Jeudi 8 juin 2023, se sont réunis, à Luxembourg, les 27 ministres de l'Intérieur de l'Union européenne dans le cadre des négociations au terme desquelles ils ont adopté un accord politique sur le Pacte européen sur la migration et l'asile. Cet accord, repose sur de nouveaux règlements où il est question de « responsabilité », à travers un contrôle plus ferme aux frontières et de « solidarité » en mettant en place la garantie de la relocalisation ou la compensation financière pour les pays de première ligne qui subissent les flux migratoires arrivés d'Afrique, l'Italie notamment. Les ministres ont également adopté la proposition italienne de mettre en place une procédure accélérée d'examen des demandes d'asile pour les migrants qui arrivent de « pays sûrs ». Cette mesure, vise à faciliter le renvoi chez eux des demandeurs d'asile, mais aussi d'autres nationalités si le pays de partance est déclaré pays sûr. Comme l'explique le député Majdi Karbai, partager la responsabilité de la prise en charge des réfugiés et des migrants, exige que les charges des immigrés et des demandeurs d'asile nouvellement arrivés soient partagées sur l'Union européenne. Ainsi, les pays qui refusent de participer à l'accueil des immigrés devront payer 20.000 euros pour chaque demandeur d'asile non relocalisé. Une somme qui fait encore l'objet de négociations pour être revue à la hausse. « La proposition de l'Italie est de considérer des pays comme les pays des Balkans occidentaux et les pays d'Afrique du Nord comme des pays sûrs vers lesquels ils peuvent expulser des immigrants d'autres nationalités » a-t-il souligné. Les associations qui ont dénoncé la récente visite de la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, en Tunisie, ont rappelé que l'Italie a renouvelé la classification de la Tunisie dans la liste des pays d'origine sûrs, alors que le pays fait face à une crise économique, sociale et politique majeure. Elles ont estimé que la Tunisie ne peut pas être considérée comme un pays sûr pour les personnes en mobilité, de par la crise que traverse le pays d'abord et ensuite au vu des déclarations racistes de ses dirigeants. L'objectif du gouvernement italien vise à faire de la Tunisie la gardienne de ses frontières, notamment dans les opérations d'interception des bateaux dans les eaux territoriales et leur transfert en Tunisie. Comme le mentionne bien le programme électoral de Giogia Meloni, l'idée est d'externaliser le contrôle et de mettre en place des hubs contrôlés par l'UE pour examiner les demandes d'asile. En Tunisie donc également. C'est donc dans ce contexte que l'Italie s'active pour mettre en place le projet qui lui permettrait de renvoyer à l'expéditeur et sans délais les migrants qui débarquent sur son sol. Mieux encore, de limiter drastiquement le nombre de migrants qui réussissent à quitter l'Afrique du Nord. La stabilité financière qu'elle fait miroiter à la Tunisie, le « plan Mattei » et l'accord avec le FMI qu'elle tente d'arracher malgré les caprices du président Kaïs Saïed, n'ont d'autre objectif que se décharger des migrants qui l'envahissent. Et cette charge, c'est désormais à la Tunisie, qui, au pire est au bord de la faillite et au mieux qui respire à la paille, de devoir accepter de porter. On se presse donc en Europe et du côté de l'Italie à adopter ce pacte avant les élections européennes prévues en juin 2024.