« Personne ne sait où on en est aujourd'hui, économiquement parlant », a affirmé, vendredi 12 avril 2024, le professeur universitaire en sciences économiques, Ridha Chkoundali, commentant la situation économique du pays. L'universitaire a expliqué, au micro de Hatem Ben Amara dans l'émission Sbeh El Ward sur Jawhara FM, qu'il y a un flou qui entoure l'avenir de l'économie tunisienne surtout qu'il n'y a pas de vision claire pour dire si le pays est sur la bonne voie ou pas. Cela dit, il a estimé que certains indicateurs enregistrés fin 2023 ainsi que l'inflation à fin mars et les orientations pour la préparation du projet du budget de l'Etat pour 2025 permettent de dire si nous le sommes ou pas.
M. Chkoundali a indiqué que l'inflation à fin mars 2024 s'est stabilisée à 7,5% alors qu'elle avait atteint 10,4% en février 2023. Et de remarquer qu'une baisse de l'inflation ne signifie pas une amélioration de la situation économique. Car, les prix ont non seulement atteint des hausses records mais continuent aussi à augmenter. Il a précisé dans ce cadre que les prix des produits de base pour les Tunisiens ont doublé et triplé par rapport à la moyenne générale. Et, c'est pour cela que les Tunisiens estiment que l'inflation de 7,5% ne reflète pas leur ressenti au quotidien, a-t-il noté.
D'un autre côté, l'expert comprend la décision de la Banque centrale de maintenir son taux directeur à 8%, une décision qui s'inscrit dans le cadre de la prudence. Mais, il pense que l'économie tunisienne a besoin d'un choc, via la mise en place trois ou quatre lois fortes. Ainsi, pour lui l'amendement du Code des changes, n'a aucun intérêt sans l'amendement de la loi de l'investissement outre un pas courageux de l'autorité monétaire en baissant son taux directeur de cent points de base. Ces trois décisions provoqueront, selon lui, le choc désiré. Et de soutenir que les mécanismes de la politique monétaire en Tunisie sont différents de ceux de l'Europe ou des Etats-Unis d'Amérique, étant munis d'un marché financier capable de capter les avoirs en devises, permettant de maintenir leurs devises respectives. En Tunisie, le marché financier est très faible, donc augmenter le taux d'intérêt ne capte pas les avoirs en devises et ne consolide pas le dinar tunisien. Au contraire, cela tue l'investissement à cause de la hausse des coûts et diminue la consommation à cause de la baisse des crédits de consommation, a-t-il spécifié.