Invité de Hatem Ben Amara dans l'émission Yaoum Saïd du mardi 25 janvier 2022 sur la Radio nationale, l'ancien ministre de la Santé et dirigeant démissionnaire d'Ennahdha, Abdellatif Mekki, a accusé le chef de l'Etat, Kaïs Saïed d'avoir inversé les priorités au profit de son entreprise juilletiste. « Il a écarté le dossier économique qui était en tête des priorités pour faire passer son projet », a-t-il affirmé avant d'ajouter que le président de la République a commis plusieurs erreurs en gelant le Parlement et en fermant l'Instance nationale de lutte contre la corruption, entre autres. « Viendra ensuite le tour du Conseil supérieur de la magistrature et celui de l'Isie », a-t-il ajouté rappelant que l'Instance supérieure indépendante pour les élections n'a été impliquée dans le projet de la consultation nationale ; un projet que Kaïs Saïed mène sur le dos des contribuables.
Selon Abdellatif Mekki, le chef de l'Etat a brisé les acquis de la Révolution, notamment le Parlement, assurant que Kaïs Saïed s'est servi du chaos qui sévissait dans l'hémicycle pour envenimer la crise et enclencher ensuite la machine juilletiste. « Tous les faits et gestes de Kaïs Saïed devraient être relus sous un autre angle. L'homme avait un projet, il ne faisait que simuler et envenimer la situation pour trouver un prétexte à son coup d'Etat », a-t-il avancé. L'ancien ministre a indiqué, dans ce même contexte, que le président de la République avait failli aux devoirs que le peuple lui a conféré à travers la constitution et avait mis de côté ses prérogatives les plus importantes – veiller à la sécurité nationale, notamment, pour tracer un calendrier personnel dont « la Tunisie ne tirera point de bien ». « Ce projet vise à une instaurer une autocratie dans laquelle toutes les institutions seront marginalisées. Kaïs Saïed se considère infaillible. C'est à lui de montrer le chemin que nous devrons suivre ».
Interpellé sur l'affaire Noureddine Bhiri, l'ancien dirigeant nahdhaoui a signalé que l'ordre de « kidnapper » l'ancien ministre de la Justice venait de Carthage et que le ministère de l'Intérieur n'avait fait que couvrir cet enlèvement en annonçant l'assignation à résidence de Noureddine Bhiri. « Il y a des lobbies à Carthage qui œuvrent pour l'intérêt du président. La démission de la cheffe de cabinet présidentiel Nadia Akacha est d'ailleurs l'un des résultats de ces manœuvres », a-t-il avancé soulignant que ces mêmes lobbies ont souhaité placer Rached Ghannouchi en résidence surveillée sauf que Kaïs Saïed s'y est opposé.