a eu un redressement de quelque 260.000 dinars. Mohamed Affes est poursuivi pour avoir incité les jeunes à voyager en Syrie faire le djihad à côté de Daech, à l'époque où il était imam à Sfax.
Maher Zid fait l'objet de plusieurs condamnations à de la prison ferme, mais toutes ont été suspendues vu qu'il est devenu député bénéficiant de l'immunité. Le 25 juillet dernier, le président de la République a décidé unilatéralement de faire lever cette immunité parlementaire et a invité la justice à faire son travail pour poursuivre tous les députés se cachant derrière cette immunité, pour échapper à des délits et des crimes de droit commun.