Le président de l'Association tunisienne des jeunes magistrats (ATJM), Mourad Messaoudi, a affirmé que la ministre de la Justice, Leila Jaffel était dans l'obligation de respecter la décision du tribunal administratif. Ce dernier avait donné gain de cause à 49 des 57 magistrats révoqués par le président de la République, Kaïs Saïed. Il a estimé que le tribunal administratif a confirmé l'illégitimité de la décision du chef de l'Etat. Intervenant le 16 août 2022 sur les ondes de la radio Express Fm, Mourad Messaoudi a exprimé son étonnement quant à la position adoptée par le ministère de la Justice. Il a considéré que le communiqué émanant de ce dernier ne signifiait pas que des enquêtes judiciaires avaient été ouvertes. Il a considéré que certains magistrats étaient victimes de dossiers montés de toutes pièces. Il a expliqué que tout le monde pouvait être la victime de ce genre de manœuvre et non-pas seulement les magistrats. Il a assuré qu'il n'y avait pas de preuves d'inculpation des magistrats. « La ministre de la Justice a voulu se venger des magistrats et à gâcher leur joie. Elle a publié ce communiqué un dimanche. Personne n'y avait cru au début... Nous avons, aussi, été surpris par la demande de la ministre de changer les serrures des bureaux des procureurs de la République, des procureurs généraux et des présidents de cours d'appel. Elle s'est rendue compte par la suite de son erreur et à saisie l'Inspection générale. Elle a prétexté la réalisation d'un inventaire, or ceci a, déjà, eu lieu à la date de la révocation des magistrats en juin... Certains dossiers remontent à plus de quinze ans... Le tribunal administratif a montré qu'elle avait tort... La ministre a repris des dossiers jetés dans les poubelles du ministère... Ne pas respecter la décision du tribunal est criminel... Elle ne peut pas fermer les bureaux des magistrats, car ceci est considéré comme une atteinte à la liberté de travailler », a-t-il ajouté.
Mourad Messaoudi a expliqué que les magistrats avaient prévu d'entamer une autre grève ouverte et plusieurs grèves de la faim. Il a précisé que la décision du tribunal administratif leur donnant gain de cause les avait poussés à changer d'avis. Pour rappel, le président de la République, Kaïs Saïed avait décidé, à la date du 1er juin 2022, de révoquer par décret 57 magistrats tout en les accusant de corruption et d'atteinte aux mœurs publiques. La décision a été fortement critiquée et les magistrats judiciaires et administratifs avaient entamé une grève ouverte. Ils ont appelé la ministre de la Justice, Leila Jaffel et le chef de l'Etat, Kaïs Saïed au dialogue, mais en vain.