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Quelle réponse de l'Etat au risque d'effondrement de l'économie tunisienne
Publié dans Business News le 23 - 03 - 2023

Les avertissements alertant sur un risque d'effondrement de l'économie tunisienne se multiplient. De la Tunisie et de l'étranger. Tout le monde en parle, sauf le président de la République, sourd à ces alertes.

Lundi 20 mars 2023, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell s'inquiète de la détérioration de la situation politique et économique de la Tunisie. Il dit qu'elle est très dangereuse et très grave et que l'Union européenne ne peut pas aider la Tunisie si celle-ci se montre incapable de signer un accord avec le Fonds monétaire international (FMI).
Mercredi 22 mars 2023, la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, exhorte l'intervention du FMI pour éviter à la Tunisie un défaut de paiement. Elle a évoqué la situation du pays avec ses homologues émirati, israélien et qatari.
Mercredi 22 mars 2023, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken déclare que les Etats-Unis sont préoccupés par la situation économique de la Tunisie et qu'ils estiment nécessaire de trouver un accord avec le FMI, sous risque que l'économie du pays s'effondre.
Bien avant l'intervention de ces hauts responsables politiques, le 19 février 2023, l'agence de notation internationale Fitch Ratings parle de multiplication de pénuries et d'inflation en Tunisie.
Le 28 janvier 2023, l'agence de notation internationale Moody's abaisse la note tunisienne à Caa2 avec perspectives négatives. La dégradation est motivée par l'absence de financement pour répondre aux importants besoins de l'Etat, ce qui augmente les risques de défaut.
Encore bien avant tout ce beau monde, les experts et les politiques tunisiens ont lancé des signaux d'alerte avertissant que si le régime de Kaïs Saïed va continuer à suivre cette voie, l'économie tunisienne va s'effondrer. Idem du côté des quelques médias qui sont restés indépendants.

Quelle a été la réponse des autorités, et spécialement du président de la République, à ces avertissements venus des plus grandes personnalités nationales et internationales ?
D'habitude, et pour beaucoup moins que cela, Kaïs Saïed convoque un conseil de sécurité national ou un conseil ministériel.
Mercredi 22 mars 2023, concomitant avec les déclarations de M. Blinken et de Mme Meloni, le président de la République est allé boire un café dans un café de Bab Souika en se remémorant le bon vieux temps où il fréquentait les lieux dans les années 70. Il a regardé avec nostalgie les photos de joueurs de foot et a parlé, ensuite, de la différence qu'il y a entre la tolérance et l'indulgence.
Le même jour, il a reçu la ministre de la Culture, Hayet Ketat Guermazi, dont on découvre la platitude et son tic de répéter les mêmes mots du président juste après lui, pour lui parler d'encre, d'encrier, de plume et de calligraphie ainsi que de son stage d'une semaine en la matière.
Ce même mercredi 22 mars, le président est allé voir des imams à la mosquée Zitouna pour leur parler de jeûne et de ramadan.
Et l'économie dans tout cela ? On y vient. Le président de la République a bien parlé d'économie avec les imams de la Zitouna à qui il a dit : "Parmi les vices à éviter, la monopolisation et la hausse des prix. Nous œuvrons avec beaucoup de détermination à mettre à disposition [des citoyens] tous les produits. Nous conjuguons nos efforts avec les plus intègres et les personnes aisées peuvent contribuer en baissant les prix parce que l'équité fait partie des objectifs de la chariâa". Il a appelé à baisser les prix, à s'entraider et à boycotter ceux qui ne baissent pas les prix, assurant qu'il poursuivra la guerre contre la corruption.
Outre ces visites, le président s'est réuni ce mercredi 22 mars avec sa cheffe du gouvernement, son ministre de l'Intérieur et sa ministre du Commerce à qui il a souligné la nécessité de fournir tous les produits alimentaires et de lutter contre toutes les formes de spéculation et de monopolisation. Il a appelé les citoyens à « boycotter tous ceux qui cherchent à augmenter les prix ».
Non, ce n'est pas l'Organisation de défense du consommateur qui a dit cela, c'est bel et bien le président de la République tunisienne.

Y a-t-il eu une réponse du ministère des Finances, du ministère de l'Economie ou de la présidence du gouvernement aux avertissements de M. Borell, de Mme Meloni et de M. Blinken ? Aucune.
Seul le ministère des Affaires étrangères a réagi à la déclaration de M. Borell en jouant la carte habituelle du déni. « Les propos prononcés sont disproportionnés tant au vu de la résilience bien établie du peuple tunisien tout au long de son histoire (…) Ces propos sélectifs continuent d'ignorer toute responsabilité dans la situation qui a prévalu en Tunisie et ailleurs, notamment depuis 2011 et jusqu'au 25 juillet 2021 », a estimé le ministère.
En clair, pour résumer la situation, quand les personnalités politiques tunisiennes parlent de risque d'effondrement du pays et de la nécessité de changer le régime, elles se trouvent en prison, accusées de complot contre l'Etat et de chercher à assassiner le président de la République. Le régime ne prend même pas la peine de présenter une quelconque preuve pour étayer ses dires et le chef de l'Etat prend ses aises pour parler de l'affaire en lieu et place du parquet resté muet sur le sujet.
Quand des experts de renom font le même constat alertant sur la gravité de la situation économique, ils sont ignorés.
Quand des agences de notation internationales lancent des avertissements, elles sont méprisées et moquées.
Quand de grandes puissances, amies de la Tunisie, lancent les mêmes avertissements et parlent carrément de l'effondrement de l'économie tunisienne et du risque de défaut de paiement, le président répond en allant boire un café et planche sur son centre international de calligraphie.
Conclusion : tout le monde se trompe, sauf Kaïs Saïed et son régime qui détiennent la vérité absolue, et pour qui ce sont les comploteurs, les corrompus et les spéculateurs qui sont à l'origine de tous les maux de la Tunisie. Propos largement relayés par les partisans du régime sur les réseaux sociaux qui multiplient les invectives, les injures et les accusations de traitrise contre tous ceux qui donnent du crédit aux avertissements étrangers.

Le régime a beau croire ce qu'il veut et a beau gruger l'opinion publique, qui continue encore à le croire, les chiffres sont têtus et donnent raison aux experts et médias tunisiens sensés et aux hauts responsables politiques de Bruxelles, de Rome et de Washington.
Pour combler son déficit budgétaire, la Tunisie a besoin de crédits de l'ordre de 23 milliards de dinars, dont quinze de l'étranger. Elle ne peut accéder au crédit de quinze milliards de dinars (cinq milliards de dollars) de l'étranger qu'après avoir obtenu la première tranche du crédit du FMI, de l'ordre de 500 millions de dollars sur un total de 1,9 milliard de dollars.
Pour obtenir ces crédits, et notamment celui du FMI, la ministre des Finances Sihem Nemsia, le ministre de l'Economie Samir Saïed et leur cheffe du gouvernement Najla Bouden ont mouillé la chemise et ont entamé le processus de réformes. Le 9 février 2023, la présidence du gouvernement a approuvé un décret portant amendement de la loi du 1er février 1989, relative aux participations, entreprises et établissements publics. En mots plus simples, on va entamer la privatisation de quelques entreprises publiques. Ce tout petit pas dans le bon sens, a fait dire à Fitch Ratings le 3 mars courant, que la Tunisie pourrait obtenir son crédit du FMI avant la fin du deuxième trimestre 2023. Bon à rappeler, ce crédit aurait dû être débloqué depuis la fin du premier trimestre 2022.

Force est de constater, cependant, que ce décret du 9 février n'est que de la parlote et de la poudre aux yeux.
À plusieurs reprises, le président de la République a affirmé qu'il n'y aura aucune privatisation. La dernière en date, remonte à la semaine dernière, le jeudi 16 mars, c'est-à-dire après le décret salué par Fitch Ratings. Devant la PDG de l'Etap, Kaïs Saïed a déclaré : « nous ne céderons aucune de nos entreprises publiques et nous ne céderons pas les biens du peuple ».
Plus concrètement, il n'y a eu aucune augmentation de prix et peu (voire aucune) levée de subventions depuis le début de l'année.
Mme Bouden, Mme Nemsia, M. S. Saïed, ont beau s'engager sur un plan de réformes devant le FMI, le président de la République est d'un autre avis. Et sans lui, le trio ne peut pas toucher aux prix et ne peut rien privatiser. Si ça continue comme ça, la Tunisie ne peut pas obtenir son prêt du FMI et, par conséquent, aucun autre prêt, ni des pays arabes, ni européens.
Cette situation concrète sur terrain et ces chiffres donnent, du coup, crédit aux propos de Josep Borell, Anthony Blinken et Giorgia Meloni. Idem du côté des experts tunisiens comme le docteur en sciences économiques et enseignant-chercheur à l'Université de Carthage Aram Belhadj, qui a estimé, mercredi 22 mars 2023, que la conclusion d'un accord final dans les prochains jours avec le FMI est peu probable et qu'il y a un risque que l'institution financière internationale exige que la Tunisie passe par le Club de Paris, à cause de l'insoutenabilité de la dette.
Les Tunisiens sensés et le monde peuvent continuer à s'alarmer sur le risque d'effondrement de l'économie tunisienne, le président a d'autres priorités, un café à Bab Souika, le jeûne du ramadan et la calligraphie arabe. Et gare à celui qui dit qu'il faut changer de régime, il est accusé d'ingérence s'il est étranger et de complot contre l'Etat s'il est tunisien.


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