Le secrétaire général adjoint de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Abdelkrim Jrad, a rappelé que la contribution sociale solidaire de 1% du salaire avait été introduite par la Loi de finances de l'année 2018. « Elle vise à appuyer les caisses sociales déficitaires », a-t-il ajouté. « L'ensemble des acteurs se sont mis d'accord sur la diversification des moyens de financement des caisses sociales. Nous ne devons pas nous limiter aux personnes qui y sont affiliées », a-t-il insisté lors de son intervention du 28 septembre 2021 sur les ondes de la radio Express FM. Abdelkrim Jrad a, aussi, critiqué le manque de transparence à ce sujet de la part du ministère de Finances. Le syndicaliste a précisé que le ministère des Finances avait affirmé que le montant global de la contribution sociale solidaire avait atteint, en 2018, 200 MD. « Le ministère des Finances a dissimulé les chiffres relatifs à la contribution sociale solidaire. Or, nos études prouvent que le montant est bien supérieur à cela ! », s'est-il exclamé. Ainsi, le ministère n'aurait pas communiqué les chiffres concernant les contributions. Il aurait, selon ses dires, directement injecté les contributions dans son budget sans y attribuer un compte. « Nous nous y sommes opposés. Nous avons dû adresser une demande d'accès à l'information à la chargée de gestion du ministère. Si le ministère continue à dissimuler les chiffres, nous appellerons à la suspension de la contribution sociale solidaire ! », a-t-il affirmé. Par ailleurs, Abdelkrim Jrad a expliqué que la somme globale des contributions avait atteint 450 MD en 2019 et 460 MD en 2020. Elle devrait, selon les estimations, être aux alentours de 500 MD pour l'année 2021.
Par la suite, le secrétaire général adjoint de l'UGTT a critiqué l'octroi de l'ensemble des contributions à la Caisse Nationale de Retraite et de Prévoyance Sociale (CNRPS). Il a rappelé que la loi précise que la contribution sociale solidaire vise l'ensemble des caisses sociales. « Ainsi, le déficit de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a continué à s'aggraver. Il a atteint 700 MD en 2019 et 1100 MD en 2020 », a-t-il expliqué. Abdelkrim Jrad a expliqué que la Loi de finances de 2018 a seulement fixé la date du début d'application de la contribution sociale solidaire. Il n'a pas nié la possibilité d'y apporter certaines modifications. Le secrétaire général adjoint de l'UGTT a considéré ce mécanisme comme une première étape dans la diversification des ressources. « Il y a eu un accord pour l'introduction d'autres mesures similaires à chaque nouvelle Loi de finances », a-t-il poursuivi. Abdelkrim Jrad a souligné l'impact du vieillissement de la population, de la hausse du nombre des retraités et la suspension ou la limitation des recrutements sur les revenus des caisses sociales. « Le déséquilibre entre le grand nombre de retraités face à celui des personnes qui exercent a conduit à ces déficits. C'est pour cela que nous nous sommes orientés vers la contribution sociale solidaire qui concerne l'employé, l'employeur mais aussi les revenus des sociétés », a-t-il rappelé. Le syndicaliste a, également, rappelé que la CNRPS utilise les fonds de la Caisse Nationale d'Assurance Maladie (CNAM) pour verser les pensions de retraite. « Les dettes de la CNRPS et de la CNSS auprès de la CNAM ont atteint 6.000 MD. La CNAM traverse, également, une crise. Sa dette auprès du secteur de la santé publique a dépassé les 100 MD. La dette auprès de la Pharmacie Centrale est aux alentours de 400 Md. C'est ce qui a conduit à la pénurie de médicaments », a-t-il ajouté. Au sujet de la situation sociale en Tunisie, Abdelkrim Jrad a considéré qu'elle était en suspens jusqu'à la désignation d'un nouveau gouvernement. « La situation pourrait exploser à chaque instant… Nous ne pouvons pas encore formuler d'attentes car la situation est floue ! Nous ne voyons pas d'autres solutions autres que le dialogue… Un seul acteur politique ne peut pas à lui seul décider ! », a-t-il affirmé.