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Paris, refuge des politiciens tunisiens fuyant la justice de Saïed
Publié dans Business News le 23 - 02 - 2022

Que faire quand vous êtes une ex personnalité politique, que vous ne faites pas confiance à la justice et que vous subissez une cabale sur les réseaux sociaux de votre pays ? Fuir à Paris. La capitale française reste le premier refuge des hommes et femmes politiques tunisiens fuyant l'air nauséabond qui plombe Tunis.
Après s'être arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, le président Kaïs Saïed a fait main basse sur l'appareil judiciaire en dissolvant le Conseil supérieur de la magistrature le 6 février 2022. Le 25 juillet, il a fait placer un char de l'armée devant la porte de l'assemblée. Le 6 juillet, son ministre de l'Intérieur a mobilisé quelque trois cents agents devant le siège de la plus haute instance judiciaire.
Entre les deux dates, il a fait interdire de voyage plusieurs personnalités politiques et en a fait arrêter d'autres, dont certaines qui croupissent encore en prison. D'autres ont été assignées à résidence pendant plus d'un mois sans savoir pourquoi et sans aucune poursuite judiciaire. D'autres encore ont été condamnées à des peines légères, alors qu'elles étaient poursuivies pour de très graves faits. Des exemples ? Il y en a à la pelle.
Pour les assignés à résidence, sans motif et sans poursuite judiciaire, on peut citer les conseillers de l'ancien chef du gouvernement Youssef Chahed, Lotfi Ben Sassi, Belhassen Ben Amor et Mofdi Mseddi. Egalement, l'ancien président de l'Instance de lutte contre la corruption, Chawki Tabib et l'ancien ministre Anouar Maârouf. On a levé, du jour au lendemain, leurs assignation à résidence, sans explication aucune. Le cas le plus emblématique est celui de l'ancien ministre de la Justice, Noureddine Bhiri détenu depuis le 31 décembre. Le ministre de l'Intérieur a organisé un point de presse pour affirmer qu'il est impliqué dans une affaire terroriste et de falsification de passeports et qu'il a été obligé de l'assigner à résidence, le temps que la justice bouge. Cela fait plus de sept semaines que le bonhomme est détenu et il n'y a encore aucun magistrat qui a trouvé un motif valable pour émettre un mandat de dépôt, ni même pour l'interroger.

Pour les personnes poursuivies en justice, les cas les plus emblématiques sont ceux de l'ancien ministre de l'Agriculture Samir Taïeb et l'ancien ministre des Droits de l'Homme, Mehdi Ben Gharbia. On ignore si les juges s'occupant de leurs affaires ont subi des pressions ou s'ils ont agi de manière indépendante, mais ils ont émis des mandats de dépôt à leur encontre. Après plus d'un mois en prison, M. Taïeb a été libéré. Son dossier était vide. Le juge instruisant l'affaire de M. Ben Gharbia a également décidé la libération du prévenu après plus de trois mois de détention. Sauf que le parquet s'est opposé à la décision afin de faire garder l'ancien ministre en prison. Il le demeure encore, malgré le scandale qu'a fait éclater son comité de défense, affirmant que le procureur chargé de l'affaire a joué avec le dossier en cachant des éléments à décharge, afin de maintenir M. Ben Gharbia en prison. Signalons au passage que Mehdi Ben Gharbia a subi une tentative de racket de 50.000 dinars (16.000€) de la part de personnes réputées proches de l'entourage du président de la République. Le comité de défense a bel et bien déposé une plainte à ce sujet, mais le dossier traine encore.
Autre cas, celui du député islamiste radical Seïf Eddine Makhlouf. Il était poursuivi pour outrage à magistrat et complot contre l'Etat. Théoriquement, il encourt jusqu'à la peine capitale et, au minimum, deux ans de prison. La cour militaire qui le poursuivait (alors qu'il est civil) a décidé cependant d'être clémente en prononçant six mois de prison assortis d'un sursis.

Avec tous ces couacs, c'est devenu une évidence, on ne peut plus faire confiance à la justice tunisienne. Elle est officiellement sous les ordres du pouvoir exécutif. Si nombre de magistrats sont des intéressés et cherchent à plaire au nouveau dictateur tunisien, d'autres ont les pieds et les mains liés.
Ce climat a poussé plusieurs personnalités politiques à quitter le pays vers la France ou à y rester si elles y sont déjà. Non pas parce qu'elles ont quelque chose à se reprocher, mais parce qu'elles sont persuadées que leur tour va venir. Ces personnes subissent déjà les pire rumeurs et invectives sur les réseaux sociaux de la part des aficionados du président Saïed et savent que ce dernier est très sensible à ce genre de racontars.

Moncef Marzouki : l'ancien président de la République (2011-2013) réside à Paris depuis des années. Il y est et il va y rester. S'il rentre à Tunis, il sera arrêté tout de suite, puisque condamné, par contumace, à quatre ans de prison. Son « crime » ? Avoir demandé à la France de ne pas soutenir la dictature et œuvré à ce que le Sommet de la francophonie ne se déroule pas à Tunis.

Youssef Chahed : ancien chef du gouvernement, président du parti « Tahya Tounes », il est parti à Paris au début de l'hiver. Il y était, pourtant, en été et est rentré à Tunis bien après le putsch du 25 juillet. Après les assignations à résidence touchant son entourage, vu qu'il y a des plaintes judiciaires contre lui, vu la détention de deux de ses ministres et vu les folles rumeurs le touchant sur les réseaux sociaux, Youssef Chahed a préféré revenir en France. Binational, l'ancien chef du gouvernement donne des conférences payantes un peu partout en Europe.

Mehdi Jomâa : ancien chef du gouvernement en 2014, candidat à la présidentielle de 2019, Mehdi Jomâa subit depuis des années le vomi des réseaux sociaux qui l'accusent de tout et de rien.
Après son maigre résultat aux élections, il a préféré quitter la Tunisie et revenir vers Paris qu'il a quittée en 2013. Binational comme Youssef Chahed, il est revenu au monde des affaires.

Nadia Akacha : cheffe de cabinet toute puissante du président Kaïs Saïed, Mme Akacha a été officiellement limogée le 24 janvier dernier (réellement, elle a démissionné). Elle a subi les invectives des proches de Saïed le jour même de son départ, aussi bien sur les réseaux sociaux que les médias.
Malgré des rumeurs prétendant qu'elle est interdite de voyage, Mme Akacha a pu partir vers Paris la semaine dernière. Elle est accompagnée de sa mère et de son frère, lui-même accompagné de sa petite famille.

Mofdi Mseddi : journaliste, ancien secrétaire d'Etat chargé de la communication de trois chefs du gouvernement (Mehdi Jomâa, Youssef Chahed et Hichem Mechichi) et ancien directeur de la communication de l'ancien président de l'assemblée, Mustapha Ben Jaâfar.
Il a été interdit de voyage et assigné à résidence au lendemain du coup d'Etat. Personne ne sait pourquoi, le bonhomme jouit d'une excellente réputation auprès de la majorité de ses pairs. Ce n'est cependant pas l'avis de quelques pages Facebook défendant Kaïs Saïed, celles-là mêmes qui ont tenté de racketter l'ancien ministre Mehdi Ben Gharbia.
Après la levée de son assignation à résidence et l'interdiction de voyage, il est rapidement parti vers Paris où résident sa mère et ses deux enfants étudiants.

Hafedh Caïd Essebsi : le fils de l'ancien président de la République Béji Caïd Essebsi est parti à Paris depuis des années, bien avant le putsch du 25 juillet. Il a préféré éviter tout tracas judiciaire, après avoir été poursuivi par un certain nombre de ses pairs. Il n'a même pas pris le risque de rentrer à Tunis après le décès de sa mère.

Yassine Ayari : député gelé depuis le 25 juillet, il était le premier à subir les affres de la justice post-putsch. La police débarque à son domicile en grand nombre pour l'arrêter brutalement. Il passe près de deux mois en prison pour une vieille affaire de diffamation sur les réseaux sociaux. Il a pourtant nié que le compte Facebook lui appartenait et le parquet n'avait aucune preuve tangible de ce qu'il avançait, d'après son comité de défense.
Quelques semaines après sa libération, il est parti à Paris où il résidait avant son élection. Il devrait y rester un bon moment puisqu'il risque d'être arrêté s'il rentre à Tunis. Il a été condamné par contumace la semaine dernière à dix mois de prison. Ce qu'on lui reproche ? Ses posts Facebook dénonçant le coup d'Etat du 25 juillet.

Bechr Chebbi : ce sulfureux député du parti islamiste d'Ennahdha sait qu'il a des casseroles et que la machine judiciaire allait le rattraper. Il n'a pas eu tort de quitter le pays très rapidement après le 25 juillet. Il a été condamné à huit mois de prison ferme par une cour militaire.

Oussama Khelifi : ce député, ancien président du bloc du parti Qalb Tounes, figure parmi les opposants les plus farouches au président Kaïs Saïed. Il était déjà en France quand le putsch a eu lieu. Par prudence, il a préféré y rester et ne pas prendre de risque. Il n'a toutefois aucune poursuite judiciaire connue à ce jour.
Maher Medhioub : député du parti islamiste Ennahdha, ancien porte-parole du parlement, il est entre Paris, Doha et Washington. Aucune poursuite judiciaire connue à son encontre. Il fait actuellement le lobbying pour plaider la cause de la démocratie tunisienne confisquée.

Ghazi Karoui : député du parti « Qalb Tounes », il est poursuivi dans une affaire de blanchiment d'argent. Une affaire montée de toutes pièces, d'après lui, et il dément catégoriquement, preuves à l'appui, avoir fait quoi que ce soit de répréhensible. Sachant pertinemment qu'il est dans le viseur de la présidence et suspectant être interdit de voyage, il a traversé les frontières clandestinement vers l'Algérie où il a été arrêté avec son frère Nabil. Après quelques semaines en prison, entre Alger et Annaba, ils ont été libérés alors qu'il y a un mandat d'amener international émis contre eux par la Tunisie. Ils ont rejoint la France via l'Espagne où ils résident actuellement.

Nabil Karoui : président du parti Qalb Tounes, patron de la chaîne Nessma et ancien candidat au deuxième tour de la dernière présidentielle. Il subit, depuis des années, les rumeurs les plus folles. Il est considéré, à tort ou à raison, comme l'un des plus grands corrompus du pays. Lui, il a toujours clamé son innocence. Après un long séjour en prison et une instruction éreintante de plusieurs mois, le juge chargé de son dossier n'a pas réussi à réunir suffisamment de preuves justifiant son maintien en prison au-delà des délais légaux de quatorze mois. Il était à l'étranger au moment du putsch et aurait pu y rester. Il a cependant choisi de rentrer en Tunisie, considérant qu'il n'avait pas à fuir la justice puisqu'il estime n'avoir rien fait de répréhensible.
Après les assignations à résidence et les arrestations abusives dont ont été victimes plusieurs personnalités politiques, il a décidé de quitter le pays avec son frère Ghazi.

On notera que cette liste n'est pas exhaustive et qu'il y a plusieurs autres personnalités politiques, notamment islamistes, qui résident actuellement à l'étranger, aussi bien en France qu'ailleurs.


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