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C'était le 23 octobre 2011
Publié dans Business News le 30 - 12 - 2021

Kamel Jendoubi, La Tunisie vote. Récit d'un acteur engagé, Tunis, Nirvana, 2021.
Dans Capitalisme socialisme et démocratie (1942), Joseph Schumpeter définit la démocratie par la procédure : la désignation et la révocation des dirigeants politiques par le vote populaire, à la suite d'une lutte concurrentielle entre candidats. En dépit de toutes les critiques adressées à cette approche minimaliste de la démocratie, on se rend compte à la lecture de La Tunisie vote de Kamel Jendoubi combien c'était difficile de parvenir à des élections libres, transparentes et loyales en octobre 2011, quasiment les premières depuis les élections de l'Assemblée constituante (1956) qui se sont déroulées « dans un climat de relative liberté », écrit l'auteur. Le livre vient à point nommé à l'heure où des voix s'élèvent pour contester le principe du vote ou les modifier à leur guise. Raconter le déroulement du scrutin n'est pas chose aisée, de la naissance de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) à la proclamation des résultats. La matière est rebutante et le déroulé scénique linéaire. Pourtant l'auteur a su insuffler une vie à un processus qui donnait l'impression d'être purement technique. Le ton est personnel. Le sous-titre du livre à lui seul est parlant : Récit d'un acteur engagé.
Et d'abord la création d'une instance indépendante qui supervise des élections. L'idée vient de loin, de la lettre d'Ahmed Tlili (1966) à l'opposition libérale à Bourguiba dans les années soixante-dix du XXe siècle. Quant à l'ISIE, proprement dite, elle émane au vote de l'ISOR (Instance supérieure pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique). Et son président, un primus inter pares élu par le conseil de l'ISIE. Kamel est élu au score le plus élevé en tant que membre et à 12 voix sur 15 en tant que président. Nous sommes en mai 2011. Il fallait faire vite. A partir de ce moment, le livre est un document d'archives, un récit circonstancié de cette marche accélérée vers les élections. De son report des mois de juillet à octobre, à la mise en place de l'administration électorale centrale et régionale (les IRIE : Instances Régionales Indépendantes Electorales). Ensuite, le processus électoral proprement dit qui va de l'inscription des citoyens sur les listes électorales au jour « J », en passant par la campagne électorale. C'est à ce niveau que l'auteur répond à des critiques malveillantes. C'est l'ISOR qui a fixé le mode de scrutin (la représentation proportionnelle) et les cas d'inéligibilité des personnes ayant assumé des responsabilités au sein du Rassemblement Constitutionnel Destourien ou ayant appelé Ben Ali à briguer un mandat pour 2014 (article 15 du décret-loi 2011-35). Kamel s'est abstenu lors du vote de l'article 15. Les infractions aux règles fixant les compagnes électorales ont été nombreuses notamment l'instrumentalisation par des imams des lieux de culte (mais que faire en l'absence à l'époque de sanctions prévues par la loi). On a donné peu de moyens à l'ISIE. Elle a accompli un travail de Titans. Le jour « J », Kamel en parle avec émotion. C'était le 23 octobre 2011. A huit heures du matin, La Tunisie vote dans des élections « libres, directes et secrètes ». Nul ne douta de la validité du scrutin. « Ils ont voté… et après », fredonne Léo Ferré.

Enfin, les « lendemains de fête », la partie la plus passionnante du livre. Elle est triste, la fête. Les islamistes emportent le scrutin. Ils veulent plus. Saborder l'ISIE pour en créer une nouvelle, à leur solde. L'Organisation provisoire des pouvoirs publics (décembre 2011) prévoit la création d'une ISIE dont les membres seront élus par la constituante dominée par les islamistes. La loi est votée en 2012. Mais l'ISIE version 2.0 ne verra le jour qu'en janvier 2014, près de 26 mois après les élections de l'ANC. Et dans le cadre du Dialogue national. Etonnant non ! Entre temps, les vainqueurs multiplient les vexations. Ils coupent les vivres et s'emparent des locaux. Ils poussent le cynisme jusqu'à organiser une cérémonie de clôture. Une campagne de dénigrement est orchestrée. Des accusations de népotisme et de malversations financières sont proférées à l'encontre de son président et puis une procédure d'investigation est engagée par la Cour des Comptes. Comble des combles, on douta des résultats des élections. Or, les P.V. scannés, par bureau de vote, sont publiés sur le site de l'ISIE. Ils sont supprimés du site le 14 février 2014 ! Kamel se bat. Il écrit aux principaux concernés, ces messieurs de la Troïka. Il demande à les rencontrer. Il propose un projet de loi. Il répond point par point aux accusations mensongères. « En clair, l'ISIE s'est trouvée abandonnée, voire trahie », dit-il, y compris par les siens, les uns alliés d'Ennahdha, les autres mauvais perdants. Pourvu que cela serve de leçon.
Fin du récit ? Nullement. Kamel fait une « mise au point » de 34 pages, un livre dans le livre. Il fallait bien répondre mais pour de bon à la question de la légitimité : qui est cet inconnu venu d'ailleurs qui joue les premiers rôles ? Un militant de « la gauche civile », comme il aime à le rappeler. Il ajoute : « agnostique ». Kamel se livre. Il déroule son parcours riche de faits d'armes, de l'agitation estudiantine dans les années soixante-dix à l'expérience gouvernementale (ministre au gouvernement Essid, 2015-2016), en passant par la case « Choola » (journal d'extrême gauche clandestine) (1974-1978). Il égrène les souvenirs. Ce ne sont fort heureusement pas des Mémoires de poche. L'homme est encore déterminé à « s'opposer aux forces rétrogrades, religieuses comme séculières ».


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