Le secrétaire général adjoint et porte-parole de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Sami Tahri, a commenté, mardi 4 janvier 2022, l'arrestation du dirigeant nahdhaoui, Noureddine Bhiri, laissant entendre que le mouvement islamiste a maintenu le décret de 1978 pour l'utiliser contre ses ennemis. L'ancien ministre de la Justice a, rappelons-le, été arrêté et assigné à résidence dans un lieu autre que son domicile, le 31 décembre 2021, sur la base du décret n° 78-50 du 26 janvier 1978, réglementant l'état d'urgence. Son article 5 stipule : « Le Ministre de l'Intérieur peut prononcer l'assignation à résidence dans une circonscription territoriale ou une localité déterminée, de toute personne, résidant dans une des zones prévues à l'article 2 dont l'activité s'avère dangereuse pour la sécurité et l'ordre public desdites zones ».
Rappelant que ce décret a été émis par l'ancien président de la République, Habib Bourguiba, dans des circonstances particulières – la grève générale du 26 janvier 1978 – Sami Tahri a signalé que le mouvement islamiste n'avait exprimé aucune opposition contre cette mesure et avait même béni les arrestations et les abus commis alors. Il a ajouté qu'Ennahdha avait, ensuite, accédé au pouvoir pendant dix ans et n'avait jamais cherché à amender ce décret dans l'objectif de l'utiliser contre ses ennemis. « Les droits ne peuvent être subdivisés », a-t-il noté, sur sa page Facebook.
Noureddine Bhiri – actuellement à l'hôpital Habib Bougatfa à Bizerte – a été interpellé dans le cadre d'une affaire d'octroi illégal de passeports et de certificats de nationalité. Selon le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, certains certificats de nationalité ont été accordés à une date antérieure à l'obtention d'un extrait de naissance. Des personnes de parents de nationalités étrangères ont, également, eu de la même façon, la nationalité tunisienne. L'instruction est en cours et les détails seront révélés ultérieurement, a affirmé le ministre de l'Intérieur promettant « beaucoup de surprises », lors d'un point de presse tenu dans la soirée de lundi 3 janvier 2022.