Le professeur et ancien doyen Yadh Ben Achour a été l'invité de Hamza Balloumi ce dimanche 29 mai 2022, sur les ondes de Mosaïque Fm, pour revenir sur la situation actuelle et les problématiques juridiques et constitutionnelles qui se posent face au processus électoral décidé par le président de la République Kaïs Saïed. Il a indiqué : « Saïed n'a pas l'étoffe d'un président de la République, surtout qu'il ne cherche pas le consensus, ni les concessions. Il n'accepte pas le dialogue inclusif sans exclusion ». Yadh Ben Achour estime que la nouvelle conception adoptée par le président de la République ne pose pas un problème en soi, soulignant que la problématique réside dans sa mise en exécution. Dans ce contexte, il considère que Kaïs Saïed s'est retourné contre la Constitution.
Par ailleurs, Yadh Ben Achou fait part de sa déception de la position de Sadok Belaid qui a accepté de présider une commission consultative dont la mission est de rédiger une nouvelle constitution, dans la mesure où le référendum est nul et non avenu. « Le maudit décret présidentiel 117 est inconstitutionnel et veut se placer au-dessus de la Constitution. Ce décret est nul et rien ne peut en découler. Le décret portant organisation de l'Isie est, également, nul parce qu'il enfreint les articles 125 et 126 de la Constitution ».
Revenant sur la consultation électronique, il a considèré qu'elle était ratée, soulignant que le référendum est nul et contraire à la Constitution et qu'il existe une intention de falsifier les résultats. « Le référendum est une mascarade juridique. Même si le président obtient 90% des voix, il restera nul et rien ne peut en découler. Cependant, si les Tunisiens votent « non » à la nouvelle constitution, nous serons dans une impasse dont je ne peux deviner l'issue ».
Au sujet de Kaïs Saïed, Yadh Ben Achour a affirmé : « Kaïs Saïed était une belle personne à la faculté. Il était trop gentil et respectueux. Nous entretenons de très bonnes relations. Je me rappelle qu'une fois, il a voulu prendre en photo de vieux manuscrits que j'avais chez moi. Le jour où il devait passer, j'étais en voyage. J'ai demandé à ma fille aînée de l'accueillir et il a pris toutes les photos dont il avait besoin. Vous savez qu'on ne peut laisser entrer personne chez soi sauf si on a vraiment confiance en elle. Maintenant, Kaïs Saïed, le président, je ne le reconnais pas et il ne me représente pas ».