Le ministre des Affaires étrangères, Nabil Ammar a affirmé, jeudi 27 juin 2024, lors d'une conférence de presse que « la Tunisie n'était pas le gardien des frontières maritimes de l'Europe ni d'aucune autre partie ». Nabil Ammar a affirmé ainsi que le rôle de la Tunisie était de surveiller et de protéger ses propres côtes et rien d'autre.
La déclaration du ministre survient alors que plusieurs observateurs ont critiqué la politique de refoulement des migrants entreprise par les autorités tunisiennes en méditerranée. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni avait confirmé dans une récente déclaration que les flux de migrants vers l'Italie ont baissé de plus de 60% en 2024 grâce aux interceptions en mer effectuées par la Tunisie. Par ailleurs, le 19 juin 2024, l'Organisation maritime internationale a annoncé la création officielle d'une zone SAR tunisienne, afin d'intercepter davantage de migrants qui tenteraient la traversée. La procédure avait été appuyée par l'Italie et elle implique que les navires tunisiens se déplacent dans la nouvelle zone en dehors des eaux territoriales afin de repêcher des migrants et de les ramener sur le sol tunisien. Cette adhésion avait été considérée comme étant un atout servant en premier les intérêts de l'Union européenne.
D'autre part, le ministre des Affaires étrangères a relevé, au cours de la conférence, que « l'action diplomatique internationale est une confrontation compréhensible, alors que chaque pays défend ses propres intérêts qui se heurtent parfois à d'autres intérêts ». Cette semaine, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell avait exprimé les inquiétudes des 27 quant à ce qu'il a qualifié comme un rapprochement de la Tunisie avec la Russie, la Chine et l'Iran. A cela, la diplomatie tunisienne a répondu en faisant valoir l'indépendance de ses choix. Nabil Ammar a estimé qu'« il est dans l'intérêt de la Tunisie d'entretenir de bonnes relations avec tous les voisons et les partenaires ». Commentant les propos de Josep Borrell, il a assuré que cela ne valait pas la peine de polémiquer dessus, que le diplomate était sur le départ à l'issue des élections européennes et que sa déclaration n'avait eu aucun effet. « Cela a fait pschitt. Les responsables européens ne l'ont pas suivi. Je pense qu'il s'agit d'un épiphénomène. Certaines personnes qui se disent tunisiennes sont derrière ça. M. Borrell a voulu faire séparer la position du gouvernement de celle de la majorité du peuple, ce qui est erroné. Il n'y a qu'une extrême minorité, quel que soit son pouvoir, qui adhère à ce qu'il a dit. Le monsieur n'a plus aucune légitimité », a conclu le ministre, précisant qu'il voulait fermer cette parenthèse. .