Invité de Hdith Essa3a sur Express FM, le professeur de droit constitutionnel, Slim Laghmani, a signalé, vendredi 17 septembre 2021, que nul ne pourrait se substituer au peuple même en réunissant légitimité et légalité. Expliquant ces deux notions, il a avancé que cela ne serait possible qu'en un seul cas de figure ; celui selon lequel « la personne qui jouit de légitimité et de légalité est considérée comme étant le peuple ». « Le peuple c'est moi est synonyme de dictature » , a-t-il ajouté.
Interpellé sur la possibilité – pour les ennemis de Kaïs Saïed – de renverser la table, il a affirmé que la destitution du président de la République était impossible constitutionnellement parlant que cela implique le recours à l'article 145 dont l'application requiert l'existence d'une cour constitutionnelle.
Evoquant la révision de la Constitution – qu'il considère inconstitutionnelle – Slim Laghmani a relevé un paralogisme avancé par certaines personnes qui appuient l'élaboration d'une nouvelle constitution en comparant cette mesure au référendum constitutionnel français de 1958 dirigé par Charles De Gaulle. Il a expliqué, dans ce sens, que contrairement à Kaïs Saïed, le dirigeant français avait été habilité par l'Assemblée nationale via une loi constitutionnelle.
« Ce lien doit être maintenu. La continuité de l'Etat est un principe fondamental. On ne peut en un mois (tout faire disparaître). S'il n'y a plus rien c'est que toi aussi tu n'es plus. Tu es président sur quelle base ? », a-t-il lancé en référence à Kaïs Saïed.
Slim Laghmani a déploré, par ailleurs, le non-aboutissement des décisions de Kaïs Saïed au sujet du Parlement précisant que des décisions judiciaires auraient dû être prises pour assainir l'Assemblée surtout que certains députés sont accusés de corruption et d'autres de terrorisme.
Interrogé sur ce qui aurait poussé Kaïs Saïed à geler les travaux du Parlement pour ensuite faire du sur place quant à l'assainissement de cette institution, le professeur de droit constitutionnel a expliqué que cette décision était motivée par le projet même que le chef d'Etat a en tête. « La stratégie est de mettre une place un Exécutif monocéphale et un Législatif d'une composition complètement différente de l'actuelle », a-t-il fait savoir avant d'ajouter : « Les anges n'existent pas sur terre ».
Revenant sur la théorie selon laquelle la Constitution serait à l'origine de la crise dans le pays, Slim Laghmani a assuré qu'il n'en était rien. « Certes, il y a des choses qui devraient être amendées tels que les articles sur le régime politique (…) Notre crise est une crise de culture politique et partisane, de comportement individuel, de corruption, d'organisations politiques qui ne sont pas démocratiques », a-t-il martelé.
A la question sur sa vision de la sortie de crise, le professeur de droit constitutionnel a indiqué que cela passerait d'abord par des élections législatives anticipées qui permettraient de trouver de nouveaux équilibres politiques au sein du Parlement pour ensuite engager un projet constitutionnel.