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AGO Tunisair : la gazelle boite, mais ne tombe pas
Publié dans Business News le 22 - 11 - 2023

Un an et demi après l'AGO de l'exercice 2018, le PDG de Tunisair Khaled Chelly a gardé son optimisme. Il croit en la compagnie aérienne. Il admet, certes, qu'il y a d'innombrables problèmes à régler, mais il demeure confiant face à la résilience dont a fait preuve la société seule face aux diverses crises, notamment celle du Covid-19 qui a été derrière la faillite de compagnies aériennes prestigieuses. Un optimisme qui a su convaincre les actionnaires, car même s'ils sont extrêmement mécontents, ils ont été touchés par la sincérité de l'homme et le plan qu'il est en train de mettre en place pour sauver Tunisair et redorer son blason.

C'est globalement ce qui ressort de l'assemblée générale ordinaire (AGO) pour l'exercice 2019, tenue mardi 21 novembre 2023 au siège de la société à la Charguia, sous la présidence de M. Chelly.

Il faut dire que depuis 2011, Tunisair est en train de passer par une crise sévère, ayant été impacté par les divers événements qui se sont succédé (révolution, attentats et pandémie). En parallèle, une multitude de plans de restructuration de la compagnie avait été élaborée mais n'ont jamais été mis en place à cause des problèmes récurrents des finances publiques. Ce qui fait que la société se retrouve aujourd'hui dans cette situation précaire et au lieu d'alimenter les recettes de l'Etat comme antan, elle est devenue un fardeau avec des dettes et un déficit cumulé important.
Ainsi et selon les chiffres présentés lors de l'AGO, en 2019, la compagnie aérienne nationale a enregistré des performances commerciales inférieures à celle de 2018, n'ayant transporté en termes de trafic que 3,4 millions de passagers (-9,9% par rapport à 2018), impacté par la baisse des sièges offerts de 10,4% à cause de la vieillesse de la flotte. La société avait subi à l'époque des problèmes techniques et de maintenances touchant plusieurs de ces appareils entraînant retard, annulation des vols et atteinte à l'image de marque de la société.
Pour y remédier, la société a baissé son offre, augmenté ses prix ainsi que son coefficient de remplissage qui a atteint 75,1%, a expliqué le PDG. La recette moyenne par passager de l'activité régulière a augmenté de 16,8% pour atteindre 420 dinars alors que la recette à l'heure de vol de l'activité charter a évolué de 14,9% pour se situer à 11.309 dinars. Cela a permis de réalisé un chiffre d'affaires record de 1,76 milliard de dinars (+2,89% soit 49,73 millions de dinars), a-t-il affirmé.
Mais malgré ces efforts, Tunisair a clôturé son exercice 2019 avec un résultat net déficitaire de -183,12 millions de dinars (MD) contre -234,38 millions de dinars fin 2018 (affichant une amélioration de 12,91%, l'équivalent de 30,26 millions de dinars, ndlr).
Pour leur part, les états financiers du groupe font ressortir un résultat déficitaire consolidé de 209,04 MD (+12,67% par rapport à 2018), se répartissant comme suit : Tunisair -207,43 MD, Tunisair Handling 2,32 MD, Tunisair Technics -11,59 MD, Amadeus 23,35 MD, Tunisair Express -17,43 MD, Essafa 1,54 MD et ATCT 0,20 MD.


En effet et comme l'a souligné M. Chelly, le mot d'ordre pour Tunisair en 2019 était "do more with less" à cause de l'énorme problème lié à la flotte. Il a martelé en réponse à des interrogations de certains actionnaires : « La situation actuelle n'est pas le résultat d'une mauvaise gestion, ou du fait que le conseil d'administration ne soit pas en train de jouer son rôle, ou du non-soutien de l'Etat. Tunisair est passée par de graves crises ! ».
Et de rappeler que « lors du Covid-19, les compagnies aériennes dans le monde ont bénéficié de soutien financier, alors que la compagnie aérienne n'a bénéficié d'aucun soutien direct de l'Etat à part de certaines actions non suffisantes, selon lui, pour combler les pertes énormes de la société ».
Le PDG a indiqué qu'en 2021, il y avait seulement cinq appareils opérationnels et pas d'argent. Et de noter que l'entretien d'un seul moteur coûte six millions de dollars. Or, Tunisair disposait en 2019 de 29 appareils (chaque appareil ayant deux réacteurs, ndlr)). Une maintenance qui a été très coûteuse pour la société dans une période difficile de crise financière, qui l'a enfoncé encore plus dans la spirale infernale et ne lui a pas permis de se relever, a-t-il expliqué.

Khaled Chelly a profité de l'opportunité pour rappeler que plusieurs plans de restructuration de Tunisair avaient été élaborés après la révolution mais aucun n'avait abouti. En 2021, après la pandémie, il était clair que la société avait un besoin urgent d'un plan de restructuration mis à jour en prenant en considération la situation mondiale.
Ce plan de restructuration comprenait quatre piliers : une stratégie commerciale, une restructuration financière et sociale et une refonte du mode de la gouvernance, a rappelé le PDG.
La stratégie commerciale était de réviser les lignes et dessertes : un classement de rentabilité de la période 2011-2019 a été établi et seules les lignes qui couvrent le coût d'exploitation ont été préservées, celles déficitaires ou potentiellement déficitaires ont été déprogrammées.
Le management a décidé, par la suite, le redimensionnement de la flotte, selon les nouveaux besoins. Actuellement, la flotte comprend 17 avions et sera portée à 19 appareils début 2024.
En outre, le management a opté pour une homogénéisation de la flotte avec deux A330 et le reste des A320. À cet effet, la compagnie allait se séparer de certains appareils. Il a précisé, dans ce cadre, que sur les 18 avions stationnés dans l'aéroport Tunis-Carthage, cinq ont été vendus, les acquéreurs ont pris les réacteurs et laissé les carcasses (Tunisair devrait s'en occuper, ndlr). Par contre, les procédures pour la cession des Boeing 737-600 sont en cours.
M. Chelly a indiqué qu'on estime que le produit de vente des avions serait de 80 à cent millions de dinars. La société compte aussi céder des immobilisations non nécessaires à l'exploitation et dont le produit serait situé entre soixante et 80 millions de dinars.
Au menu aussi un programme de digitalisation et surtout l'amélioration du service, a-t-il affirmé.


S'agissant de l'assainissement social, Khaled Chelly a indiqué que la société Tunisair-S.A compte 3.100 employés en 2023 contre 3.800 en 2019. La société ambitionne le départ d'encore mille employés. Le tout avec une mise à niveau de son personnel, afin qu'il s'adapte aux nouvelles technologies pour répondre aux besoins de la clientèle, tout en étant plus productif. L'objectif étant que l'effectif soit ramené à environ 2.000 employés pour une vingtaine d'appareils (un ratio d'une centaine d'employés par avion, ndlr).
Cependant, il a souligné que la société va poursuivre le développement de son capital humain avec le recrutement de pilotes et d'ingénieurs, surtout à cause du départ massif de ce genre d'employés qualifiés.
Et de déclarer qu'en 2023, la société vise à s'approcher des standards internationaux.

En ce qui concerne l'assainissement financier, la société s'est attelée à baisser les coûts en fermant certaines représentations étrangères, en négociant des contrats et en allégeant effectifs et loyers. Elle a aussi rééchelonné ses créances. M. Chelly a évoqué dans ce cadre les efforts de l'Etat qui a suspendu le payement d'une dette de 937 millions de dinars de Tunisair envers l'Office de l'aviation civile et des aéroports (OACA).
Dans le cadre de cette restructuration financière, la société a opté dans son plan à une augmentation de capital qui devrait couvrir le total de ses pertes, a soutenu le PDG sans vouloir avancer de montant. Un projet a été présenté, à cet effet, et la compagnie aérienne attend la tenue d'un conseil ministériel à la fin de cette année/début de l'année prochaine pour délibérer sur sa proposition. Cette augmentation devrait se faire en deux phases : La première phase sera une augmentation de capital par l'Etat. Ce même plan n'écarte pas l'entrée de partenaires stratégiques dans la société, après cela, car la participation de l'Etat après augmentation de capital passerait de 65% à 97%. Ainsi, le capital sera ouvert dans une deuxième phase aux épargnants et actionnaires de la société mais également à un partenaire stratégique.
Rappelons dans ce cadre, qu'un conseil ministériel était prévu en avril 2022 et n'a toujours pas été reprogrammé (à cause des difficultés des finances publiques, ndlr) et cela malgré le fait que le chef de l'Etat avait rencontré le 30 juin 2023, le ministre du Transport Rabie El Majidi et le PDG de Tunisair Khaled Chelly et avait souligné la nécessité de rétablir la gloire de Tunisair et l'accélération de la mise en place de la restructuration de Tunisair.
Ainsi et vu que l'Etat s'est dit contre la cession de Tunisair, il n'a guère le choix que d'avancer dans le plan de sauvetage de la société.

S'agissant de la refonte du mode de gouvernance, le PDG a expliqué que la société veut changer les lois et les procédures qui l'entravent étant donné qu'elle évolue « dans un contexte très compétitif, très changeant et très dynamique ». Pour lui, la gouvernance de la société doit s'adapter au contexte et environnement de l'entreprise publique. Actuellement, la société est entravée par les lois alors qu'elle est concurrencée par d'autres sociétés qui sont libres.
Il a aussi rappelé que l'assemblée générale avait entériné la séparation entre les postes de président du Conseil d'administration et de directeur général et que le conseil attend la finalisation du projet du gouvernement en ce qui concerne les administrateurs qui seront nommés dorénavant sur la base des compétences et par voie de concours.


Pour sa part, le mandataire spécial de l'Etat Sahbi Bouchareb a affirmé que l'Etat soutient Tunisair mais qu'il a des priorités. Il a noté que le soutien peut être direct ou indirect et rappelé qu'il y a diverses entreprises publiques dans le pétrin et qu'elles ont toutes besoin du soutien financier de l'Etat. Il a aussi souligné ce qu'il a considéré comme l'exploit de l'Etat qui a pu payer ses dettes extérieures sans l'aide du Fonds monétaire international (FMI) (en faisant abstraction de ce que cela a engendré en termes de pénuries à répétition et manque de diverses denrées, ndlr).
« On doit être patients entre nous, pour être tous gagnants. On ne doit pas douter les uns des autres (évoquant le projet de la cession de compagnie à un certain moment, mais qui a été définitivement abandonné par l'Etat, ndlr). L'avenir sera meilleur ! », a-t-il assuré.

En réponse à une interrogation sur les représentations à l'étranger, le PDG a indiqué que l'effectif a été réduit et qu'un concours a été opéré en 2021 suivi d'une mission d'inspection. Le dossier sera clôturé le plus tôt possible, ayant des répercussions graves sur la société, certaines représentations n'ayant pas de chef d'escale, de financier, des représentants. Et d'espérer que le problème sera résolu d'ici début de 2024.

On notera que les actionnaires avaient souvent perdu patience mais qu'ils ont pu être rassurés par Khaled Chelly grâce notamment à sa sincérité et sa transparence. Le PDG a d'ailleurs indiqué que, l'AGO de l'exercice 2020 est prévue pour avril 2024, et celle de l'exercice de 2021, six mois plus tard, en rappelant que leurs travaux avaient été entravés à cause de l'ERP qui a mis cinq ans pour être implémenté.

En ce qui concerne les performances de 2023 jusqu'à la tenue de cette AGO, le PDG a précisé que la société a enregistré une hausse de 17% en termes de passagers et de 18% en termes de chiffre d'affaires. Elle prévoit de finir l'année avec 2,5 millions de passagers transportés (+300.000 passagers) par rapport à un an auparavant, outre, une hausse de 18% à 20% de son chiffre d'affaires.
M. Chelly a avoué, cependant, que 2023 sera déficitaire. « Nous avons un grand fardeau et le plan de restructuration n'est pas achevé. Nous avons promis au gouvernement que dès que le plan de restructuration sera mis en place, Tunisair renouera avec les bénéfices », a-t-il affirmé.
Et de marteler : « C'est un exploit que Tunisair soit toujours là aujourd'hui. On revient de loin (rappelant l'épisode du Covid-19 et ses répercussions, ndlr). C'est comme un comateux qui vient de se réveiller, qui est en train de faire de la rééducation et qui se remettra peu à peu sur ses jambes », en mettant en relief la résilience de l'entreprise face aux diverses crises qui l'ont secoué.

« Notre mission est noble : sauver la compagnie. On vous remercie pour votre confiance. Nous n'allons épargner aucun effort. Nous avons beaucoup de problèmes. La responsabilité est grande, mais le conseil d'administration fait de grands efforts et derrière l'Etat avec toutes ses structures avec les moyens disponibles », a promis Khaled Chelly aux actionnaires.

La situation de Tunisair est compliquée. La société essaye de s'en sortir tant bien que mal, mais sans l'appui financier de l'Etat, cela demeure impossible. Pour renouer avec le profit, l'Etat devra mettre la main dans sa poche. En secourant et redressant Tunisair, il aura droit aux dividendes d'antan, ce qui ne peut être que gagnant-gagnant pour les deux parties. Affaire à suivre.


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