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Startups : un pas en avant, dix en arrière ?
Publié dans Business News le 12 - 08 - 2023

C'est en 2018, dans une Tunisie où le taux de chômage était aux alentours de 15%, les obstacles règlementaires à l'entreprenariat considérés élevés et l'accès au financement pour les entreprises une contrainte majeure, que la loi Startup Act a été votée au Parlement. Ce pilier de l'initiative Startup Tunisia – un projet national mis en œuvre par la société de gestion Smart Capital – est venu avec une batterie d'avantages au profit des porteurs de projets innovants et une nouvelle réflexion qui tend vers l'agilité que requièrent les startups pour réussir. Ces entreprises qui démarrent portent en elle de grands risques et beaucoup d'ambition, d'où la nécessité d'un climat d'affaires et de développement particulier où elles peuvent d'un côté expérimenter leurs innovations et de l'autre développer leurs activités. Qu'en est-il aujourd'hui de ce projet ?



En plus des congés pour la création d'une startup, la bourse startup (entre mille et cinq mille dinars par mois pour couvrir les charges de l'entreprise sur une année), ces structures bénéficient de l'exonération de l'impôt sur les sociétés. Le dépôt de leurs brevets est pris en charge par l'Institut national de la normalisation et de la propriété industrielle (Innorpi) tant à l'échelle nationale qu'internationale et les charges patronales et salariales par l'Etat, durant la période de labellisation. Elles ont le droit à un compte spécial en devises, dont elles disposent librement, et à une carte technologique dont le plafond est fixé à cent mille dinars par an. Elles sont exemptées des procédures d'homologation et de contrôle technique à l'importation et sont considérés, selon le Code des douanes, des opérateurs économiques agréés.

Ce cadre légal considéré attractif dans une Tunisie où les restrictions et le dogmatisme protectionniste font loi, a encouragé plus d'un à se lancer dans l'aventure entrepreneuriale. Au terme de l'année 2022, ce sont 727 startups qui ont été labellisées. Le secteur qui compte le plus de startups labellisées est celui des logiciels informatiques et du Big data (164), le E-commerce et les Markets places (136), et enfin les médias, le gaming et l'industrie créative (82), selon les statistiques du réseau Entrepreneurs of Tunisia (chiffres établis en collaboration avec Smart Capital).

Sur les 727 startups labellisées, 71,8% comptent plus d'un fondateur et 35,2% ont été créées par des femmes. En termes de répartition géographique, jusqu'à 2022, la Capitale Tunis a la part du lion avec 496 startups. Sousse comptait, alors, un total de 85 startups, Sfax 35 et Nabeul 33. Egalement en 2022, le taux d'investissements dans les startups a connu un boom spectaculaire passant de 65,5 millions de dinars (sur 39 deals conclus en 2021) à 368,7 millions de dinars (sur 41 deals en 2022). En termes de création d'emplois, le Startup Act a permis la création de 4.500 emplois (jusqu'en 2021), sur les 10.000 prévus. Cependant, le chiffre d'affaires cumulés est resté, lui, loin derrière avec seulement 240 mille dinars (fin 2021) sur le million espéré d'ici à 2024. En bref, sur les trois objectifs déterminés, seule la labélisation y est presque. A ce jour, nous sommes à près de 900 startups labellisées, alors que l'objectif est d'atteindre les mille d'ici à 2024.



Si les objectifs emploi et pécuniaires sont loin d'être atteints, c'est parce que l'écosystème fait face encore à des problématiques majeures : le financement, entre autres. Dans une déclaration à Business News, Oussama Messaoud, co-fondateur de la startup Datavora et secrétaire général de Tunisian Startups, a expliqué qu'une enquête menée par l'organisation en 2022 auprès de plusieurs startups avait permis de déterminer le taux de satisfaction des bénéficiaires et d'identifier les obstacles qui persistent. Une task force composée de représentants de startups, de la Banque centrale de Tunisie, de la Tunisia Investiment Authority (TIA) et des ministères des Technologies de la communication et de l'Economie, a ensuite été créée pour élaborer un ensemble de recommandations et de mesures susceptible d'améliorer le cadre règlementaire existant.

Selon M. Messaoud, les problématiques rencontrées par les startups concernent essentiellement les mécanismes de financement, les mécanismes d'investissements et l'accès au marché, notamment. « C'est ce que nous souhaitons résoudre à travers la version II de la Startup Act », a-t-il indiqué. « Avec la Startup Act I, nous avons prouvé qu'il y a moyen de faire les choses différemment. Il est donc possible de sortir de nos dogmes et nos vieux réflexes », a-t-il assuré.

Selon M. Massaoud, le marché tunisien demeure peu concurrentiel pour les startups. Il s'agit plus d'un marché de test. Cela explique, entre autres, le départ de certaines startups pour s'installer à l'étranger. « L'idée est de trouver le moyen d'offrir à ces startups les conditions nécessaires pour qu'elles restent en Tunisie, que leur développement à l'international se fasse depuis la Tunisie pour ainsi garder la propriété intellectuelle ici. Pour ce faire, il faut un climat des affaires propices ».



Les restrictions en termes de mécanismes d'investissements sont, également, une autre contrainte qui pousse les startups à s'installer ailleurs qu'en Tunisie. Il n'existe actuellement en Tunisie que deux mécanismes : l'equity ou l'obligation convertible.

L'un des axes majeurs sur lesquels, il faudrait, aussi, travailler est la possibilité pour les startups de ramener des talents depuis l'étranger. La disponibilité et la rétention des compétences étant aujourd'hui un réel problème, les startups se trouvent face à un capital humain qui ne peut assurer leur pérennité. « Nous travaillons actuellement sur un visa talents pour que les startups soient capables de recruter des talents étrangers. Nous souhaitons aussi que les startups aient le droit de payer en partie leurs salariés en devises, que ces salariés aient la possibilité d'avoir des actions dans les filiales à l'étranger sans pour autant avoir à quitter le pays », a-t-il souligné.



Autre axe à prendre en considération est l'achat public de l'innovation suivant un nouveau cadre. Selon M. Massaoud, il est aujourd'hui nécessaire de réfléchir à une nouvelle formule pour que les startups puissent contribuer au développement du secteur public et de l'Etatsurtout qu'il a été démontré que l'innovation dans les marchés publics constitue un axe majeur de progrès tant pour l'économie nationale que pour les startups et les entreprises innovantes elles-mêmes. En effet, même si les délais de paiement sont longs, l'opportunité d'affaires reste à considérer compte tenu de la garantie de paiement de l'Etat.

Améliorer les avantages accordés aux startups ne peut se faire sans penser à l'un des piliers de l'écosystème, les SSO. L'accompagnement constitue une composante cruciale. Les incubateurs et les accélérateurs doivent donc bénéficier d'un cadre qui permet leur développement pour qu'ils puissent derrière assurer leur mission ; celle d'appuyer les startups. « Pour la version II de la Startup Act, nous avons proposé de définir les SSO, leur rôle et leur accorder des avantages », a affirmé Oussema Massaoud. Ces structures n'ont toujours pas de statut juridique et aucun cadre règlementaire n'organise leurs activités.

« La Startup Act a contribué à la création d'un début d'écosystème, une nouvelle vague d'entrepreneurs et d'investisseurs qui s'intéressent au monde des startups », a-t-il avancé notant qu'il s'agit là, dans la version II, de pousser encore davantage vers l'ouverture et la création de nouvelles possibilités.
Une proposition de projet de loi Startup Act II a été présentée, la semaine dernière, à l'ancienne cheffe du gouvernement Najla Bouden. Discutée en conseil des ministres, cette nouvelle version devrait permettre de pallier certaines des lacunes constatées par l'écosystème et promouvoir davantage cette forme nouvelle de l'entreprenariat en Tunisie et peut-être aider à une relance économique tant attendu. Mais est-ce réellement suffisant ?
Certes ce cadre règlementaire constitue un large pas en avant, mais il ne peut aboutir au décollage qu'espèrent les startups sans que d'autres éléments ne soient révisés. Ces structures évoluent dans un environnement économique qui, malheureusement, reste pris en otage par des lois archaïques et une infrastructure vétuste. L'assouplissement du Code des changes constituerait, d'ailleurs, une voie supplémentaire qui mènerait vers l'ouverture économique escomptée.
D'autres barrières restent aussi à démolir tels que les règlementations considérées anti-concurrentielles, le régime des licences, les procédures administratives longues et opaques et la fiscalité complexe, qui décourage l'esprit d'entreprenariat. De grands projets d'infrastructures et de digitalisation sont, aussi, à entreprendre. Sans un internet rapide, une administration agile et des ports aux normes internationales, les startups se retrouveraient, encore une fois, prises au piège à faire un pas en avant et dix en arrière.


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