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Kaïs Saïed bientôt au fond de l'impasse
Publié dans Business News le 08 - 11 - 2021

Le président Kaïs Saïed est allé, hier, boire un café à l'avenue Bourguiba. Hier, c'était le 7 novembre. A cette date, il y a 34 ans, l'ancien président Zine El Abidine Ben Ali opérait un coup d'état médical pour déloger son prédécesseur Habib Bourguiba et entamer un règne de 23 ans sans partage. Au début, tout le monde applaudissait Ben Ali. Mais ça, c'était au début. Car dès l'entame des années 1990, la fête démocratique a tourné au cauchemar.
La question est de savoir maintenant, quel est le message que nous envoie Kaïs Saïed en sortant boire un café un 7 novembre ? Veut-il commémorer, à sa manière, le Ben Ali du début du règne ou celui de la fin de règne ? Sachant qu'il n'y a pas de hasard en politique, et considérant que Kaïs Saïed est suffisamment intelligent pour ne pas faire des actions gratuites, la sortie d'hier porte bien un sens. Lequel ?

En Tunisie du règne Kaïs Saïed, on a un certain nombre d'anciens ministres en détention préventive pour des dossiers, qui seraient vides, selon leurs avocats. Ils sont jetés en pâture pour assouvir la soif de sang de l'opinion publique et du président populiste, quitte à bafouer les principes de la présomption d'innocence.

En Tunisie du règne Kaïs Saïed, on a un certain nombre de députés en détention préventive pour des motifs fallacieux, poursuivis par une juridiction militaire. Le scandale de l'aéroport, pour lequel ils sont poursuivis, ne justifie pas la prison, en dépit de sa gravité.
En Tunisie du règne Kaïs Saïed, on a un journaliste en prison pour avoir récité un poème hostile au président. La loi tunisienne est claire, la diffamation ou l'injure ne sont pas punies par des peines de prison.
En Tunisie du règne de Kaïs Saïed, l'administration pénitentiaire prive les prisonniers politiques de leurs droits fondamentaux. L'élu Yassine Ayari a été humilié et l'élu Mehdi Ben Gharbia a été privé d'étreindre son fils, malgré une injonction du juge.
En Tunisie du règne Kaïs Saïed, on a mis des personnalités en résidence surveillée et on a interdit à d'autres de voyager, sans que l'on sache pourquoi. On a, par la suite, levé ces mesures et toujours sans que l'on sache pourquoi.
Toutes ces mesures liberticides, arbitraires et despotiques laissent à penser que Kaïs Saïed ressemble davantage à un Zine El Abidine Ben Ali de fin de règne que celui du début de règne.
N'empêche. Quand on voit Kaïs Saïed bénéficier de 82% d'intentions de vote, selon le dernier sondage Emrhod-Business News-Attessia, on se dit non finalement. Kaïs Saïed ressemblerait plutôt au Ben Ali du début de règne, quand il a été élu avec 100% des voix (76,1% de taux de participation, 0,7% de bulletins blancs) avec le soutien de Moncef Marzouki, la gauche et les islamistes.
Alors, cette réponse ? A qui ressemble Kaïs Saïed et quel est le message envoyé par sa visite du 7 novembre ?

Malgré l'extraordinaire popularité dont bénéficie le président de la République, il y a des vérités immuables en sciences politiques. La popularité est quelque chose de volatile qui disparait, souvent, rapidement.
Ceux qui applaudissent Kaïs Saïed sont contents qu'il nous ait débarrassés des islamistes, des clowns de l'assemblée et de son projet de lutte contre la corruption.
Sauf que voilà, trois mois après son 25 juillet, les islamistes n'ont toujours pas rendu de comptes, il n'a rien récupéré de l'argent prétendument dérobé par les soi-disant corrompus et plusieurs clowns de l'assemblée sont encore dans la nature.
Maher Zid, Rached Khiari ou encore Mohamed Affes, trois véritables pourritures, sont en cavale et la police de Kaïs Saïed a bien montré son incapacité à les atteindre.
Les juges aux casseroles bruyantes, Taïeb Rached et Béchir Akremi, sont encore libres et on n'a pas avancé d'un iota dans les dossiers des martyrs Brahmi et Belaïd.
Le président de la République a déclaré, avant et après le 25 juillet, qu'il a une liste nominative des corrompus et des milliards qu'ils ont dérobé. A ce jour, il n'a pas encore récupéré un dinar et n'a dévoilé aucun nom des parias.
Un jour ou l'autre, les aficionados de Kaïs Saïed finiront par se rendre à l'évidence : le président n'a que des paroles à offrir.
Ce ne sont cependant pas ces atteintes à la liberté et ces promesses non tenues qui vont faire tomber la popularité de Kaïs Saïed. Le point faible de Kaïs Saïed est l'économie et c'est par là que sa chute viendra. Aujourd'hui, il s'approche à grands pas du fond de l'impasse et il est dans l'obligation de dire la vérité au peuple et notamment à ses groupies déchaînées contre toute forme d'opposition.

Au début, Kaïs Saïed envoyait balader tous ceux qui lui disaient que les caisses sont vides et que la Tunisie n'a pas d'argent. Il prétendait que la Tunisie regorgeait de fric, que celui-ci est dérobé par les corrompus et qu'il allait les obliger à le rendre. On avait beau dire que tout cela est fantasmagorique, on nous injuriait et on nous menaçait en nous accusant d'être payés par les corrompus.
Le signal d'alarme a été donné, ensuite par la Banque centrale et la dégradation de la note souveraine de la Tunisie par Moody's. Kaïs Saïed s'en est bien moqué en qualifiant Moody's d'Ommek Sannafa et en déclarant que la Tunisie est capable de s'en sortir toute seule ou grâce à ses amis.
En ce qui concerne les amis, on l'a bien prévenu pour lui dire qu'aucun pays au monde ne nous aiderait sans contrepartie. Il a mis des semaines pour le comprendre, mais il a fini par se rendre à l'évidence.
Il lui reste la solution de nous en sortir tous seuls. Comment cela ? Il a commencé par parler, il y a une vingtaine de jours, d'austérité.
Jeudi dernier, en conseil des ministres, il s'est déculotté davantage en demandant l'aide des Tunisiens.
Il ne l'a pas encore compris, et il mettra du temps pour le comprendre, mais les Tunisiens ne lui résoudront pas son problème. Pourquoi ? Parce que les Tunisiens s'attendent à ce que le président les aide et non l'inverse. Ensuite, parce que les Tunisiens n'ont pas d'argent à donner. Quant aux rares nantis, ils refuseront de financer le train extravagant de l'Etat.
Si Kaïs Saïed a la tête dans les nuages, sa cheffe du gouvernement, a, en revanche, les pieds sur terre.
Dans ce même dernier conseil ministériel, et alors que Kaïs Saïed quémandait la contribution des Tunisiens, Najla Bouden passait en revue un certain nombre de prêts internationaux. Deux jours plus tard, la Banque centrale annonçait la reprise des négociations avec le FMI.
En clair, Najla Bouden est en train d'appliquer l'exact contraire de la politique de Kaïs Saïed.

Le FMI sauvera-t-il une nouvelle fois le gouvernement, comme il l'a sauvé ces huit dernières années ? J'espère que non, car il faut mettre un terme définitif à ces crédits que vont payer nos enfants. Il y a de bons crédits, comme ceux qu'on met dans l'infrastructure ou les projets d'avenir, et les mauvais crédits qu'on souscrit pour payer les crédits antérieurs. Ce que Najla Bouden s'apprête à souscrire, comme ses prédécesseurs, est un mauvais crédit. Le FMI a, maintes fois, demandé une série de réformes à la Tunisie, mais on n'a rien fait ou très peu.
Le problème de la Tunisie n'est pas conjoncturel, il est structurel.
Il est impératif que Mme Bouden et son président Saïed s'attaquent aux vrais problèmes et sortent dire la vérité aux Tunisiens.
Or Kaïs Saïed n'est pas dans cette optique.
Il préfère parler d'Ommek Sannafa, de souveraineté et d'indépendance des choix nationaux plutôt que d'admettre son besoin d'aide étrangère pour survivre.
Il préfère parler de corrompus plutôt que licencier les milliers de fonctionnaires fictifs.
Il préfère parler des milliards dérobés par les chefs d'entreprises plutôt que de privatiser les entreprises publiques déficitaires en milliards.
Il préfère confisquer que réformer.
Il préfère la vindicte populaire à la vérité amère.

Kaïs Saïed n'a plus le choix aujourd'hui, il est arrivé au fond de l'impasse. Il va devoir avouer aux Tunisiens qu'il est obligé de s'endetter, chez les patrons d'Ommek Sannafa.
Si le FMI lui dit non (très probable au vu de la notation d'Ommek Sannafa et de la politique dictatoriale observée depuis le 25 juillet), il est dans l'obligation de quémander de l'argent aux Tunisiens et de réduire les salaires de ses fonctionnaires. Il a une troisième option, celle de faire marcher la planche à billets.
Au vu de ses activités la semaine dernière, le président est sur les trois pistes simultanément.
Dans le premier cas, il est discrédité aux yeux du public.
Dans le deuxième, il va vers un niet.
Dans le troisième (en supposant que la BCT se déculotte), il va subir une inflation à deux chiffres. Quelle que soit l'option, la popularité du président va dégringoler. Le danger pour lui est la deuxième et la troisième option, synonymes d'une véritable gronde populaire.

Concrètement, et qu'importe le message qu'il a voulu donner hier, Kaïs Saïed est bien plus proche de Zine El Abidine Ben Ali de fin de règne que du début. La politique répressive conjuguée à l'incapacité d'assurer l'essor économique ne mène que vers le fond de l'impasse. C'est mathématique.


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