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Kaïs Saïed toujours à la recherche de la perle rare
Publié dans Business News le 06 - 08 - 2021

Près de deux semaines depuis l'annonce du limogeage du chef du gouvernement, le président Kaïs Saïed n'a toujours pas désigné un successeur à Hichem Mechichi.
En l'absence de porte-parole de la présidence de la République, ou même d'un responsable de la cellule de communication, le chef de l'Etat laisse libre cours à la rumeur.

Les noms d'un potentiel chef du gouvernement ne cessent de circuler ces derniers jours dans les coulisses politiques. Chaque semaine, on a un nouveau nom pour occuper le portefeuille de la Kasbah et exécuter les décisions historiques annoncées le 25 juillet 2021 et fortement applaudies par les Tunisiens.
Parmi ces noms, on a entendu parler de Thouraya Jeribi, ancienne ministre de la Justice, Marouen Abassi, actuel gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Nizar Yaïche, ancien ministre des Finances, Taoufik Charfeddine, ancien ministre de l'Intérieur, Hakim Ben Hammouda, ancien ministre des Finances, Nadia Akacha, actuelle cheffe du cabinet du président de la République et la liste n'est pas complète.
Le choix du nom reflète le programme qu'il y a derrière. Si c'est Mme Jeribi, c'est que le président cherche en priorité à assainir la justice et à mettre hors jeu les magistrats corrompus et les corrompus tout court. Si c'est M. Yaïche ou M. Ben Hammouda, c'est qu'il cherche à redresser l'économie. Si c'est M. Charfeddine ou Mme Akacha, c'est que sa priorité est de nommer une personne qui lui est loyale et capable d'exécuter, sans discuter, ses ordres.

Le souci est que cette nomination tarde un peu trop. Kaïs Saïed aurait dû nommer le successeur de Hichem Mechichi le jour même de son limogeage. Le lendemain ou le surlendemain, au plus tard. N'a-t-il pas dit lui-même, lors de son discours le fameux 25 juillet, que cette nomination est imminente ? Visiblement, nous n'avons pas tous la même définition de l'imminence.
Au palais de Carthage, et en dépit de la grosse difficulté que les journalistes rencontrent pour obtenir des informations, on sait que Kaïs Saïed est en train de recevoir différents hauts cadres du pays pour leur proposer le poste et leur expliquer son programme. Sauf que Kaïs Saïed n'est pas réputé pour être fort en castings et il en a pris conscience. Il a juste peur de se tromper dans le choix du nom du chef du gouvernement, puisqu'il sait qu'il s'est trompé par le passé. C'est bien lui qui a choisi Elyes Fakhfakh, c'est bien lui et lui tout seul qui a choisi Hichem Mechichi et c'est encore lui qui a choisi des ministres qui ont brillé par leur incompétence, à l'instar de Faouzi Mehdi ou Walid Zidi. C'est aussi lui qui a choisi un certain nombre d'ambassadeurs qu'il a lui-même limogé quelques mois après leur nomination.
Du coup, pour cette fois, Kaïs Saïed préfère prendre tout son temps avant de dévoiler le nom du futur locataire de la Kasbah.

Son « cahier des charges » est assez complexe, car le candidat doit cocher plusieurs cases. La première d'entre elles est qu'il ne soit ni islamiste ni RCDiste. Il doit les honnir tous les deux. Il ne doit pas être mêlé, ni de près ni de loin au monde des affaires qui, pour lui, est synonyme de corruption ou, au mieux, de sombres magouilles. Le candidat doit également être intelligent, ayant un carnet d'adresses national et international fourni, capable de travailler (comme lui) plus de quatorze heures par jour, et fort compétent dans son domaine. Un candidat capable de redresser l'économie du pays, d'assainir les appareils sécuritaire et judiciaire, d'en finir avec la crise sanitaire, de déjouer tout complot terroriste, d'anticiper les coups fourrés que pourrait faire Ennahdha, notamment si le parti islamiste entend jouer la carte de la violence, de mettre en place un programme détaillé pour l'essor des régions, notamment les plus défavorisées, de limiter l'inflation et d'améliorer le pouvoir d'achat des Tunisiens. La qualité première de ce candidat doit être, d'abord et avant tout cela, la loyauté envers le président de la République. Il doit savoir bien écouter, dire « oui monsieur le président » et exécuter ses ordres.
Autre difficulté majeure : l'absence de perspective. La personne que le président chargera de ces mission ne saura pas pour combien de temps elle sera en place. L'horizon fixé à 30 jours par le président de la République est désormais hypothétique. Le prochain chef du gouvernement auara-t-il l'assurance, par le chef de l'Etat, de rester suffisamment longtemps à la Kasbah ? Si oui, faudra-t-il également obtenir la confiance du Parlement ?

Tout cela ressemble à une caricature et pourtant c'est bel et bien la vérité des quelques rares fuites qui nous parviennent du palais de Carthage. Aussi président de la République soit-il, Kaïs Saïed n'arrive pas encore à retirer son costume d'enseignant universitaire habitué à un amphi d'étudiants accrochés à ses lèvres qui ne discutent rien de ce qu'il leur inculque. Il estime que ses vis-à-vis doivent agir pareillement, ils écoutent et ils exécutent. Il a une certaine idée de la hiérarchie qui l'habite et que personne n'est capable de lui enlever.
Du coup, si l'on se tient à ce « cahier des charges » et à cette psyché du président, on est en mesure de nous interroger si le président de la République n'est pas en train de demander l'impossible. On ne parle plus d'oiseau rare, en effet, on parle de l'impossible, car il est difficile de croire qu'un candidat si compétent puisse obéir aveuglement aux ordres, parfois insensés, du président. Quand on a ce genre de compétences, on est forcément doté d'une forte personnalité, ce qui est incompatible avec un président-enseignant qui veut tout à la fois un compétent et un exécutant.
Force est de reconnaitre que les ordres présidentiels sont farfelus. Ainsi le cas quand il a reçu le président de la centrale patronale pour lui proposer une amnistie de 460 hommes d'affaires, ayant dérobé, d'après lui, quelque 13500 milliards (sans même préciser s'il parlait en dinars ou en millimes). Il ignorait tout simplement que la majorité de la liste des 460 qu'il a brandie a déjà régularisé sa situation. Il y en a même qui sont décédés. Pareil quand il a reçu les membres du Conseil supérieur de la magistrature pour leur demander de mettre la main sur les corrompus et d'écarter les magistrats suspects, en ignorant que l'on est en pleines vacances judiciaires et que le mot corrompu ne peut pas être prononcé la légère et qu'il est impératif qu'il y ait, au préalable, une véritable instruction judiciaire et un procès en bonne et due forme. Certaines des décisions présidentielles sont carrément illégales, au regard de la loi, et ne peuvent pas être appliquées dans un Etat de droit. Ainsi le cas des mandats d'amener émis à la va-vite le week-end dernier et sans respect des procédures. Le juge d'instruction a dû se rétracter rapidement après la grosse polémique enclenchée.
Cela frise carrément le ridicule quand on voit comment il a appelé le PDG de la Sonede pour lui demander de réduire les prix de l'eau. Le président ignore, tout juste, que les prix sont fixés par le ministère de l'Agriculture et obéissent à des facteurs multiples (du ressort d'un conseil de ministres) qui dépassent de très loin le PDG.
Idem quand il demande au département du Commerce de faire baisser les prix pour améliorer le pouvoir d'achat du consommateur, sans se rendre compte que cela va impacter inévitablement les producteurs non encore remis de la crise covid.
On rira volontiers après l'avoir entendu parler du coffre renfermant l'argent lors du limogeage de Ali Kooli, ministre des Finances.

Kaïs Saïed cherche sincèrement à sauver la Tunisie et les Tunisiens. Il travaille comme un forcené et ses yeux sont souvent cernés, nous témoignent des personnes qui l'ont approché ces derniers jours. Surfant sur sa grande popularité et les 87% de Tunisiens qui ont approuvé ses décisions du 25 juillet 2021, le président tient vraiment à ne pas décevoir son public. Du coup, il prend des décisions qu'il pense populaires sans se douter qu'elles sont populistes.
La perle rare qu'il cherche à nommer à la Kasbah doit donc épouser, à ses yeux, ce populisme et exécuter sans discuter. Or si c'est vraiment une personne compétente qui va être nommée, elle va forcément expliquer au président que telle décision est populiste, que l'autre est irréalisable et que l'autre va impacter d'autres secteurs et engendrer des conséquences négatives sur le pays.
Nous n'avons pas la certitude de l'information, mais nous sommes persuadés que certains des candidats reçus par Kaïs Saïed lui ont déjà fait remarquer que certains aspects de son programme sont irréalistes. Que les choses ne sont pas aussi faciles qu'il l'entend. Qu'il n'existe pas de boutons sur lesquels on appuie pour que les choses aillent mieux. Qu'il ne suffit pas de dire que X ou Y est corrompu pour le mettre en prison. Qu'il n'y a pas forcément une relation de cause à effet entre la réduction des prix et l'amélioration du niveau des Tunisiens.
En attendant de trouver la perle rare qui n'existe que dans sa tête, le président de la République multiplie les décisions rassurantes pour le grand public et qui donnent l'impression que le chef de l'Etat est en train d'agir.
Près de quinze jours après le 25 juillet, on doit se suffire de trois arrestations de députés, quelques réductions de prix, des interdictions de voyage et des assignations à résidence sans aucune base légale. La montagne a-t-elle accouché d'une souris ? Cela en a tout l'air, mais il est encore tôt pour avancer cet adage, la césarienne est encore en cours.


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