Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Samir Cheffi, est revenu, jeudi 26 mai 2022, sur la position de la Centrale syndicale au sujet de sa participation au dialogue national initié par le président de la République Kaïs Saïed dans le cadre de sa commission consultative pour une nouvelle république. Notant que le déroulement des évènements était contraire à ce qu'espérait l'organisation qui considérait le 25-Juillet comme une opportunité pour reconstruire une nouvelle Tunisie, il a affirmé, au micro de Myriam Belkadhi dans la Matinale de Shems FM, que l'UGTT, même si elle a refusé de rejoindre le dialogue de Kaïs Saïed, n'avait pas changé d'avis sur la nécessité de rompre avec une décennie d'échecs.
La centrale syndicale a, rappelons-le, annoncé son opposition à la démarche unilatérale du président de la République. Celui-ci a formé, la semaine dernière, une commission consultative dont la mission sera de présenter un projet de constitution pour une nouvelle république dans le respect des principes et objectifs de l'article 22 du décret 117, et des résultats de la consultation nationale, initiée par le locataire de Carthage. Ce texte devrait être soumis au référendum prévu le 25 juillet.
Cette commission est répartie en trois structures : un comité consultatif des affaires économiques et sociales composé de représentants de l'UGTT, de l'Utica, de l'Utap, de l'UNFT et de la LTDH, un comité consultatif des affaires juridiques composé des doyens des facultés de droit, des sciences juridiques et politiques et présidé par le membre le plus âgé et un comité du dialogue national composé des membres des deux comités précédents et présidé par le président coordinateur de la commission nationale consultative, le doyen Sadok Belaïd. Les partis politiques en sont exclus.
Soulignant que la situation nécessite la conjugaison des efforts et une intelligence collective, Samir Cheffi a indiqué que la commission consultative – de par sa composition étroite et les délais exigus – ne pourrait produire un projet fédérateur. Il a rappelé, dans ce sens, ce qu'il s'est passé lors de l'élaboration de la constitution de 2014 rédigée en fonction des « desiderata de la majorité », notamment les assassinats politiques de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi.
Le secrétaire général adjoint de l'UGTT a assuré que l'organisation ne changerait pas de position quant au boycott du dialogue national « tant que son contenu, les participants et sa gestion n'ont pas changé ». « La balle est dans le camp du président de la République. Il a été informé des propositions de l'UGTT et de ses réserves lors de sa rencontre avec Noureddine Taboubi », a-t-il ajouté.
Interpellé sur les appels à convier les partis au dialogue, il a avancé que l'UGTT estimait que les partis politiques qui considèrent le 25-Juillet comme une opportunité pour reconstruire le pays devraient impérativement participer au dialogue national. « Ceux qui ont qualifié le 25-Juillet de coup d'Etat ne se considèrent pas concernés par les résultats du dialogue », a-t-il relevé en référence aux partis du Front de salut. Ceux-ci ne sont pas conscients de leurs erreurs, de leur échec et de leur part de responsabilité dans la situation actuelle du pays, selon Samir Cheffi.
Le syndicaliste a, par ailleurs, dénoncé les accusations d'Ennahdha contre l'organisation syndicale estimant que Rached Ghannouchi ferait mieux de s'occuper des affaires internes de son parti. D'après Samir Cheffi, le leader islamiste a laissé entendre que la décision de l'UGTT venait dans le cadre d'un deal entre Kaïs Saïed et Noureddine Taboubi, selon lequel, celui-ci continuerait à appuyer le projet de Kaïs Saïed implicitement. « Ceci est ridicule. Il dénote d'un manque de gratitude et d'éthique politique. C'est impoli », a-t-il lancé soutenant que la Tunisie a beaucoup souffert de cette mentalité politique destructrice et divisive.