La promulgation du décret portant révision de la loi fondamentale relative à l'Instance supérieur indépendante pour les élections (Isie) a suscité de nombreuses réactions de la part de la classe politique. Le point ayant été le plus relevé par ces derniers était la possibilité de nommer et de destituer les membres de l'Isie par le chef de l'Etat, Kaïs Saïed. Le député et figure d'Attayar, Nabil Hajji a considéré, dans une publication Facebook, qu'il n'y avait plus besoin de tenir des élections législatives puisque le président de la République semble être le seul à servir les intérêts du peuple et les connaître. Il s'est amusé à demander à ce que le président de la République nomme lui-même les membres du parlement afin d'éviter les dépenses et l'usage d'urnes et de papier. Il a rappelé que les membres de l'Isie avaient été élus par 145 députés. L'avocat et ancien membre du mouvement Ennahdha, Samir Dilou a, également, publié un post Facebook critiquant l'approche unilatérale du président. Il a considéré que la nomination des membres de l'Isie par le chef de l'Etat était une atteinte aux normes internationales et à l'approche inclusive et participative. Son ancien camarde, Radwan Masmoudi a, lui-aussi, critiqué ces nouvelles mesures. Il a affirmé que le président cherchait à nommer une instance à sa botte lui garantissant la falsification des résultats des élections et du référendum. Il a considéré que Kaïs Saïed avait pris cette décision en raison de la baisse de sa cote de popularité. Il l'a qualifié d'argument soutenant la théorie du coup d'Etat. Le membre du bureau exécutif du collectif « Citoyens contre le coup d'Etat », Ridha Belhadj, a estimé que la décision de Kaïs Saïed s'inscrivait dans le cadre de la désintégration des acquis de la révolution. Il a insisté sur la tenue en 2011 des premières élections honnêtes et transparentes dans l'ensemble du monde arabe. Il a souligné les efforts et les sacrifices des Tunisiens dans la mise en place de cette instance et de la démocratie en Tunisie. Le député et secrétaire général du parti Attayar, Ghazi Chaouachi, a considéré que l'instance du président était une instance de falsifications de la volonté du peuple. « Je suis le président. Je suis l'Etat. Je suis le peuple. Je suis votre dieu », a-t-il ajouté dans une publication Facebook. Le député et figure du parti Tahya Tounes, Mustapha Ben Ahmed a, lui-aussi, critiqué la publication de ce décret. Il a considéré que le président n'avait qu'à continuer dans son élan de prise de décision de façon unilatérale en annulant la tenue des élections et du référendum et en nommant lui-même les membres du parlement. Sans le citer clairement, Mustapha Ben Ahmed a considéré que Kaïs Saïed n'avait qu'à charger Amine Mahfoudh, professeur de droit avec qui il s'entretient régulièrement, de rédiger la nouvelle constitution.