La Tunisie brille à Johannesburg : SOPAL récompensée pour son excellence Kaizen    2026 : dizaines de milliers d'emplois publics pour les Tunisiens    Jamila Boulakbèche et Isra Ben Taïeb remportent 2 médailles d'or aux Jeux de la Solidarité islamique 2025    Tunis : quatre filles arrêtées pour agression devant un lycée    Omra 2025 : Attention aux agences non autorisées !    Hafedh Chekir: S'alarmer ou s'adapter face à la baisse de la natalité ?    Météo en Tunisie : temps peu nuageux, températures stationnaires    Foued Kacem devient le nouveau président de l'Etoile du Sahel    Belhassen Trabelsi échappe encore à la justice tunisienne    State of Play Japan : toutes les nouveautés et annonces Xbox dédiée aux jeux japonais et asiatiques    Match Tunisie vs Mauritanie : où regarder le match amical préparatif à la CAN Maroc 2025 du 12 novembre?    À partir d'aujourd'hui, la circulation chamboulée sur l'avenue Taïeb Mhiri pour six mois    Où et quand suivre Tunisie–Mauritanie, le match amical de ce mercredi ?    Drones en Tunisie : des mesures pour encadrer leur usage    Non-allaitement: Un silence couteux que la Tunisie ne peut plus se permettre    Ooredoo Tunisie s'associe à Dora Chamli pour promouvoir le padel et le talent tunisien sur la scène mondiale    1 Tunisien sur 6 touché par le diabète : un appel urgent à la sensibilisation    Météo en Tunisie : temps partiellement nuageux, températures en légère hausse    Tougaï quitte le rassemblement des Fennecs    La BTE franchit une étape stratégique: migration réussie vers le standard international SWIFT ISO 20022    Démographie: Radioscopie d'une Tunisie en profonde mutation    Ooredoo Tunisie s'associe à Dora Chamli pour promouvoir le padel et le talent tunisien sur la scène mondiale    Marathon COMAR de Tunis-Carthage dans une 38e édition : Courons pour une Tunisie plus verte    Hikma Tunisie ouvre sa troisième unité de production à Tunis : Hikma Pharmaceuticals renforce sa présence en Tunisie    Hafida Ben Rejeb Latta ce vendredi à Al Kitab Mutuelleville pour présenter son livre « Une fille de Kairouan »    Quand Mohamed Salah Mzali encourageait Aly Ben Ayed    La pièce Les Fugueuses de Wafa Taboubi remporte le Prix de la meilleure oeuvre de la 3e édition du Festival National du Théâtre Tunisien    Amina Srarfi : Fadl Shaker absent des festivals tunisiens    Dhafer L'Abidine à la Foire du Livre de Sharjah : Les histoires doivent transcender les frontières    Sarkozy fixé ce soir sur sa libération    Tunisie: Financement de projets d'excellence scientifique    Décès du Pr Abdellatif Khemakhem    La Fête de l'arbre: Un investissement stratégique dans la durabilité de la vie sur terre    Nouvelles directives de Washington : votre état de santé pourrait vous priver du visa américain    Justice tunisienne : 1 600 millions pour lancer les bracelets électroniques    Tunisie : Le budget de la Culture progresse de 8 % en 2026    L'Université de la Manouba organise la 12è édition du symposium interdisciplinaire "Nature/Culture"    Qui est le nouvel ambassadeur de Palestine en Tunisie, Rami Farouk Qaddoumi    Secousse tellurique en Tunisie enregistrée à Goubellat, gouvernorat de Béja    Suspension du Bureau tunisien de l'OMCT pour un mois : les activités à l'arrêt    Elyes Ghariani: Comment la résolution sur le Sahara occidental peut débloquer l'avenir de la région    Mondher Khaled: Le paradigme de la post-vérité sous la présidence de Donald Trump    Congrès mondial de la JCI : la Poste Tunisienne émet un timbre poste à l'occasion    Attirant plus de 250 000 visiteurs par an, la bibliothèque régionale d'Ariana fait peau neuve    Le CSS ramène un point du Bardo : Un énorme sentiment de gâchis    Ligue 1 – 11e Journée – EST-CAB (2-0) : L'Espérance domine et gagne    New York en alerte : décès de deux personnes suite à de fortes précipitations    Lettre manuscrite de l'Emir du Koweït au président Kaïs Saïed    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



La société civile tunisienne dans le viseur de Kaïs Saïed
Publié dans Business News le 25 - 02 - 2022

C'était prévisible et Business News fut un des premiers (et rares) médias à prévenir ses lecteurs. Après le parlement, le gouvernement et les magistrats, le président Kaïs Saïed va cibler les médias et la société civile. Il a cependant interverti les priorités en attaquant la société civile avant les médias. Notre tour viendra, il n'y a pas de doute. Il ne nous a pas ratés, d'ailleurs, dans son discours du jeudi 24 février, il nous a reproché de ne pas avoir parlé de la fabrication des vaccins anti-covid en Tunisie. Intox, car tous les médias tunisiens ont évoqué le sujet. Et s'ils n'ont pas dit davantage sur le sujet, c'est parce que ni les ministères concernés (Santé, Industrie), ni la présidence ne leur ont donné des éléments de travail pour confectionner des articles et des émissions.

Si les médias ont seulement été évoqués dans le discours du 24 février, la société civile, elle, a fait l'objet d'un long passage durant lequel elle a été accusée d'être à la solde de puissances étrangères. « Il faut mettre un terme au financement étranger des associations qui sert de couverture au financement des partis politiques. Personne n'a le droit de s'ingérer dans notre politique et nos choix. Nous allons organiser ce cadre pour les ONG, mais il n'est plus question de laisser les associations servir d'intermédiaires ».

Le sujet des représentants de la société civile (couramment appelés ONG) n'est pas exclusif à la Tunisie. Il est régulièrement évoqué par les hommes politiques de droite, voire d'extrême droite, et par les dictateurs qui voient en ces ONG des espions des temps modernes.
En parlant d'une loi pour interdire ces ONG financées de l'étranger d'exercer dans le pays, Kaïs Saïed prend le même chemin du président russe Vladimir Poutine il y a deux ans. Pour barrer la route à ses opposants, essentiellement financés par des puissances étrangères, le président russe leur a interdit purement et simplement d'exercer. Aussitôt, des centaines d'ONG et de médias ont dû fermer boutique et leurs représentants (russes ou étrangers) ont dû quitter le pays.
Même tendance en Hongrie où le Premier ministre nationaliste Viktor Orbán a lancé une vraie guerre contre les ONG et leurs financeurs notamment le plus notoire d'entre eux, le sulfureux George Soros.
Le même George Soros qui s'est trouvé, un temps, dans le viseur de l'ancien président américain Donald Trump et fortement critiqué par le candidat français à la présidentielle 2022, Eric Zemmour.

En évoquant les ONG et les financements étrangers, Kaïs Saïed prend clairement le chemin des nationalistes de droite Orbán, Poutine, Zemmour et Trump, sauf que la Tunisie n'est pas les Etats-Unis et Saïed n'est pas Poutine.
Pour pouvoir attaquer décemment le financement étranger des ONG, il faut que l'on soit soi-même indépendant des financements étrangers. Or l'Etat tunisien, que Kaïs Saïed préside, n'a de cesse de jouer aux mendiants depuis 2011. Ce qui était inconcevable sous Ben Ali est devenu une règle au lendemain de la révolution. Quasiment tous les ministères se font aider par des programmes d'aide spécifiques financés par des institutions étrangères, qu'elles soient gouvernementales ou pas.
Cela touche même les ministères de souveraineté comme l'Intérieur, la Défense ou la Justice. Les programmes de formation et de mise à niveau se comptent par centaines et ce sont des milliards de dollars qui ont été injectés par les étrangers depuis 2011.
Il n'y a pas que le gouvernement qui accepte les donations étrangères, il en est de même pour les instances dites indépendantes, comme la Haica, l'Isie ou l'IVD.
Sans assistance étrangère, est-ce qu'on aurait eu une Instance supérieure « indépendante » des élections (ISIE), celle-là même qui a pu organiser les élections (avec brio et conformément aux standards mondiaux) de 2011, 2014, 2018 et 2019 ?
En acceptant que les institutions de l'Etat reçoivent du financement étranger pour des programmes spécifiques, Kaïs Saïed se doit obligatoirement, et inévitablement, d'accepter que la société civile en reçoive également.
Car il se trouve que les institutions étrangères qui financent les institutions publiques sont les mêmes qui financent les institutions de la société civile. Et celles-ci vont tout simplement refuser de financer les institutions de l'Etat au cas où Kaïs Saïed leur refuse le financement de la société civile.
En clair, une nouvelle fois, Kaïs Saïed ne mesure pas la portée de ses idées avant de les prononcer.

Cela dit, le dossier des ONG et leur rôle dans la vie démocratique tunisienne devrait être ouvert. Si certaines ONG ont démontré leur utilité et leur indépendance à l'instar de RSF, Bawsala, LTDH et ATFD, d'autres ont prouvé leur partialité éhontée, à l'instar d'Amnesty, I Watch ou Tunisia Charity.
Et, curieusement, quand on regarde de près, les ONG financées par George Soros sont presque toujours celles dont le travail prête à équivoque et où l'argent coule à flot de toutes parts.
Le cas le plus emblématique est incontestablement celui d'I Watch dont les enquêtes sont souvent partiales et où l'on accuse les gens sans preuves. Les « militants » d'I Watch ne s'agacent pas de salir la réputation de X ou Y sur la place publique pendant des mois, juste pour suspicion de corruption. Ils se positionnent comme des juges et jettent en pâture des personnalités publiques.
Les budgets dont dispose cette ONG se chiffrent en millions de dinars, bien supérieurs à ceux dont disposent de grands médias. Ainsi, pour 2021, I Watch a obtenu un financement d'au moins sept millions de dinars. Une bonne partie de cet argent a été versé par l'Union européenne, l'ambassade de Suisse en Tunisie, l'ambassade américaine à Tunis ou encore le programme américain gouvernemental Mepi. Ce chiffre de sept millions de dinars est supérieur, par exemple, à l'ensemble des recettes publicitaires de la chaîne Wataniya 1 ou encore à l'ensemble des recettes publicitaires de l'ensemble des médias imprimés en Tunisie. Que fait I Watch avec cet argent ? Sous différentes appellations pompeuses (dénommées programmes), elle salit l'honneur de Tunisiens avec l'argent des contribuables américains et européens.
Combien reçoivent les autres ONG de l'étranger ? Des dizaines de millions de dinars chaque année. L'hebdomadaire Al Mijhar a même consacré une rubrique spéciale pour répertorier, chaque semaine, les virements étrangers reçus par ces ONG.

Ce n'est cependant pas ce problème que Kaïs Saïed a dans la tête. Les ONG ciblées par Kaïs Saïed sont celles qui mouillent avec les partis politiques et leur sert de machine à laver. Il l'a dit avec des mots à peine voilés, dans son derniers discours. Comme les partis politiques ont l'obligation de publier leurs comptes et de les rendre publics et comme ils doivent les transmettre à la présidence du gouvernement, ils utilisent ces associations pour cacher certaines dépenses et camoufler les dépassements des plafonds de campagnes électorales.
Ces associations servent également à camoufler l'argent reçu de l'étranger puisque les partis n'y ont pas droit. Les cas les plus notoires sont les partis Ennahdha et Qalb Tounes. Ennahdha a été piégé grâce à la transparence imposée aux Etats-Unis en matière de financement. Ainsi, on a appris que l'association de droit américain « Ennahdha party » a financé un cabinet de lobbying. Le parti de droit tunisien Ennahdha a nié tout simplement être en relation avec son homonyme américain. On se moque du peuple ? C'est bien cela et c'est exactement là où veut frapper Kaïs Saïed.
Frappera-t-il, dans la foulée, les autres associations débarrassant ainsi la Tunisie des ONG sulfureuses quitte à lui faire perdre les « bonnes » ONG réellement caritatives ou bienfaisantes ? Il n'en a pas les moyens, car les puissances étrangères qui le financent ne le laisseront pas faire.
Pour être vraiment indépendant, il faut avoir les moyens de sa politique…

Raouf Ben Hédi

A lire également
Wafa Fraouis à Kaïs Saïed : Ben Ali avait le même discours ! Kaïs Saïed : Il faut mettre un terme au financement étranger des associations ! Enquête sur I Watch et son président : des comptes louches et des déclarations contradictoires Tunisia Charity devant la justice Les frères Daïmi face à la suspicion de blanchiment d'argent Mandat de dépôt contre trois personnes pour détournement de dons étrangers Néjib Karoui, ses mécènes et ses millions de dinars George Soros chez Béji Caïd Essebsi : le ver est dans le fruit


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.