Raed Dimassi, un étudiant tunisien installé en Ukraine, a lancé, vendredi 25 février 2022, un appel de détresse aux autorités tunisiennes. Il affirme que la situation est grave et qu'une trentaine de Tunisiens, en majorité des étudiantes, sont barricadés dans une maison dans la ville d'Odessa de peur d'être touchés par des ogives. Mais cette situation est en train d'empirer, a expliqué le jeune étudiant, qui ajoute que les attaques russes s'intensifient et les moyens de quitter le pays se réduisent considérablement. « Nous sommes terrorisés. Hier, nous avons éteint les lumières et mis des lits sur les fenêtres de peur d'être touchés par des fragments d'ogives russes. Tout est fermé : les banques, les supermarchés, les pharmacies, …. Là, on doit bouger car ils ont annoncé le bombardement d'Odessa », a-t-il témoigné.
Au micro de l'émission Shems Maak sur Shems Fm, M. Dimassi a souligné que tous les pays sont en train de rapatrier leurs ressortissants et de trouver des solutions, à l'exception de la Tunisie qui a créé une cellule de crise et est en train de réfléchir à une solution. Et de soutenir que plusieurs pays, dont le Maroc, ont appelé leur ressortissant à quitter l'Ukraine par la frontière avec la Moldavie.
Ainsi, le groupe de Tunisiens a décidé de tenter de rejoindre les frontières de la Moldavie par ses propres moyens de, et de là-bas, passer à la Romanie, pour revenir en Tunisie. Ils auront un bus du Centre islamique, mais qui ne sera pas sécurisé et pourra être attaqué par les Russes en route.
L'étudiant a vivement critiqué le silence et l'attentisme des autorités tunisiennes, faisant remarquer que plusieurs Tunisiens dans d'autres villes ont disparu et que leurs familles n'arrivent pas à les joindre et qu'ils l'ont contacté après son passage radiophonique de la veille, mais que lui n'avait pas les moyens de contacter une centaine de personnes et que c'est à l'Etat tunisien de le faire. « Lorsqu'on contacte les autorités officielles, elles nous disent que tout va bien, qu'on a une cellule de crise et qu'il faut attendre, mais attendre quoi, qu'on meurt, qu'on soit kidnappé ou disparu ? La diplomatie tunisienne est paralysée, dites-nous quelle voie prendre pour quitter l'Ukraine comme l'a fait le Maroc, par exemple », a-t-il affirmé. Et d'ajouter qu'il ne veut pas inquiéter les familles et les amis des Tunisiens bloqués en Ukraine mais c'est la réalité du terrain.
« Le temps est en train de s'écouler, on doit bouger rapidement. On prendra la route de la Moldavie. Notre message à l'Etat tunisien, est que la diplomatie tunisienne bouge en Moldavie, puis qu'elle n'a rien pu faire en Ukraine, pour nous faire passer en Roumanie et de là-bas nous rapatrier en Tunisie », a-t-il martelé, en notant qu'à tout moment, les communications peuvent être coupées et qu'ils n'auront aucun moyen pour contacter qui que ce soit.
Le matin même, Yassine Hadidir, un autre étudiant en Ukraine avait témoigné au micro de Jihène Miled dans son émission Ahla Sbeh sur Mosaïque Fm. Il a expliqué son désarroi la situation difficile qu'il vit et le stresse intense qu'il subit à cause de l'intensité des frappes Russe sur Kharkiv. Il a indiqué dans ce cadre qu'il a du se réfugier dans un bunker surpeuplé sans nourriture et sans eau, de 15h la veille à 7h de ce matin et qu'il n'a pas dormi depuis trente heures. Et d'expliquer que dès que ça se calme, il sort pour essayer de se ravitailler, mais tout est fermé et l'eau est coupé. En outre, ils s'attendent à ce que les communications soient coupées dans la journée. L'étudiant a souligné qu'il n'arrivait pas à joindre les autorités tunisiennes en Ukraine et d'appeler l'Etat à bouger pour les rapatrier comme les autres pays et de préférences avant que les communications soient coupées.
Notons que ministre de la Santé public, Ali Mrabet, a assuré, dans une déclaration à Mosaïque Fm, vendredi, qu'un grand nombre de Tunisiens résidants en Ukraine ont été transférés vers la capitale roumaine Bucarest, et qu'un avion a été envoyé pour les rapatrier.