Le président de l'Ordre des avocats de Tunisie, Brahim Bouderbala a affirmé que son entretien du 1er avril 2022 avec le président de la République, Kaïs Saïed, avait porté sur la tenue d'un dialogue basé sur les conclusions résultant de la consultation nationale. Invité le 2 avril 2022 par Mohamed Yousfi sur les ondes de la radio Diwan FM, Brahim Bouderbala a indiqué que le président de la République n'envisageait pas un dialogue incluant les acteurs politiques concernés par des affaires de corruption ou ayant essayé de porter atteinte à l'Etat. Le bâtonnier a considéré qu'il fallait arrêter la création d'un grand nombre de partis politiques. Il a estimé que la Tunisie n'avait besoin que de trois ou quatre partis politiques. « Nous devons mettre en place une législation imposant cela en accordant des délais à toute personne désirant créer son propre parti et de faire ses preuves. Si cette personne n'y arrive pas, elle devra se retirer », a-t-il déclaré. « Je pense que la présidence de l'Ordre des avocats de Tunisie doit suivre de près la situation du pays et qu'elle devrait continuer à apporter son avis… Je suis fière de le faire… Je pense que ceci apporterait un message positif auprès des citoyens. Le dialogue devrait être élargi afin d'inclure des personnalités indépendantes connues pour leur honnêteté et leur patriotisme », a-t-il ajouté. Brahim Bouderbala a estimé que le dialogue n'aurait pas d'intérêt en cas de participation de partis cherchant à le bloquer. « Tous les acteurs politiques désirant participer au dialogue, notamment ceux qui ont gouverné dans le passé, doivent prendre du recul, faire prévaloir l'intérêt supérieur de l'Etat et démontrer une véritable volonté d'entamer un dialogue permettant de faire sortir le pays de la crise sociale, économique et politique », a-t-il expliqué. Le bâtonnier a considéré que le régime politique et le système électoral avaient démontré leur inefficacité et devaient être révisés. « Les revendications portant sur ces éléments doivent être traitées par les organisations nationales… Le président de la République ne compte pas élaborer une liste des personnes interdites de participer au dialogue. Il va adresser une invitation aux personnes qu'il considérera concerné par le dialogue », a-t-il poursuivi. Par la suite, Brahim Bouderbala a considéré que le chef de l'Etat n'était pas dans l'obligation de tenir des élections législatives anticipées dans un délai de 90 jours. Il a souligné l'importance d'avancer à petit pas et de respecter le calendrier présenté par Kaïs Saïed. « Certains partis cherchent à apporter des modifications au calendrier électoral afin de servir leurs intérêts… J'espère que les partis politiques ne vont pas demander le report des élections législatives prévues en décembre 2022… L'intérêt supérieur de l'Etat passe avant toute autre considération y compris un article de la Constitution… Cette constitution n'est pas sacrée ! Le président de la République a appliqué la Constitution telle qu'écrite par les membres de l'Assemblée nationale constituante… On ne parle pas de dépassement de la Constitution, mais d'interprétation et de lecture », a-t-il déclaré. Réagissant à la convocation de députés ayant participé à la plénière du 30 mars 2022 malgré le gel de l'activité parlementaire, Brahim Bouderbala a considéré que seule la justice pouvait trancher dans l'affaire et que ceci ne signifiait pas une atteinte aux droits et aux libertés. « Cette plénière n'a eu aucun résultat… Elle reposait sur une intention politique. Le ministère public a estimé que ceci pouvait être qualifié d'atteinte à la sécurité de l'Etat », a-t-il dit.