Ridha Bergaoui: Le patrimoine foncier, facteur essentiel de la production agricole, la sécurité alimentaire et la souveraineté nationale    Etats-Unis–Chine : réduction tarifaire de 115 % sur 90 jours pour calmer la guerre commerciale    Ousmane Dembélé élu Meilleur Joueur de Ligue 1    Douane tunisienne : saisies record de produits de contrebande en 2025    Le ministre de l'Emploi en visite de travail à Béja    Séisme de magnitude 5,3 au large de Sumatra, en Indonésie    Kaïs Saïed limoge le gouverneur de Ben Arous Wissem Mraïdi    Ce lundi, séance plénière à l'ARP consacrée au dialogue avec le Ministre des Domaines de l'Etat    Tunisie : Kaïs Saïed limoge le gouverneur de Ben Arous après une visite surprise    Météo de ce début de semaine    Lancement du 11e Forum Afrique de l'investissement et du commerce à Alger    Le secteur des hydrocarbures en Tunisie compte 15 permis actifs et 56 concessions au 31 mars 2025    Kaïs Saïed limoge le gouverneur de Ben Arous après une visite surprise sur le terrain    Le Royaume-Uni dévoile un plan radical pour réduire drastiquement l'immigration légale    Trump signe un décret pour réduire jusqu'à 80 % le prix des médicaments aux Etats-Unis    Etats-Unis et Chine annoncent des progrès "substantiels" dans leur bras de fer commercial    Horoscope du 12 mai 2025 : une journée placée sous le signe de l'équilibre et des choix décisifs    Programme nucléaire : vers une avancée dans les discussions américano-iraniennes    L'Espérance Sportive de Tunis recevra le trophée du championnat jeudi prochain    Une nouvelle zone touristique de trente hectares au Kef    Adieux à Kafon : l'artiste Ahmed Laabidi inhumé à Tunis    Les plages ne sont plus sûres : les tortues marines en péril pendant la ponte    Alger exige le départ immédiat de plusieurs employés français    Djerba : Restauration de la mosquée Sidi Jmour, un patrimoine historique en pleine revitalisation    Clasico : L'Etoile du Sahel bat le Club Africain et rejoint l'US Monastir à la deuxième place    Révision du Code du Travail en Tunisie : Entre promesse de changement et risques de régression    Oh qu'elle est jolie, la justice de mon pays !    Kafon, la voix des oubliés, s'est tue : pluie d'hommages pour un artiste distingué    Tunisie – Les taxis en grève le 19 mai : Le syndicat réclame une revalorisation tarifaire    Habib Ammar : "Si rien ne change, le secteur touristique sera voué à disparaître d'ici 80 ans"    La Tunisie lance une plateforme numérique pour une gestion plus transparente des ressources en eau    Météo Tunisie : orages et pluies intenses dans plusieurs régions    Le ministre de l'Agriculture : l'offre en moutons sera suffisante pour l'Aïd    La nouvelle direction de l'Allemagne hérite d'une conjoncture économique défavorable    Sur quelle chaîne regarder le match Espérance de Tunis vs Olympique de Béja ?    Un séisme de magnitude 4,1 enregistré en Méditerranée au large de Tripoli    L'ATFD rejette le projet de divorce à l'amiable devant notaire et exige son retrait immédiat    Décès d'Adel Youssef, grande voix de la Radio tunisienne    La médina: Cadre urbain, habitat et société    Kafon est décédé : adieu à une icône du rap tunisien post-révolution    Découverte d'un nouveau site archéologique romain à Kasserine    Tunisie : Le ministère des Affaires culturelles rend hommage à Kafon    Le rap tunisien en deuil : Kafon s'éteint à 33 ans    Cessez-le-feu entre l'Inde et le Pakistan annoncé après médiation américaine    Heure du match d'Ons Jabeur au tournoi de Rome    Finale de la Coupe de Tunisie de volley-ball : billetterie et points de vente    Kia Tunis Open : nouvelle édition du 12 au 17 mai 2025    Masters de Rome : Ons Jabeur qualifiée sans jouer, en attendant Paolini ou Sun    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Oh qu'elle est jolie, la justice de mon pays !
Publié dans Business News le 11 - 05 - 2025

Il était prévu qu'une grande manifestation de soutien au journaliste Mourad Zeghidi ait lieu ce dimanche. Elle n'aura pas lieu. Elle a été interdite par les autorités, qui ont informé la direction de la salle où devait se tenir cette manifestation qu'une autorisation préalable était nécessaire pour ce genre d'événements. Pourtant, l'un des acquis de la révolution était de rétablir le droit d'organisation et de rassemblement dans le pays après des décennies de répression, de privations et de restrictions. Le régime d'autorisation, qui était imposé, a été naturellement remplacé après la révolution par un régime de simple information. Il suffisait de mettre les autorités locales au courant de la manifestation prévue, dans le but d'en garantir le bon déroulement.

Une justice mise en scène, une démocratie bâillonnée
Pour la manifestation de soutien à Mourad Zeghidi, le bon déroulement de cette rencontre était pratiquement garanti. Sa famille, ses collègues et ses amis voulaient simplement alerter sur l'arbitraire que subit ce journaliste depuis 365 jours — soit une année entière — sans avoir commis aucun délit, sauf celui d'être journaliste. C'était sans compter la frustration d'un pouvoir en manque d'autorité et nostalgique du bon vieux temps et des bonnes vieilles méthodes.
D'ailleurs, ce n'est pas la première fois que le régime actuel se permet d'interdire une manifestation civile pour les mêmes motifs fallacieux. Il y a quelques semaines, un collectif citoyen avait envisagé d'organiser, dans la même salle de la capitale, un procès simulé du procès équitable. Il a été interdit d'organiser ce procès, qui a finalement eu lieu dans les locaux de la Ligue des droits de l'Homme. Quelques jours plus tard, les lourdes peines prononcées dans le cadre du verdict de l'affaire dite de « complot contre la sûreté de l'Etat », ainsi que le déroulement de ce procès, ont confirmé l'urgence d'une réflexion collective et citoyenne sur la justice et les moyens de garantir un procès équitable pour tous.

Le cas Jarraya : une réduction de peine qui interroge
La révision des peines de l'homme d'affaires sulfureux Chafik Jarraya, à la fin de la semaine dernière, et la réduction de celles-ci de 101 à quatre ans d'emprisonnement, est l'une des marques les plus troublantes des bizarreries du système judiciaire tunisien. Une telle bizarrerie aurait été impensable sans la bienveillance du pouvoir politique. Une bienveillance murmurée depuis deux ans au moins, avec l'ouverture de l'affaire dite du complot contre l'Etat. L'un des plus importants témoins à charge, le fameux témoin XX, n'était autre que Chafik Jarraya. Des bruits couraient depuis qu'un accord avait été conclu entre l'ancien ministre de l'Intérieur et Jarraya pour enfoncer les impliqués dans ce dossier, moyennant la réduction de ses peines.
La pratique de confondre les peines est certes connue et utilisée dans les systèmes judiciaires du monde entier. Dans plusieurs autres systèmes, des accords sont conclus entre des procureurs et des malfaiteurs repentis pour faire tomber leurs anciens camarades, en échange d'une réduction de peine ou même, dans certains cas, de leur libération pure et simple. Cela s'est vu dans des affaires de terrorisme, comme en Algérie, ou de mafias, comme en Italie. Seulement, ces accords ne se font jamais en catimini : ils sont annoncés publiquement au cours du procès.

Témoignage arrangé et justice à géométrie variable
Concernant Chafik Jarraya, ce n'est pas le cas. D'abord, parce que son témoignage ne vise pas ses anciens frères d'armes, mais ses adversaires de longue date, comme Kamel Letaïef, qui a écopé de 66 ans d'emprisonnement. Ensuite, parce que son témoignage n'est pas fiable : il relate des faits qui auraient eu lieu alors qu'il était déjà incarcéré. Enfin, parce que l'accord en question n'a jamais été dévoilé de manière publique et officielle.
Quoi qu'il en soit, Chafik Jarraya restera en prison pour des affaires en cours, touchant non pas de simples délits de falsification ou de malversation, mais des crimes de corruption, de blanchiment d'argent, de trafic d'armes et même de terrorisme. Il serait grotesque de penser que l'accord du témoin XX avec l'ancien ministre de l'Intérieur couvre également tous ces dossiers. Auquel cas, nous fredonnerions en chœur le refrain revisité de la chanson d'Enrico Macias : « Oh qu'elle est jolie, la justice de mon pays ! ».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.