Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu, ce samedi 9 octobre 2021, le chargé de la direction du ministère de l'Intérieur, Ridha Gharsallaoui, à Carthage. « Je tiens d'abord à remercier les forces de sécurité pour le travail qu'elles font durant cette période historique que traverse la Tunisie. Pour les efforts consentis pour le maintien de l'ordre et la préservation des droits et libertés contrairement à ce qu'ils prétendent et contrairement à ce qu'ils planifient depuis l'étranger. Ce matin l'un d'eux a appelé un pays étranger à intervenir, peut-être qu'il pense que Jules Ferry est encore en vie » a déclaré le chef de l'Etat en référence à l'appel lancé aujourd'hui par l'ancien président Moncef Marzouki depuis Paris.
Il a souligné que des parties œuvrent contre l'Etat à chaque occasion qui se présente, « comme s'il s'agissait d'une question personnelle et pas de l'Etat tunisien ». Il a ajouté que pour lui, il est question du peuple, de l'Etat et de la réalisation des aspirations des Tunisiens.
En réponse à ceux qui critiquent le recours à la justice militaire pour traiter d'affaires engageant des civils, le chef de l'Etat a affirmé que certaines des affaires renvoyées devant le Tribunal militaire, ont été jugées depuis 2018, soulignant que ces affaires relèvent légalement de la compétence du Tribunal militaire.
« Nous sommes plus désireux qu'eux de faire respecter la loi et de protéger les droits et libertés, il y a ceux qui seront déférés à une justice juste et indépendante et pas comme ils disent, mentent et conspirent contre leur pays afin de régler des comptes avec le chef de l'Etat. Je n'ai pas de comptes avec eux et je ne leur accorde aucune importance. Le 3 octobre était le jour de la lapidation des démons, le grand Satan, le moyen Satan et le petit Satan. N'en ont-ils pas assez vu, comment les citoyens sont venus même de l'extérieur de la Tunisie avec leurs moyens et non avec l'argent distribué » a-t-il poursuivi.
Kaïs Saïed est revenu sur les Tunisiens résidant à l'étranger qui ont manifesté ce matin à Paris, contre les mesures qu'il a prises, estimant que l'ancien président Moncef Marzouki, qui a participé à cette manifestation et les hommes politiques qui l'accompagnaient, visaient à contrecarrer le Sommet de la Francophonie.
« Avons-nous interféré dans les affaires d'autres pays ? C'est l'affaire du peuple et de la souveraineté du peuple, et ils doivent se rappeler, s'ils en sont capables, que le peuple les a honnis. Je leur dis franchement et clairement, nous avons des lance-roquettes légaux, nous n'avons jamais dérogé à la loi qui exprime la volonté populaire et la souveraineté de notre peuple, et nous n'acceptons d'être sous la tutelle de personne » a-t-il ajouté.
Kaïs Saïed a assuré que le gouvernement sera formé dans les heures qui viennent et que sa composition sera incessamment annoncée soulignant la nécessité que le pouvoir judiciaire joue pleinement son rôle à ce stade historique et notant que tous les juges ne sont pas corrompus, "mais il y a un déni du pouvoir judiciaire".
Le président a annoncé que les prochaines échéances seront annoncées dans le cadre du dialogue qu'il lancera avec le peuple tunisien et avec les représentants des jeunes dans les régions en particulier.
Kaïs Saïed a critiqué la notation souveraine de la Tunisie, s'interrogeant sur le sort de l'argent dépensé avec la reconnaissance des grandes institutions internationales. « Quand 21% du PIB du pays était détenu par une seule famille, on envoyait des cartes de félicitations après chaque élection, sachant qu'il s'agissait d'élections tronquées. Il n'y a qu'un seul lobby et il y a ceux qui jouent apparemment le rôle de défendre les intérêts personnels des lobbies. C'est fini et nous allons vers une nouvelle étape dans l'histoire de la Tunisie, où la souveraineté est au peuple et où la souveraineté de l'Etat n'est pas à vendre aux enchères ou dans la bourse des instituions qu'on dit donatrices. Nous coopérons avec ces parties mais elles doivent respecter notre souveraineté » a-t-il déclaré.