Le président de la République, Kaïs Saïed, aurait en tête un modèle de gouvernance politique proche du système de Velayet-e faqih appliqué en Iran depuis l'ascension de l'ayatollah Rouhollah Khomeini à l'aube de la Révolution iranienne en 1979. C'est ce qu'a déclaré le député indépendant Hatem Mliki au micro de Myriam Belkhadi sur Shems FM, mardi 25 janvier 2022. Il a évoqué, dans ce sens, la gouvernance par les bases – appliquée en Iran via les conseils locaux – les tribunaux spéciaux que le chef de l'Etat tend à établir via son décret sur la réconciliation pénale et qui ressemblent de ce fait aux tribunaux révolutionnaires iraniens, et enfin son entreprise juilletiste et le décret 117 par lequel il s'est accaparé une partie des pouvoirs. Reste encore, en l'occurrence, le pouvoir judiciaire sur lequel le chef de l'Etat n'a pas encore mis la main.
Dans ce même contexte, Hatem Mliki a relevé l'existence d'une querelle au Palais de Carthage entre trois voix : celle qui appelle à la raison et considère périlleuse l'entreprise de Kaïs Saïed, celle qui veut mettre la main sur l'Etat et tirer profit de son arrivée au sommet de l'échelle, et enfin celle qui compte des proches et de la famille qui cherchent à influencer le président.
La démission de la cheffe de cabinet présidentiel, Nadia Akacha, en est, d'ailleurs, une manifestation selon le député. Il a ajouté, dans ce sens, que celle-ci devrait communiquer grosso-modo les points de divergences qui ont motivé sa démission afin d'éviter d'alimenter davantage les rumeurs et les préoccupations autour de ce qu'il se passe à Carthage.
Interrogé sur sa vision pour une éventuelle sortie de crise, Hatem Mliki s'est rangé du côté de la Centrale syndicale soulignant que le président de la République aurait dû adopter la feuille de route proposée par l'UGTT surtout que celle-ci a placé l'économie et le social en tête de ses priorités pour ensuite se pencher sur le politique et réfléchir aux réformes à engager sur le système politique et le code électoral dans le cadre d'un dialogue. « Ce n'est pas aux politiciens de fixer les règles du jeu auxquels ils devraient participer », a-t-il avancé notant que l'Union générale tunisienne du travail et les organisations nationales sont capables de proposer des réformes dans ce sens.