Le député du bloc démocrate, Hichem Ajbouni, a estimé que le texte publié était une loi de finances réglementaires et non-pas complémentaire. « Malheureusement, nous sommes obligés d'accepter cette loi car le décret n°117 ne permet pas de s'y opposer ! », a-t-il déclaré. Invité le 18 novembre 2021 par la radio Mosaïque FM, Hichem Ajbouni a déploré l'absence de stratégie économique. Il a, aussi, considéré que Najla Bouden occupait le poste de directrice exécutive et que le véritable chef du gouvernement était Kaïs Saïed.
Hichem Ajbouni a déploré la hausse des dépenses inscrites dans le budget de l'Etat, tandis que le président de la République prônait la politique de l'austérité. « Ceci signifie que le train de vie de l'Etat était devenu imposant et coutait cher aux Tunisien. Selon le rapport explicatif publié le 18 novembre 2021 par le ministère des finances, face à la hausse des impôts, le taux de croissance de l'année 2021 est de 2,6% au lieu des 4% initialement prévus. Or, ceci est paradoxal ! La baisse du taux de croissance devrait conduire à une baisse des impôts ! », a-t-il ajouté.
Hichem Ajbouni a rappelé les rumeurs relatives à la préparation d'une liste de produits qui seront surtaxées. Cette liste, selon lui, comportera des produits superflus et également produits par les entreprises tunisiennes afin de limiter l'importation. Au sujet du déficit budgétaire, le député a noté que la loi de finances complémentaire (LFC) de l'année 2021 avait opéré une hausse de 2,9 milliards de dinars au niveau ministère de l'Energie, des Mines et des Energies renouvelables. Il a conclu qu'il s'agissait de fonds consacrés aux compensations des hydrocarbures.
« Kaïs Saïed a choisi de ne pas opérer certaines dispositions à ce sujet afin de ne pas nuire à sa popularité… Les réformes doivent être justes et leur impact doit être départagé de façon équitable. Kaïs Saïed n'est pas capable de faire cela ! », a-t-il déclaré. « Nous ne pouvons plus nous orienter vers les marchés internationaux car « Omek Sanafa », comme l'avait dit le président de la République, nous a classé actif très spéculatif… Peut sont ceux qui nous octroieront des crédits. Ces derniers seront à un fort taux d'intérêt… Nous n'avons pas conclu d'accord avec le Fonds Monétaire International », a-t-il rappelé.
Le député a, également, évoqué les prêts mentionnés dans le rapport explicatif sur la LFC de l'année 2021 sans en préciser l'origine. « Le déficit budgétaire, selon la LFC de l'année 2021, est de 8,3%. Or, ce chiffre ne reflète pas la réalité des finances publiques. Il y a les prêts garantis par l'Etat, les fournisseurs et les dettes des entreprises publiques ! », s'est-il exclamé. Le député s'est interrogé sur la marge de manœuvre au sujet des réformes économiques et de la politique de l'austérité. Il a considéré que ceci était possible en ce qui concernait les compensations consacrées aux hydrocarbures. « Qu'avons-nous fait en contrepartie en matière d'énergies renouvelables ? Quelles sont les raisons derrière l'opposition de la Steg à cette transition ? Même les pays producteurs de pétrole sont en train d'opérer cette transition ! », a-t-il critiqué. Hichem Ajbouni a, aussi, critiqué la situation au sein de l'administration tunisienne. « La notion de numérisation de l'administration en Tunisie consiste à prendre un numéro et attendre ! La numérisation permet d'améliorer la gouvernance des finances publiques, de lutter contre la corruption ! Nous devons changer la mentalité de l'administration tunisienne ! Nous devons appliquer un système de contrôle à posteriori. Laissons les gens travailler ! Selon les sondages, 50% des hommes d'affaires se plaignent de la bureaucratie tunisienne », a-t-il déclaré.
Hichem Ajbouni a souligné l'importance de la réinstauration de la confiance et de l'apport d'éclaircissements quant à la situation en Tunisie afin de pouvoir créer une relance de l'économie et d'encourager l'investissement. « Le président de la République doit présenter une feuille de route et nous communiquer la date des élections anticipés et le projet de révision du système électoral. Un gouvernement provisoire ne peut pas opérer une réforme structurelle. Nous devons nous mettre d'accord sur le partage des richesses et non-pas sur leur création… Le président de la République doit appeler les Tunisiens à travailler et à fournir plus d'efforts…. Nous aurons le même résultat concernant la loi de finance de l'année 2022 s'il n'y a pas de changement de mentalité et de système ! », a-t-il poursuivi.