Le porte-parole du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) Romdhane Ben Amor, a affirmé, dans une déclaration accordée, hier, lundi 20 février 2023, à la Tap, que la campagne d'incitation contre les immigrés subsahariens en Tunisie a pris une tournure dangereuse dans la mesure où elle s'organise. Il a précisé que des pages anciennement affiliées à des syndicats de sécurité ont à leur tour contribué à stigmatiser les immigrés en publiant des photos de certains d'entre eux les accusant d'être liés à des réseaux d'escroquerie et de prostitution. Romdhane Ben Amor a noté que la campagne qui cible actuellement les immigrés subsahariens sur les réseaux sociaux est alarmante car on y voit désormais impliqués « des influenceurs », des partis fascistes et un certain nombre de députés.
Il a critiqué l'incapacité des institutions de l'Etat à traquer les discours racistes, estimant qu'il existe un grand écart entre le discours officiel qui promeut le respect des droits des immigrés et la réalité de leurs violations répétées. Romdhane Ben Amor s'est d'ailleurs dit étonné de constater qu'un discours incitant à la haine raciale ne soit pas pris au sérieux à l'inverse des voix qui critiquent le pouvoir. Il a également confié que les autorités font preuve de laxisme pour suivre les instructions de l'Italie qui aurait sommé la Tunisie à réprimer les immigrés subsahariens pour les décourager de traverser les frontières. Romdhane Ben Amor a enfin souligné que l'émergence de campagnes anti-immigrés est le résultat de la vague populiste qui se propage dans plusieurs pays, qui est généralement le résultat de l'exacerbation des crises économiques et sociales et qui témoigne de la propagation d'une pensée hostile aux valeurs de coexistence humaine.