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Noureddine Bhiri, pourquoi il a été arrêté, pourquoi il a été libéré
Publié dans Business News le 08 - 03 - 2022

Vendredi 31 décembre 2021, vers 8 heures, des 4x4 encerclent le véhicule transportant l'avocat et président du bloc parlementaire Ennahdha Noureddine Bhiri. D'après son épouse avocate Saïda Akremi, qui l'accompagnait dans sa voiture, il a été physiquement agressé lors de son arrestation, qu'elle qualifie de kidnapping. Elle affirme avoir contacté le procureur général près de la cour d'appel, le procureur près du Tribunal de première instance, la ministre de la Justice, ainsi que le procureur près du tribunal militaire, mais ils ont tous nié être derrière cette arrestation.
Une scène hollywoodienne en plein cœur de la capitale au grand jour et sans mandat judiciaire, est-ce possible ?
Il a fallu attendre la fin de journée et un communiqué laconique du ministère de l'Intérieur qui mentionne deux décisions d'assignation à résidence contre deux personnes dont il ne cite pas les noms. « Il s'agit d'une mesure préventive dictée par l'obligation de préserver la sûreté générale et elle prendra fin avec l'achèvement de ses causes », mentionne le communiqué.
Avec Noureddine Bhiri, il y a également Fethi Baldi qui a été arrêté ce matin-là. Tous les deux ont été assignés à résidence ailleurs qu'à leurs domiciles. Le premier dans une maison au gouvernorat de Bizerte, le second dans une maison au gouvernorat de la Manouba. Pourquoi, où se trouvent ces maisons, a-t-on le droit de leur rendre visite, les deux « prisonniers » bénéficient-ils de l'assistance médicale nécessaire ?
Mutisme total pendant le week-end de la Saint-Sylvestre.

Lundi 3 janvier 2022, face à la polémique suscitée, le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, organise une conférence de presse pour dire qu'il a lui-même décidé de l'arrestation de l'ancien ministre de la Justice. Il semble étonné de tout le bruit autour de cette affaire et avoue avoir avancé la date de la conférence de presse, poussé par les tentatives d'impliquer l'institution sécuritaire dans les tiraillements politiques.
Sur la forme, M. Charfeddine précise que l'assignation à résidence peut être décidée même pour des suspicions. Dans le cas actuel, il y aurait des procès verbaux.
Sur le fond de l'affaire, le ministre évoque une vague affaire d'octroi de passeports et de certificats de nationalité de manière illégale pour des personnes qu'il refuse de qualifier.
"Selon l'officier de la police judiciaire, le dossier revêt un caractère terroriste. Ainsi, tenant compte des dispositions de la loi antiterroriste et des différents mouvements de protestations, et par peur d'une réaction, nous avons décidé d'agir d'une manière préventive, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme", indique le ministre durant la conférence assurant qu'il y aura beaucoup de surprises dans cette affaire. On sort le popcorn ?

Noureddine Bhiri, et derrière lui tout l'appareil d'Ennahdha, rejettent en bloc tous ces arguments et défient le ministre de trouver quoi que ce soit de tangible pouvant l'accuser. A son corps défendant, et sûr de son innocence de tout acte terroriste ou illégal, il entame une grève de la faim, malgré ses gros ennuis de santé. Il est admis, de suite, dans un hôpital.
La polémique désenfle légèrement en raison de la chaude actualité nationale, mais aussi parce que le ministre de l'Intérieur a assuré que le parquet allait se charger de l'affaire.
Les jours passent, le parquet ne réagit toujours pas et la situation de la justice tunisienne empire. Le président de la République décide de dissoudre le conseil supérieur de la magistrature ce qui crée une autre polémique faisant oublier la mise en résidence surveillée de Bhiri et de Baldi.
Jeudi 10 février, Saïda Akremi assure dans une déclaration médiatique que son époux a entamé une grève de la faim sauvage. « Aucune enquête n'a été ouverte à l'encontre de Noureddine Bhiri. Il n'y a ni accusation de terrorisme, ni de corruption ! Il compte entamer une grève de la faim sauvage à partir d'aujourd'hui ! ».

Dimanche 6 mars, Mondher Ounissi, médecin traitant de Noureddine Bhiri, publie un communiqué alertant sur l'état de santé de son patient. Le médecin affirme avoir rendu visite à Noureddine Bhiri, indiquant que ce dernier refuse les soins, le diagnostic et les analyses nécessaires au suivi de son état de santé qui s'est extrêmement dégradé. « Il a trop maigri et se trouve très affaibli. Il ne peut se tenir debout et marcher que quelques minutes. Il est aussi très déshydraté et pâle. Nous ne savons rien sur les fonctions du cœur, des reins et du foie. Il se nourrit qu'avec l'eau et refuse toute autre forme d'alimentation », affirme le médecin.
Après neuf semaines de grève de la faim, dont trois de grève sauvage, le pronostic vital est sérieusement engagé. Dr Ounissi confirme ce diagnostic évident.
Lundi 7 mars, tard le soir, Noureddine Bhiri, ainsi que Fathi Baldi, sont libérés. L'ancien ministre est transporté à son domicile dans une ambulance de l'hôpital. Il est méconnaissable avec sa longue barbe, ses traits fortement tirés et son corps amaigri.

Qu'en est-il de l'affaire terroriste évoquée par le ministre de l'Intérieur ? On n'en sait rien.
Pourquoi, après plus de deux mois, le parquet n'a pas réagi à cette affaire, alors que le ministre a affirmé qu'il allait s'en charger en l'espace de quelques jours ? On n'en sait rien !
Si Noureddine Bhiri est suspecté dans une affaire terroriste, comment se fait-il qu'on le libère ? Et s'il n'est pas impliqué, comment se fait-il qu'on le laisse en détention administrative arbitraire pendant tout ce temps ? A ces questions, le ministère de l'Intérieur répond : « Cette décision (de libération) a été prise à la suite de l'installation du Conseil supérieur provisoire de la magistrature, et pour que la justice puisse entreprendre les mesures nécessaires contre les deux personnes concernées ». Quel est le rapport entre l'installation du nouveau CSM et la libération ? Aucun, ne cherchez pas à comprendre, le ministère cherche tout juste à enfumer le public !
Dans son communiqué publié le 7 mars au soir, le ministère de l'Intérieur ne parle plus d'affaire terroriste, mais plutôt d'une affaire menaçant la sûreté générale. En dépit de l'état de santé visible de M. Bhiri (on ne sait rien sur M. Baldi) et du communiqué de son médecin traitant, le ministère de l'Intérieur affirme que les deux détenus sont dans un état de santé ordinaire selon les derniers rapports médicaux rédigés à la date de la fin de l'assignation à résidence. Enfumage encore.

Ces deux assignations à résidence, achevées sans qu'il n'y ait de poursuite judiciaire, ne sont pas les premières enregistrées depuis le 25 juillet 2021, date à laquelle Kaïs Saïed s'est accaparé les pleins pouvoirs. Des dizaines d'autres personnalités ont subi les affres du ministre de l'Intérieur qui agit sur la base d'une loi liberticide de 1978. L'ancien bâtonnier Chawki Tabib, l'ancien ministre Anouar Maârouf, les anciens conseillers de la Primature, Mofdi Mseddi et Lotfi Ben Sassi et plein d'autres ont été assignés à résidence sans aucune raison et ont vu leur assignation levée sans aucune explication.
D'autres personnalités ont vu pire. Ils sont passés par la case prison pour des faits fallacieux et la justice a dû les libérer. C'est le cas notamment de l'ancien ministre Samir Taïeb.
D'autres crèchent encore en prison, comme c'est le cas de l'ancien ministre Mehdi Ben Gharbia détenu depuis le mois d'octobre, alors que le juge d'instruction chargé de son affaire a décidé de sa libération. Et, depuis quelques jours, c'est l'ancien bâtonnier Abderrazak Kilani qui est en prison et ce pour avoir demandé aux forces de l'ordre de respecter la loi.
Taoufik Charfeddine l'a « prédit » depuis le 3 janvier. Il a indiqué, ce jour-là, qu'une personne ayant occupé des hauts postes - en référence à l'ancien bâtonnier Abderrazek Kilani sans le citer nommément - sera poursuivie en justice et devrait répondre à ces actes touchant le prestige de l'Etat et les forces de sécurité, devant la justice militaire.
M. Charfeddine a beau dire que l'institution sécuritaire n'est pas impliquée dans les tiraillements politiques, ses faits donnent l'impression du contraire. Idem pour certains juges (civils ou militaires) qui donnent l'impression d'être à la solde de Kaïs Saïed.


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