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Kaïs Saïed envoie balader les Tunisiens
Publié dans Business News le 26 - 05 - 2022

Trois décrets présidentiels ont été publiés un peu avant minuit, mercredi 25 mai 2022. Il est question de la convocation des électeurs pour le référendum du 25 juillet, de la composition de la commission nationale consultative chargée de « rédiger » la Constitution qui sera directement publiée dans le Journal officiel (Jort) avant le 30 juin. En dépit de l'opposition manifeste d'un pan de la société, Kaïs Saïed avance comme si de rien n'était.

De quoi s'agit-il ? De l'avenir de la Tunisie et des générations futures et du mépris insupportable opposé par Kaïs Saïed aux Tunisiens.
Hier, un peu avant minuit, le Jort a publié un décret-loi et deux décrets présidentiels, tous relatifs à la nouvelle constitution censée ériger une République nouvelle, selon la dénomination donnée par Kaïs Saïed. Le décret-loi nous informe que la nouvelle constitution sera publiée directement dans le Jort dans un délai ne dépassant pas le 30 juin 2022, soit dans trente-six jours.
Le premier décret donne la composition de la commission nationale consultative, censée « rédiger » la Constitution à partir des résultats de la consultation nationale électronique. Le second décret est une convocation des électeurs pour le référendum du 25 juillet.

En quoi ces décrets sont méprisants, voire insultants, envers les Tunisiens ?
Sur la forme d'abord. Le président de la République a attendu la dernière minute pour publier ses textes directement dans le Jort. Aucun respect pour les citoyens, il ne leur a rien expliqué de son projet ou de sa démarche. Infantilisés comme jamais, les Tunisiens doivent donc se soumettre à ce texte parachuté par un Kaïs Saïed qui se prend pour un empereur du Moyen-âge.
Et c'est la énième fois que le président publie ses décisions (ou fait des discours) tard la nuit, à des heures impossibles. Quel est le sens de ce timing ? Personne ne sait. Y a-t-il un seul chef d'Etat sur la planète qui prononce des discours et publie des décrets à ces heures tardives de la nuit ? Cela n'existe nulle part, à moins qu'il s'agisse d'une vraie guerre.

Sur le fond, le mépris est encore plus affligeant.
Le décret présidentiel donne une liste nominative de la composition de la commission consultative.
Parmi elles, on trouve Noureddine Taboubi, secrétaire général de l'UGTT. Pourtant, force est de rappeler que la centrale syndicale a publiquement et officiellement dit non à sa participation à cette commission.
Idem pour les doyens des facultés de droit qui ont publié un communiqué mardi dernier.
Quant à la centrale agricole, Utap, le président a nommé l'auto-proclamé président Noureddine Ben Ayed. Ce dernier a fait un vrai putsch au sein de l'organisation et le président légitime, l'islamiste Abdelmajid Ezzar est en train de crier sur tous les toits que le conseil qui a nommé M. Ben Ayed est nul et totalement illégal. Pire, Noureddine Ben Ayed a avoué que le putsch s'est fait à la demande du président de la République. L'organisation est pourtant indépendante et professionnelle et le président de la République n'a pas à s'immiscer dans ses affaires. Ce détail échappe à Kaïs Saïed qui a quand même nommé, contre vents et marées, M. Ben Ayed dans la commission consultative.
Par ailleurs, il est à souligner que la centrale patronale Utica n'a pas encore donné son aval pour participer, ou pas, à la commission.
Enfin, on note que des membres de l'Isie ont émis des réserves quant à la date du 25 juillet. Ils ont souligné que l'instance des élections va avoir des difficultés dans son travail et que c'est probablement un jour de grosse chaleur qui pourrait décourager les Tunisiens à aller faire la queue devant les bureaux de vote. Et dans un geste contraire aux traditions démocratiques, il exclut également les observateurs internationaux du référendum.
En résumé, le président de la République a envoyé balader tout ce beau monde pour leur imposer son programme et son calendrier, comme s'il était leur supérieur hiérarchique. « Il agit comme un sultan », a commenté un diplomate d'une grande puissance étrangère dans une brève déclaration à Business News.

Il n'y a pas que sur la forme et sur le fond que le président de la République envoie balader les Tunisiens, c'est aussi sur les principes fondamentaux qui lient les êtres humains entre eux.
Outre le fait qu'il ne s'est pas adressé aux Tunisiens pour leur expliquer sa démarche, on souligne qu'il n'y a eu aucun débat public autour de la constitution.
Les Tunisiens n'ont aucun projet de constitution autour duquel ils peuvent débattre. La nouvelle République aura-t-elle pour religion l'islam comme les précédentes, respectera-t-elle la liberté de conscience, y aura-t-il égalité entre les citoyens et les citoyennes…
Ce genre de question a suscité des débats houleux, très houleux, qui ont pris plus de deux ans aussi bien pour la constitution de 1959 que celle de 2014 et ils ont impliqué l'ensemble des couleurs politiques en Tunisie, sans exception aucune.
Dans son calendrier, le président de la République limite les débats publics à 25 jours, puisque la constitution doit être publiée le 30 juin et que le référendum est programmé pour le 25 juillet et exclut les partis de la commission consultative.
C'est d'une évidence qui ne supporte aucune objection, il est impossible qu'une constitution élaborée par un seul homme aboutisse à la satisfaction générale.
Kaïs Saïed, qui adore citer l'Histoire à toutes les sauces, devrait savoir qu'il n'y a jamais eu dans l'Histoire un tel précédent, du moins en démocratie.
En dépit des avertissements lancés par les partis politiques et des niet opposés par les organisations nommées à la commission consultative, le président a pondu ses décrets, infantilisant ainsi douze millions d'individus.

Quelle est la suite ? Logiquement, et à moins qu'il y ait des fraudes massives, le référendum du 25 juillet verra un taux de participation ridicule. En plus, Kaïs Saïed n'a rien prévu si le « non » l'emporte. Pour lui, le « oui » est évident et il va aboutir à des législatives anticipées qu'il a déjà prévues pour le 17 décembre 2022.
Une nouvelle crise ? C'est évident.
Et si par « miracle » le oui l'emportait ? Quand bien même les miracles existent encore et que cela arriverait, une constitution imposée par un individu fort clivant comme Kaïs Saïed ne peut pas garantir paix et quiétude pour les Tunisiens. Cette constitution, si jamais elle voit le jour, naîtra pour mourir.
L'Histoire a démontré que les Tunisiens et les Tunisiennes se sont toujours opposé aux gouvernants qui les envoient balader.


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