L'ancien député, Hatem Mliki, est revenu, mercredi 29 novembre 2023, sur la question de la migration irrégulière en Tunisie et la montée de la violence à Sfax, notamment, où des milliers de Subsahariens se sont installés soit pour y vivre ou pour y habiter momentanément en attendant de partir vers l'Europe sur des embarcations de fortune. Invité de la Matinale de Shems FM, il a affirmé au micro de Wissal Kasraoui, que l'approche tunisienne pour le traitement de ce dossier était totalement erronée, en référence au mémorandum d'entente signé en juillet entre la Tunisie et l'Europe à l'initiative de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni. Notant que la Tunisie est victime d'un mouvement régional de migration clandestine et irrégulière, Hatem Mliki a avancé que le dossier devrait être traité au niveau de l'Union européenne et de l'Union africaine et non à l'échelle des pays, c'est-à-dire entre la Tunisie et l'Italie. « La Tunisie aurait dû agir en tant que victime, solliciter les pays frères et voisins et l'Union européenne pour ainsi former une commission composée des pays concernés par la migration clandestine, c'est-à-dire les pays de l'Afrique du Nord et les pays membres de la Cedeao. On aurait dû négocier avec l'Union européenne et non avec l'extrême droite italienne. On aurait dû avoir une position unifiée avec la Libye et l'Algérie et collaborer davantage avec les Allemands, les Français et les Espagnols », a-t-il déclaré notant que cela était à l'origine de l'échec du MoU signé et la position fragilisée de la Tunisie.
Soulignant la nécessité de faire la distinction entre les personnes déplacées de force en raison de l'instabilité dans leurs pays d'origine et les migrants irréguliers, il a estimé que la responsabilité incombait à la communauté internationale notamment en ce qui concerne la défense des droits humains des réfugiés. Il a dénoncé, dans ce sens, la situation inhumaine dans laquelle se trouvent plusieurs des migrants subsahariens en Tunisie. Hatem Mliki a relevé, également, la nécessité de créer les outils nécessaires pour organiser les flux de migration économique, d'un côté et de l'autre, et les mécanismes de lutte contre la traite des êtres humains. « Il s'agit là de questions techniques, politiques, et humanitaires complexes. Un financement de 900 millions d'euros et un accord sous la table ne suffisent pas ! », a-t-il lancé notant que la protection du territoire tunisien contre les flux de migration nécessite les efforts conjoints de l'Etat, ses appareils, des organisations nationales et des citoyens. La semaine dernière, El Amra dans le gouvernorat de Sfax a été secouée par une recrudescence des violences entre des migrants Subsahariens et les forces de l'ordre. Vingt migrants subsahariens et deux Tunisiens suspectés d'avoir agressé des sécuritaires ont été arrêtés dans le cadre d'une instruction judiciaire ouverte sur une attaque commise, vendredi dernier, contre des agents de la Garde nationale à El Hmaizia dans la délégation d'El Amra. Un groupe de migrants a attaqué une unité de la Garde nationale qui avait effectué une descente pour confisquer des embarcations de fortune dans le cadre d'une mission de lutte contre la migration illégale. L'unité a été assaillie par des Subsahariens qui ont infligé des blessures plus ou moins graves à quatre agents de la Garde nationale. L'unité a dû appeler des renforts après qu'un des véhicules appartenant à la Garde nationale a été entièrement incendié.