Le secrétaire général adjoint de l'Union générale tunisienne du travail (UGT)), Sami Tahri, a affirmé, dimanche 28 mai 2023, que la centrale syndicale tenait à présenter son initiative de dialogue au président de la République, Kaïs Saïed, en dépit du rejet que celui-ci a manifesté et son refus de communiquer. Dans une interview accordée au journal Al Araby, le syndicaliste a avancé que le dialogue national était perçu, par le président de la République, comme une menace pour la centralisation du pouvoir, l'autoritarisme et l'hégémonie absolue qu'il souhaite instaurer. « Mais nous pensons qu'il faut aller jusqu'au bout », a-t-il indiqué notant que tant qu'il y a un pouvoir en place, celui-ci est concerné par le dialogue. Sami Tahri a ajouté que l'initiative de dialogue pourrait être un élément de pression pour que certains « reviennent à la raison et repensent leur position et leurs politiques ». « Si elle est rejetée, cela sera alors clair pour le peuple et constituera un élément fédérateur autour des scénarios qui seront proposés », a-t-il noté précisant que l'initiative de dialogue est fin prête et qu'elle sera dévoilée au public lors d'une conférence de presse une fois approuvée.
L'Union générale tunisienne du travail, l'Ordre national des avocats, la Ligue tunisienne des droits de l'Homme et le Forum tunisien des droits économiques et sociaux ont lancé en janvier 2023 une initiative de dialogue. Elle a été baptisée récemment « la Tunisie de l'avenir » et porte sur plusieurs volets : social, économique et politique.
Au sujet des attaques répétées contre la centrale syndicale – l'assaut contre les locaux de l'UGTT opéré par Abir Moussi et les sympathisants de son parti le PDL, samedi – Sami Tahri a affirmé que la centrale syndicale était toujours dans le collimateur de plusieurs parties dont l'objectif est de saper l'UGTT, citant, dans ce sens, le pouvoir en place, Ennahdha et le Parti destourien libre. Il a ajouté que les gouvernements qui se sont succédé avaient, eux, aussi cherché à affaiblir l'organisation et la museler. Soulignant qu'il ne reste face au pouvoir en place que l'UGTT, Sami Tahri a estimé que celui-ci œuvrait pour mettre la main sur l'organisation en portant atteinte à son histoire et sa légitimité. Si l'UGTT tombe, les entreprises seront vendues, les subventions supprimées et il n'y aura aucune partie pour défendre le peuple qui sera seul face au gouvernement, a-t-il assuré.