Une pétition nationale dénonçant la normalisation avec Israël sous couvert de recherche académique a été signée par plus de cent personnalités et organisations tunisiennes. « Non à la normalisation avec l'occupant sioniste sous couvert de recherche académique », ainsi a été intitulé le communiqué dans le sillage de la polémique impliquant l'historien et ancien doyen de la Faculté des lettres de la Manouba. Habib Kazdaghli devait participer à un colloque intitulé « Les Juifs et le droit en Tunisie, du protectorat à l'indépendance (1881-1956) : Entre progrès historiques et résilience religieuse », qui se tiendra à Paris, les 16,17 et 18 avril 2023, et auquel participeraient des chercheurs de plusieurs pays, dont des Israéliens. L'ancien doyen a été accusé de normalisation avec le sionisme et le Conseil scientifique de la Faculté des lettres a décidé de lui retirer l'éméritat.
Une pétition de soutien à M. Kazdaghli a vite fait le tour des réseaux sociaux et médias dénonçant une « dérive attentatoire à l'indépendance académique ». Ainsi, la pétition condamnant la normalisation, rendue publique jeudi 20 avril 2023, vient démonter les arguments présentés par le premier groupe affirmant défendre « libertés académiques et de leur indépendance contre toute violation… et instrumentalisation au profit de l'idéologie sioniste ».
Voici le texte de la pétitition
"Le 16 avril 2023, coïncidant avec le jour de commémoration de l'assassinat du leader Abou Jihad en Tunisie le 16 avril 1988, et avec la célébration par le peuple palestinien et tous les peuples libres du monde de la Journée internationale des prisonniers politiques palestiniens, un colloque est organisé en France par une association française dénommée "la Société d'Histoire des Juifs de Tunisie", sous le titre : "Les Juifs et le droit en Tunisie, entre progrès historiques et résilience religieuse. Du protectorat à l'indépendance (1881-1956)". Nombreux sont les Tunisiennes et Tunisiens qui ont été surpris(e)s de découvrir la participation aux travaux de ce colloque aux côtés d'universitaires sionistes de la Palestine occupée, de chercheurs tunisiens, dont la plupart enseignent à l'Université tunisienne. Il s'agit de : Abdelkrim Allagui (Université de Tunis), Jihane Ben Salah (enseignant à l'Université française), Afef Mbarek (Université de la Manouba), Faten Bouchrara (Université de la Manouba), et de Habib Kazdaghli, ancien doyen de la Faculté des Lettres de la Manouba, qui avait auparavant, en 2018, supervisé la création en Tunisie, d'une section de l'organisation pro-sioniste la LICRA. Considérant que cette participation rejette d'un revers de main l'histoire de la lutte nationale et progressiste tunisienne contre le sionisme, et qu'elle témoigne du mépris porté aux sentiments de notre peuple en ce moment même où nous assistons à une escalade des crimes sionistes en Palestine occupée ; Considérant la fréquence des démarches de normalisation en général et de l'implication dangereuse de certains universitaires tunisiens dans celles-ci en particulier, Nous, organisations et associations non gouvernementales, universitaires et activistes sociaux et associatifs, proclamons : - Le rejet et la ferme condamnation de telles rencontres "académiques" qui, sous couvert d'intitulés "scientifiques" tentent de faciliter la normalisation avec des affiliés à des "institutions universitaires" de l'entité sioniste jouant un rôle vital dans la consolidation des fondements du système de colonisation et d'apartheid en Palestine occupée. - La défense des libertés académiques et de leur indépendance contre toute violation, tout en mettant l'accent sur la distinction nécessaire entre la légitimité et le bien-fondé de la recherche scientifique sur l'histoire des juifs tunisiens et autres composantes de notre société riche de sa diversité, et entre l'instrumentalisation suspecte de cette recherche au profit de l'idéologie sioniste qui s'efforce de s'approprier l'héritage historique des juifs tunisiens et de le manipuler à des fins de propagande. - L'appel aux universitaires, aux organisations, aux associations et aux personnalités publiques en Tunisie à se mobiliser pour faire face à la poursuite de cette dérive en contradiction flagrante avec la lutte légitime du peuple palestinien et avec la constance de l'opposition de notre peuple à l'occupation sioniste. -Tenir les autorités officielles tunisiennes, des universités, au ministère de l'Enseignement supérieur et la Présidence de la République, responsables de la poursuite de la normalisation sous ses diverses formes, du fait de leur mutisme complice à son égard, et de leur participation à celle-ci en raison de leur refus d'entériner la revendication portée par les Tunisiennes et Tunisiens depuis des décennies, de promulguer une loi criminalisant toutes les formes de normalisation".
Signature : Organisations / Associations :
1. 1. Organisation Contre la Torture en Tunisie 2. 2. Syndicat National des Journalistes Tunisiens 3. 3. Campagne académique internationale de lutte contre la colonisation et la normalisation 4. 4. Damj - Association tunisienne pour la justice et l'égalité 5. 5. Association Nomade 08 6. 6. Organisation du martyr Nabil Barkati- Mémoire et loyauté 7. 7. Union des diplomés chômeurs 8. 8. Union générale des étudiants de Tunisie 9. 9. Association Alwarcha pour les droits économiques et sociaux 10. 10. Association Ibn ALHAYTHAM pour la culture et les sciences 11. 11. Association Belgacem Yacoubi pour la culture et la créativité 12. 12. Union des Forces Jeunes 13. 13. Association de préservation de l'enseignement public et de son amélioration 14. 14. Association Santé pour le peuple 15. 15. Association cartographie citoyenne 16. 16. Association pour la souveraineté alimentaire 17. 17. Organisation Kifah 18. 18. Association Un million de paysannes 19. 19. Campagne Tunisienne pour le boycott et la lutte contre la normalisation avec l'entité sioniste