À l'issue de la réunion du Conseil européen des Affaires étrangères, tenue le 24 juin 2024, le Haut-représentant, Josep Borrell a succinctement abordé le cas de la Tunisie. Si des agences de presse européennes avaient révélé, la semaine dernière, que M. Borrell avait inscrit une question sur la situation des droits de l'Homme en Tunisie à l'ordre du jour, cette question semble avoir été évincée.
Le Haut-représentant a abordé après la réunion du conseil un autre volet, se focalisant surtout sur les aspects géopolitiques. Après avoir réaffirmé que la Tunisie est un partenaire très important et de longue date pour l'Union européenne, Josep Borrell a déclaré : « À la lumière des récents développements internes et externes, nous devons évaluer collectivement la situation. En deuxième lieu, nous devons discuter de la manière de gérer notre partenariat avec la Tunisie et de maintenir notre soutien au peuple tunisien ». Le Haut-représentant a invité les Vingt-sept à entamer une réflexion afin « d'éviter certains événements qui ont suscité des inquiétudes. En particulier, le rapprochement avec la Russie, l'Iran et la Chine que nous percevons au niveau du gouvernement ». Pour Josep Borrell, il s'agit d'une première discussion, assurant : « Nous examinerons davantage d'éléments à ce sujet ».
Récemment, le président de la République Kaïs Saïed a effectué une visite d'Etat en Chine pour participer à la 10e Conférence ministérielle du Forum de coopération sino-arabe. Le 31 mai 2024, les présidents tunisien et chinois annonçaient l'établissement d'un partenariat stratégique entre les deux pays. Deux semaines plus tôt, le chef de l'Etat se rendait en Iran pour assister aux funérailles du président iranien Ebrahim Raïssi et du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian. Il avait alors été reçu par le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei. Fin 2023, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov atterrissait à Tunis après une précédente visite à Moscou du chef de la diplomatie tunisienne, Nabil Ammar annonçant le renforcement du partenariat entre les deux pays. Des rencontres qui ont forcément attiré les regards de l'axe occidental.
Du côté de Carthage, le président de la République n'hésite pas à monter au créneau en dénonçant les ingérences des pays occidentaux. Lors de la dernière vague d'arrestations visant des avocats, des journalistes et des activistes de la société civile, l'UE, la France et les Etats-Unis, avaient exprimé des inquiétudes. Cela avait été perçu comme étant de l'ingérence et une atteinte à la souveraineté de la Tunisie. M. Saïed avait alors exigé la convocation des ambassadeurs européen, français et américain pour protester contre les ingérences extérieures.