L'avocat et ancien ministre, Mohamed Abbou a estimé que l'annonce des mesures exceptionnelles prises par le président de la République, Kaïs Saïed aurait pu conduire à une amélioration de la situation du pays. Néanmoins, le chef de l'Etat a failli à sa tâche et a dévié de sa mission à partir du mois de septembre de l'année 2021. Il a qualifié le pouvoir en place d'autorité illégitime. Invité le 2 novembre 2022 à l'émission "Midi Show" animée par Elyes Gharbi et diffusée sur les ondes de la radio Mosaïque Fm, Mohamed Abbou a considéré que Kaïs SaIed n'a pas touché aux dossiers brûlants. Evoquant l'exemple des syndicats sécuritaires, Mohamed Abbou a considéré qu'il ne suffisait pas de nommer un dictateur à la tête du pays et de lui demander la dissolution de ces structures. Il a expliqué que n'importe quel dictateur pouvait recourir à l'intimidation et au harcèlement des citoyens en exploitant ce sujet. Il a considéré que le pouvoir exécutif n'avait pas à les unir sous un seul syndicat. Il a, également, appelé à interdire aux syndicats sécuritaires de collecter des dons. Leur seule source de financement doit se limiter aux frais d'adhésions payés par les agents affiliés. Concernant la justice tunisienne, Mohamed Abbou a estimé que la lutte contre la corruption devait être réalisée à travers l'ouverture d'enquêtes portant sur le patrimoine des juges et leurs biens. Il a assuré que Kaïs Saïed n'a rien fait de tout cela. Il a critiqué l'attitude du président de la République et les accusations infondées. Il a estimé que certains magistrats ont été révoqués par le chef de l'Etat en raison de leurs avis et de leurs publications Facebook. Kaïs Saïed, selon lui, est en train de terroriser les magistrats. M. Abbou a estimé que le président protégeait le mouvement Ennahdha. Il a expliqué cela par l'absence d'enquêtes sérieuses visant le parti et ses leaders. « Les hauts cadres soutenant les partis dans le passé sont, aujourd'hui, sous les ordres de Kaïs Saïed... Les administrations sensibles, principalement l'Intérieur, doivent conserver leur impartialité... Le croisement des données me permet de conclure que Kaïs Saïed subissait des pressions étrangères. Lorsqu'il utilisait le terme "omek sanafa", il voulait seulement séduire les Tunisiens... Il s'agit d'un discours populiste ayant atteint son top... Actuellement, il se prépare à annoncer des mesures qui ne sont pas populistes... En 2014, certaines personnes m'ont révélé que des ambassades sont intervenues suite au sit-in du Bardo... Des pays cherchent à protéger Ennahdha afin de garantir la stabilité du pays... Ces pays ne doivent pas s'ingérer dans nos politiques économiques et dans la lutte contre la corruption... Si Kaïs Saïed s'était présenté comme étant une personne raisonnable et sage, on aurait pu lutter contre la corruption », a-t-il précisé. Mohamed Abbou a estimé que la Tunisie cumulait les pertes au niveau économique et en matière d'investissement. Il a évoqué l'absence de clarté et l'imprévisibilité du président. Il a expliqué que personne n'oserait investir son argent dans un pays où le président bloquait certaines activités sur un simple coup de tête. Il a, aussi, évoqué l'attitude de l'administration tunisienne. Les hauts cadres n'assument plus leurs responsabilités et ne s'opposent pas aux décisions du président de peur d'être limogés. Ceci a poussé les hommes d'affaires à fuir le pays. Mohamed Abbou a affirmé que Kaïs Saïed a trahi les Tunisiens et a démontré qu'il n'était pas à la hauteur. Il a considéré que son attitude montrait l'absence de respect vis-à-vis du peuple tunisien. Il a considéré que le président était incapable de faire avancer les choses, d'évoluer et de réformer le pays. Il a pointé du doigt la divergence entre l'attitude du président et le discours donné à l'occasion du sommet de la Ligue arabe du 1er novembre 2022. D'un côté, Kaïs Saïed parle d'unité et de solidarité et d'un autre côté, il ne cesse de se quereller avec les acteurs de la scène politique tunisienne. « Il n'y a pas de constitution de 2022... Il y a un coup d'Etat réalisé par la force... Nous devons retourner à l'application de la constitution de 2014 et organiser des élections... Il n'y a pas d'alternatives à Kaïs Saïed... Nous devons organiser une élection présidentielle anticipée... Les Tunisiens ne doivent pas accepter l'argent sale... Nous devons mettre en place des mécanismes interdisant le financement étranger, la corruption des électeurs et l'exploitation des médias et des réseaux sociaux... Ce qui importe, c'est de choisir un président qui respecte l'Etat et ses institutions... La solution ne peut pas inclure Kaïs Saïed... Il a commis un crime : un coup d'Etat », a-t-il ajouté. Mohamed Abbou a appelé l'armée, la police, les magistrats et l'administration tunisienne à assumer leur rôle et à poursuivre en justice tous ceux qui ont commis des crimes avant le 25 juillet 2021.