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Le linge sale du ministère de l'Intérieur se lave en public
Publié dans Business News le 29 - 09 - 2022

La question des syndicats créés par les forces de l'ordre fait l'objet de plusieurs polémiques depuis 2011. Plusieurs acteurs de la scène politique avaient critiqué cette situation et ont, tout au long des dernières années, estimé que les syndicats sécuritaires représentaient un danger public et qu'ils enfreignaient la loi sous prétexte de leurs qualités de syndicalistes et d'agents de police. D'autres politiciens et personnages publics évitent le sujet de peur de se retrouver en confrontation avec des syndicalistes étant allés jusqu'à refuser la nomination d'un ministre, bloquer des poursuites judiciaires visant des camarades ou même s'opposer à un spectacle comique. En effet, au début du mois d'août, le syndicat des forces de sécurité intérieure (SFSI) - section Sfax avait non-seulement interrompu le spectacle de Lotfi Abdelli, mais aussi appelé tous les syndicats à ne plus sécuriser les prestations de ce dernier. Le syndicat avait motivé sa décision par le discours jugé inadéquat de la part d'un artiste et portant atteinte aux institutions de l'Etat. Le syndicat a considéré qu'il était apte à évaluer les œuvres artistiques et à les censurer ou les interdire.
Ce que personne n'avait anticipé, c'est qu'il s'agissait là de la première étape dans le conflit opposant le pouvoir en place et le ministre de l'Intérieur, Taoufik Charfeddine, aux syndicats des forces de l'ordre. Le SFSI et plusieurs autres structures syndicales avaient convenu d'unir leurs efforts afin de mettre fin à la tournée de Lotf Abdeli. Ce dernier avait insinué qu'il bénéficiait du soutien du pouvoir en place, du ministère de l'Intérieur et des agents non-affiliés aux syndicats. Deux autres éléments ont accentué la crise entre le pouvoir en place et les syndicats : L'intention du président de la République, Kaïs Saïed d'unifier les syndicats sous une seule structure baptisée "Union générale des forces de sécurité intérieure" et l'annonce du ministère de l'Intérieur de la suspension des prélèvements automatiques sur salaire des cotisations sociales au profit des syndicats sécuritaires. Le SFSI a, en guise de réaction, entamé des sit-in dans plusieurs sites stratégiques tels que les districts de police ou l'aéroport de Tunis-Carthage. Munis de tentes et de chaises, les policiers se sont positionnés devant plusieurs bâtiments avec l'intention d'y camper jusqu'à la conclusion d'un accord répondant à leurs attentes. Taoufik Charfeddine a décidé de continuer sa guerre contre les syndicats en ordonnant de dégager les syndicalistes par la force s'il le fallait. Il faut dire aussi que les syndicalistes ont attaqué le ministre de l'Intérieur et des membres de sa famille, particulièrement son fils, sur les réseaux sociaux, ce qui a dû énerver encore plus le ministre.
Ainsi, nous avons eu droit à quelques bousculades au niveau du parking de l'aéroport Tunis-Carthage et au démantèlement par la force de la tente malgré les tentatives de quelques agents de police de s'y agripper. Mais, le spectacle le plus surprenant était ces confrontations entre policiers à Sfax. D'un côté, des syndicalistes étaient torse nu usant de leur t-shirt comme cagoule et jetaient des pierres et d'autres projectiles. Ils avaient bloqué la route en jetant des barrières et en renversant la cabine de police qui se trouvait devant le bâtiment. A côté d'eux, se trouvait une tente en feu illuminant le parking. D'un autre côté, des policiers en tenues de service usant de canon à eau, de gaz lacrymogène et de véhicules d'intervention blindés. Une vidéo nocturne montre la situation chaotique dans laquelle était plongé le district de police de la région. On se serait cru dans l'une des scènes du film "La Chute du faucon noir" ou "Il faut sauver le soldat Ryan" ! On a découvert, par la suite, que les syndicalistes étaient aussi armés de gaz paralysant. Le 23 septembre 2022, huit syndicalistes ont été arrêtés suite à l'ouverture d'une enquête. Cette confrontation marquait sûrement le point de non-retour dans ce conflit !
Quelques jours après, les locaux du SFSI ont fait l'objet d'un raid policier. Le ministère de l'Intérieur a annoncé que la fermeture du siège du syndicat résultait de l'exécution d'une décision judiciaire prononcée en faveur du propriétaire de l'immeuble à la suite d'une plainte en référé. La même source a indiqué que l'exécution a eu lieu dans des circonstances ordinaires et en présence des représentants des deux parties du litige. Le ministère a précisé que la propriété était constituée de deux appartements : le premier était exploité par le syndicat en tant que siège principal. Le deuxième était utilisé par l'un des membres du bureau exécutif du syndicat. Mais, ce qui devait être une simple exécution d'une sentence judiciaire s'est transformé en un ensemble de révélations. Nous nous sommes retrouvés au beau milieu d'un récit qui théoriquement devrait être plus proche de la fiction que de la réalité. Extortions, agressions, chantage, banditisme et non-respect de la loi : tous les ingrédients essentiels à un bon film de mafieux étaient réunis.
Une vidéo fuitée a révélé que les forces de police ont mis la main sur la coquette somme de 600 mille dinars lors de l'exécution de la décision de fermeture des locaux du SFSI. La vidéo a fait le tour de la toile. Plusieurs personnes se sont interrogées sur l'origine de cet argent. Le porte-parole du SFSI, Chokri Hamada, a assuré qu'il s'agissait de dépenses quotidiennes dont une partie sera utilisée pour payer les employés et les avocats et l'autre pour financer les mouvements de protestations que le syndicat envisage. Or, la législation en vigueur interdit totalement les transactions en cash de cette ampleur ou la détention d'une telle somme d'argent en liquide. Les paiements en cash ont été plafonnés à 5.000 dinars depuis 2019. Or, les frais d'avocats ou d'organisation de manifestations peuvent facilement dépasser la barre des 5.000 dinars. De plus, les associations, syndicats et autres organisations similaires à but non-lucratif n'ont pas le droit de recevoir ou de détenir des sommes d'argent de plus de 500 dinars en cash !
Par la suite, le témoignage poignant de l'avocate du propriétaire de l'immeuble, Nawel Toumi, le 28 septembre 2022 sur les ondes de Mosaïque FM, nous a fait découvrir une autre face cachée du linge sale du ministère de l'Intérieur. L'avocate a révélé que la sentence d'évacuation de l'immeuble visant le SFSI avait été prononcée depuis 2014 et que les syndicalistes avaient à plusieurs reprises affirmé ne pas craindre la loi en raison de leur qualité de syndicalistes et de forces de l'ordre. Elle a expliqué que les syndicalistes ont, à différentes occasions, agressé le propriétaire de l'immeuble, des experts judiciaires, des agents de la Steg. « Mon client s'est retrouvé dans l'impossibilité d'exploiter son bien depuis 2012. Lorsqu'il s'est rendu à deux reprises à l'immeuble, il a été la cible d'une agression... Un agent a tendu sa main vers son arme de service en guise de menace... Le ministre de l'Intérieur avait demandé à la Steg de confisquer les compteurs. Les agents de la société ont été mis dehors... La Steg a informé le ministère de l'Intérieur de cela... Qui va payer la facture ? Personne ne le sait ! Voici une déclaration recueillie par un huissier notaire le 30 juin 2020 : "Vous ne pouvez rien contre nous ! Nous faisons ce que bon nous semble !" », a-t-elle ajouté.
L'avocate avait, aussi, révélé avoir été agressée physiquement et plusieurs fois verbalement par des membres du SFSI. L'un des auteurs de cette agression était le trésorier du syndicat, Khaled Jelassi et un autre agent dénommé Mohamed Baldi. Elle a, également, expliqué que ce dernier habitait avec sa famille au deuxième étage de l'immeuble. Elle a indiqué que plusieurs individus s'étaient présentés à son bureau sous prétexte de solliciter ses services pour la menacer par la suite. Un autre individu l'a menacé de l'écorcher alors qu'elle se trouvait devant le tribunal de Ben Arous. Lors d'une visite en compagnie d'un huissier notaire et d'une collègue, elle a été séquestrée à l'intérieur de l'immeuble par les syndicalistes. Ces derniers l'ont insulté et ont essayé de l'agresser, selon ses dires.
Nawel Toumi a, également, expliqué que les autorités nationales étaient au courant de tous ces dépassements et ces actes criminels que ce soit avant ou après le 25 juillet 2021. Elle avait envoyé des dizaines de recours et de lettres à plusieurs hauts fonctionnaires notamment à la présidence de la République, la présidence du gouvernement ou la Commission parlementaire de l'organisation de l'administration et des forces armées. L'avocate a déposé une plainte à la suite des agressions qu'elle a subie. L'inspection l'a auditionnée et les agents sur place lui ont expliqué à titre informel que la situation était compliquée en raison de la qualité de syndicaliste des agents de police. L'avocate a considéré que le ministère de l'Intérieur ne pouvait pas contrôler les syndicalistes.
L'avocate a conclu son témoignage par : « Il y a une différence entre le simple policier et le policier syndicaliste ». Une phrase résumant la complexité de la situation et la gravité de la situation actuelle de notre police. Les syndicats se sont transformés en une entité menaçant l'Etat ou se présentant comme étant un Etat à l'intérieur de l'Etat. Une réforme des forces de l'ordre devient de plus en plus urgente et nécessaire. Malheureusement, l'absence de stabilité et de cohésion politique à l'échelle nationale laissent le champ libre à l'exploitation de ce conflit et empêchent toute tentative de faire avancer les choses. L'impuissance des institutions de l'Etat, n'ayant pas réagi dans le passé, même en connaissance de cause, démontre le besoin de regrouper les efforts et de les consolider dans le but d'assurer le maintien de la paix sociale et de préserver ce qui nous reste de notre police supposée être républicaine.


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