Le juriste et ancien président de la Haute instance de protection des objectifs de la révolution tunisienne, Yadh Ben Achour, a signalé, samedi 25 septembre 2021, que le projet de Kaïs Saïed ne résoudrait pas les problèmes de la Tunisie, en référence à la crise économique. Invité de l'émission « Internationales », sur TV5 Monde, il a déclaré : « L'Etat est actuellement en train de s'engager dans des réformes qui ont surtout un caractère juridique et constitutionnel (…) une organisation provisoire des pouvoirs qui ne dit pas son nom (…) d'ailleurs ce n'est même pas provisoire car on ne connait pas son terme, ce qui est anti constitutionnel. (…) Ça c'est du droit et de la politique. Je ne crois pas que ça va résoudre les véritables problèmes de la paupérisation du peuple tunisien (…) Ça ne va pas donner du pain aux affamés».
Revenant sur la suspension de la Constitution et son amendement souhaité par le chef de l'Etat, Yadh Ben Achour a dénoncé cette initiative. « Il y a un fonctionnement très difficile des pouvoirs publics mais c'est une constitution qui nous a quand même coûté très cher. C'est la constitution de la Révolution !». Il a signalé, dans ce même contexte, que Kaïs Saïed détenait tous les pouvoirs y compris législatif et judiciaire notant que gouverner par décret dont la valeur est supérieure à la Constitution est « ahurissant dans l'histoire du droit constitutionnel du monde entier ».
Mercredi, le président de la République a, rappelons-le, décrété un ensemble de nouvelles mesures incluant : - La suspension de tous les avantages et primes accordés aux parlementaires - La suspension des articles de la Constitution contraires aux mesures exceptionnelles, sauf le préambule et les deux chapitres premiers, - La suspension de l'Instance provisoire chargée du contrôle de la constitutionnalité des projets de loi, - L'amendement des articles liés aux réformes politiques en collaboration avec une commission qui sera nommée par décret présidentiel.