L'expert et ancien secrétaire d'Etat chargé des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdallah Rebhi a indiqué que la baisse de 30% des précipitations signifiait l'entame d'une période de sécheresse. En Tunisie, et depuis le mois de septembre, les précipitations ne représentent que 34% de la moyenne habituelle. La Tunisie enregistre un manque conséquent et le taux de remplissage des barrages n'a pas dépassé les 28%. Invité le 13 janvier 2023 de Hatem Ben Amara à « Ahla Sbeh » sur Jawhara FM, Abdallah Rebhi a indiqué que la situation était considérablement difficile. Plus d'averses auraient pu conduire au remplissage de 50 à 60% des barrages. « Le plus grand barrage de Tunisie est celui de Sidi Salem. Il est rempli à seulement 15%... Ce barrage pourrait à lui seul répondre aux besoins de huit millions tunisiens… Heureusement que nous pouvons actuellement compter sur le barrage de Sidi Barrak… Il est rempli à 50% et nous nous approvisionnons auprès de cette installation », a-t-il ajouté. Abdallah Rebhi a, par la suite, précisé que le manque de précipitations impactait les ressources hydrauliques souterraines. Les puits, selon lui, se sont asséchés au niveau de plusieurs régions, telles qu'à Zaghouan et à El Fahs. « Au Sahel, c'est un tout autre problème… L'eau de mer a contaminé la nappe souterraine… À Kasserine, là où la nappe phréatique est abondante, on trouve des zones desséchées… Le manque de précipitations dure depuis quatre ans », a-t-il déclaré. L'ancien secrétaire d'Etat a estimé que le secteur hydraulique était négligé. Il a, également, assuré que les ressources hydrauliques tunisiennes n'étaient pas abondantes. Il a estimé que le rythme de réalisation de projets visant à lutter contre le déficit hydraulique n'était pas satisfaisant. Il a appelé à fournir plus d'efforts afin de finaliser certains projets, notamment ceux des stations de dessalement d'eau de mer de Sousse et de Zarat. Il a, aussi, évoqué la finalisation de nouveaux barrages tels que celui de Kalâa Kebira. Abdallah Rebhi a souligné l'importance d'élaborer une stratégie applicable sur le long terme. Il a rappelé que le secteur agricole utilisait 80% des ressources hydrauliques tunisiennes. 13% sont utilisés comme eau potable. Les secteurs de l'industrie et du tourisme en utilisent entre 3% et 4%. Il a considéré que l'amélioration de la qualité de l'eau du robinet permettra de lutter contre l'usage excessif de l'eau en bouteille. Il a, également, déploré l'exportation de produits consommant une importante quantité d'eau tels que les tomates ou les pastèques. Il a indiqué que le mètre cube coûtait à l'Etat 1,7 dinar lorsqu'il est stocké dans un barrage. L'acheminement vers les ménages coûte près de quatre dinars. Il a assuré que les exportations de Harissa rapportaient plus que celles des pastèques. « Nous ne nous rappelons de la disponibilité de l'eau qu'en temps de sécheresse… Nous devons rationaliser l'utilisation… Le citoyen doit contribuer à la chose… Je garde espoir. Les précipitations peuvent évoluer durant les mois de janvier et de février… Il nous faut un suivi quotidien de la situation… En l'absence de précipitations, nous ne pourrons pas tenir jusqu'à l'été prochain… Nous devons procéder immédiatement à la rationalisation de l'utilisation des ressources hydrauliques... Nous devons sacrifier certaines cultures », a-t-il dit.