Les tensions diplomatiques entre l'Algérie et la France ne cessent de s'aggraver. Moins d'un mois après l'expulsion réciproque de 12 agents consulaires par les deux pays, Alger a de nouveau déclaré persona non grata plusieurs agents français, membres de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), rattachée au ministère de l'Intérieur dirigé par Bruno Retailleau. L'information, révélée samedi 10 mai par la chaîne publique AL24 News, a été confirmée par Fayçal Métaoui, journaliste et chargé de mission à la présidence algérienne. Selon lui, il s'agit d'une nouvelle manœuvre de Bruno Retailleau, qui aurait envoyé des hommes en mission sous passeports diplomatiques sans notifier officiellement les autorités algériennes, en violation des accords consulaires bilatéraux et de la Convention de Vienne. Expulsion justifiée par Alger, riposte annoncée par Paris Alger justifie cette nouvelle expulsion par le non-respect des procédures diplomatiques. « Lorsqu'on entre sur un territoire avec un passeport diplomatique, il faut en informer toutes les parties », a rappelé Métaoui. Le gouvernement algérien accuse le ministre français de l'Intérieur de mener une "croisade" politique contre l'Algérie, en cherchant à exercer une pression constante sur les autorités algériennes. En réponse, la France envisage de durcir sa "riposte graduée", une stratégie officialisée mercredi 7 mai par Sophie Primas, porte-parole du gouvernement français, à l'issue d'un Conseil des ministres. « Le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur, le ministre des Affaires étrangères vont réengager une phase de concertation et de négociation pour continuer à appliquer cette riposte graduée, et probablement la durcir », a-t-elle déclaré. Un climat déjà empoisonné par plusieurs affaires Le dialogue entre les deux capitales est quasi gelé depuis plusieurs semaines. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a reconnu le blocage diplomatique, pointant notamment l'expulsion des agents français et le maintien en détention de l'écrivain algérien Boualem Sansal comme des obstacles majeurs à la reprise du dialogue. Cette nouvelle crise s'ajoute à celle du 23 avril, quand l'Algérie avait expulsé 12 agents du ministère français de l'Intérieur en poste à l'ambassade et aux consulats. Cette décision faisait suite à l'arrestation à Paris d'un agent consulaire algérien, impliqué selon les autorités françaises dans l'affaire présumée d'enlèvement du cyberactiviste Amir DZ. En retour, Paris a expulsé 12 agents consulaires algériens et rappelé son ambassadeur, Stéphane Romatet. Retailleau, au cœur du bras de fer Déjà désigné comme principal responsable de la détérioration des relations bilatérales par le ministère algérien des Affaires étrangères, Bruno Retailleau se retrouve une nouvelle fois au centre de la polémique, à quelques jours du congrès des Républicains, dont il est le favori pour la présidence. Plusieurs observateurs accusent le ministre d'instrumentaliser le dossier algérien à des fins politiques, notamment pour séduire l'électorat le plus radical de son parti. Par ailleurs, Retailleau a récemment menacé de remettre en cause l'accord bilatéral de 2013 sur l'exemption de visa pour les détenteurs de passeports diplomatiques, une mesure qui, si appliquée, porterait un nouveau coup à la coopération diplomatique entre les deux pays. Ainsi, alors que les crises s'enchaînent, la relation franco-algérienne glisse dans une spirale de défiance, entre accusations croisées, expulsions diplomatiques et pressions politiques. À ce stade, ni Paris ni Alger ne semblent prêts à désamorcer les tensions, et l'agenda intérieur français ne fait qu'attiser les crispations. Pour les observateurs, seule une médiation discrète à haut niveau pourrait relancer un dialogue devenu quasi impossible. Que se passe-t-il en Tunisie? Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!