Le nouveau pont de Bizerte entre dans sa phase principale de construction avec le chinois Sichuan Engineering    Miss Tunisie, demi-finaliste mondiale à Miss World 2025 en Inde    Affaire de complot : la Cour d'appel confirme la peine de 10 ans contre Noureddine B'hiri    Le gouvernement met les bouchées doubles pour sécuriser les engrais avant la saison agricole    Crime raciste à Puget-sur-Argens : l'ambassadeur de Tunisie reçoit le ministre français de l'Intérieur    LTDH : en Tunisie comme en France, la complaisance face à la haine alimente la violence raciste    Eruption de l'Etna : Quel danger pour la Tunisie ?    Saber Masmoudi : on ne connait pas le nombre exact de diplômes falsifiés    Qatar : déficit budgétaire de 145,3 millions de dollars au premier trimestre 2025    La Chine lance un visa ASEAN pour renforcer les échanges régionaux    Quand le terroriste est blanc et la victime arabe    Les U17 tunisiens affrontent les U20 algériens en amical avant le Mondial au Qatar    Fête de l'Aïd al-Adha : deux jours de congé pour les agents de l'Etat    En photos : la piscine municipale du Belvédère accueille ses premiers visiteurs    Salon International du Plastique et Pack Print Tunisia, le Salon International de l'Emballage et de l'Imprimerie 17 au 20 Juin 2025    Raoua Tlili sacrée championne au Grand Prix de para-athlétisme de Paris    Aïd al-Adha : Recommandations de l'INSSPA pour un sacrifice sain et une viande sans risque    Qawafel sonde les clés de la conquête Africaine pour les entreprises Tunisiennes    L'actrice égyptienne Samiha Ayoub décédée    Le film To a land Unknown du réalisateur palestinien Mahdi Fleifel au cinéma en Tunisie (B.A. et Synopsis)    Météo Tunisie - Hausse des températures sur l'ensemble du pays    La Banque de Tunisie distinguée pour son rôle moteur dans le commerce international : entre reconnaissance, stratégie d'ouverture et perspectives de partenariat    Simpar annonce la date de son AGO pour l'exercice 2024    Monnaie en circulation - Nouveau record : la barre des 24,5 milliards franchie en juin 2025    Transport : un programme exceptionnel pour faciliter les déplacements durant l'Aïd    Bac 2025 – Dans les régions : Démarrage des épreuves de la session principale    Bac 2025 : Première ligne droite    Code du travail : La bataille des décrets commence    Match amical – Tunisie–Burkina Faso (2-0) : Une bonne copie !    Le Danemark ouvre son ambassade à Tunis, cet été    Maghroum'IN et le réseau EUNIC en visite à Bizerte pour mettre en lumière les initiatives dédiées à l'inclusion des jeunes    Le président de la République reçoit le ministre de la Défense    Il était si doux, si calme » : qui était Hichem Miraoui, Tunisien victime de la haine à Puget-sur-Argens ?    Restructuration de l'Etat : Vers un grand ménage dans les institutions tunisiennes    Horaires de Prière ville de Tunis ( Awkat Salat pour Tunis )    Chedli Klibi aussi à la Bibliothèque nationale de Tunisie    Tunis et Paris échangent après le meurtre raciste d'un Tunisien en France    La Tunisie œuvre pour la conversion du service de sa dette bilatérale en financement de projets pour l'environnement    Haine raciste en France : un Tunisien tué, le Parquet antiterroriste saisi de l'enquête    L'historien et penseur tunisien Abdeljelil Temimi remporte le Prix Sultan Bin Ali Al Owais    Abdellaziz Ben-Jebria: Comment célébrer les trois-quarts de siècle en souffrant ?    Un homme tue son voisin tunisien à Puget-sur-Argens : une enquête est ouverte    Tennis – Double messieurs : Aziz Dougaz offre un titre à la Tunisie à Little Rock    Thuburbo Majus dévoile ses secrets : une cité antique sous la loupe des chercheurs    Aziz Dougaz en finale du double à Little Rock    Ligue des champions : tous les sacres depuis 1956    Finale de la Ligue des champions : deux morts et 559 interpellations en France    Un don record à la Bibliothèque nationale : le fonds Cheikh Mohamed Chadli Ennaifar    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



On emprisonne Abdelaziz Makhloufi et on oublie l'ONH et le Cepex
Publié dans Business News le 09 - 12 - 2024

La chute de Bachar el-Assad : une victoire à double tranchant
Bachar el-Assad est tombé. Une page de l'histoire syrienne et arabe se tourne, après un règne de 54 ans sans partage d'une dynastie alaouite minoritaire qui a conduit le pays à l'abîme.
La chute de Bachar n'aurait pu avoir lieu sans l'appui logistique, militaire et financier de plusieurs puissances mondiales, parmi lesquelles Israël, la Turquie, les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis et le Qatar. Mais avant d'applaudir cette chute, il convient de réfléchir aux intérêts de ces puissances, qui ne coïncident pas, loin s'en faut, avec ceux des millions d'Arabes qui célèbrent la fin de ce régime.
En réalité, la chute du régime syrien pourrait, à terme, signifier celle de la Syrie elle-même, tout comme ce fut le cas pour l'Irak et la Libye. Elle annonce aussi un affaiblissement certain du Hezbollah et du Hamas, qui perdront un soutien essentiel dans leur lutte contre Israël. Pourtant, les applaudissements fusent encore, sans que ces conséquences ne soient mesurées.
Cette euphorie rappelle celle qui avait suivi l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023. Beaucoup s'étaient réjouis sans anticiper les représailles dévastatrices qui s'abattraient sur Gaza. "Laissez-nous jouir de l'instant," disaient-ils alors. Israël leur a répondu : "Rira bien qui rira le dernier."
Les mêmes qui se réjouissaient de la frappe du 7-Octobre se réjouissent aujourd'hui de la chute de Bachar. "Réjouissez-vous, vous êtes comme les moutons qui vont à l'abattoir, contents de ne pas devoir réfléchir sur les intentions de leur guide", leur répond Israël et ses alliés arabes et occidentaux. La Syrie sera découpée en morceaux, comme ont été découpés l'Irak et la Libye. La résistance palestinienne et libanaise très profondément amoindrie. Les Arabes pleurent la Palestine et le Liban tout en fêtant la chute du régime qui les soutenaient réellement. Quelle ironie tragique

Abdelaziz Makhloufi : un magnat au cœur de la tourmente
Loin des tumultes du Moyen-Orient, à Tunis, l'hiver s'installe timidement. Nos préoccupations sont, fort heureusement, moins dramatiques, bien que sérieuses : nous aspirons à plus de démocratie, de libertés, et à moins d'inflation et de pénuries.
Cela fait sept semaines qu'Abdelaziz Makhloufi, magnat de l'huile d'olive, est en prison. "Un seul être vous manque et tout est dépeuplé," disait Lamartine. Depuis son arrestation, le secteur de l'huile d'olive tunisienne est parti en vrac. Les producteurs, déboussolés, bradent leurs marchandises, incapables de trouver des débouchés.
Avant son arrestation, Makhloufi achetait la majorité des récoltes pour les exporter, soutenu par la confiance des banquiers. Connaissant chaque maillon de la chaîne — producteurs, grossistes, banquiers, et acheteurs européens — il dominait le marché grâce à des décennies de travail acharné. Cette position dominante, critiquée aujourd'hui, révèle aussi la faiblesse des concurrents et l'incapacité de l'Etat à réguler le marché.
Makhloufi a-t-il abusé de sa position ? Cela reste à prouver. Mais dans un Etat de droit, la présomption d'innocence devrait prévaloir. Pourtant, sous le régime de Kaïs Saïed, cette notion semble obsolète. On emprisonne d'abord, on instruit ensuite. Aujourd'hui, ce sont des dizaines d'hommes d'affaires, de journalistes et d'hommes et femmes politiques qui sont en prison en violation totale de leurs droits et de la présomption d'innocence. Peu importe, le régime répond qu'il est en train de mener une guerre de libération nationale pour libérer le pays des lobbys et des cartels. Kaïs Saïed répète la même rengaine chaque semaine.

Un secteur à la dérive
La détention de Makhloufi a des conséquences graves pour les milliers d'agriculteurs qui dépendent de lui. Sans solution de rechange, ils bradent leur huile sur les parkings, une situation humiliante pour un produit qui fut autrefois l'orgueil de nos ancêtres.
Le secteur est-il aussi fragile et dépend-il d'un seul et unique homme ? Hélas oui, comme nous sommes en train de le constater. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.
Où est l'Etat ? Pourquoi a-t-il permis cette position dominante et cette fragilité ? Le régime ne répond pas à cette question, la réponse exposerait ses défaillances devant l'opinion publique, il préfère tout mettre sur le dos des cartels, des lobbys, des corrompus et de Abdelaziz Makhloufi.
Pourtant, il est bon de rappeler que l'Etat (quand il était bien dirigé) a deux institutions qui auraient pu venir au secours de tous ces agriculteurs et garantir l'export, comme chaque année, de leurs marchandises. Si ces deux institutions avaient bien fait leur travail, les agriculteurs n'auraient pas aujourd'hui tous ces problèmes et ce manque à gagner terrible.
Il s'agit de l'Office national de l'huile (ONH) et du Centre de promotion des exportations (Cepex).
La situation actuelle de l'huile d'olive reflète la défaillance flagrante de ces deux institutions que nous payons par nos impôts.
Ce n'est pas Abdelaziz Makhloufi qui est fort et bosseur qui l'a catapulté dans la position de magnat, c'est l'ONH et le Cepex qui sont faibles et qui ont rendu cela possible.
L'ONH et le Cepex auraient bien fait leur travail, ils n'auraient pas permis une si grande concentration de pouvoirs entre les mains d'un seul homme. Ils auraient bien fait leur travail, ils auraient exploré eux-mêmes les marchés internationaux pour offrir des débouchés aux agriculteurs autres que ceux offerts par M. Makhloufi et deux ou trois autres exportateurs.
Abdelaziz Makhloufi exporte sa marchandise principalement en Europe. On peut bien entendre que l'ONH et le Cepex ne puissent pas pénétrer ce marché dominé par M. Makhloufi, mais pourquoi ne sont-ils pas allés explorer l'Asie, les deux Amériques, l'Océanie, ni même le Moyen-Orient et l'Afrique si proches culturellement et géographiquement ?

Kaïs Saïed et la rhétorique des lobbys
Kaïs Saïed affirme vouloir libérer le pays des lobbys et des cartels, qu'il assimile à la corruption et au micmac. Soit dit en passant, il n'existe aucune économie au monde où l'influence des lobbys est absente. Le messie Kaïs Saïed dit apporter au pays et à l'ensemble de l'humanité des solutions nouvelles salvatrices pour l'économie, soit, mais où sont-elles ces solutions ? Pourquoi l'arrestation d'un seul homme a-t-elle suffi à ébranler tout un secteur ? Pourquoi les institutions publiques n'ont-elles pas joué leur rôle de tampon ? Plutôt que de pointer du doigt les entrepreneurs qui ont réussi, le régime ferait mieux de questionner les défaillances de l'ONH et du Cepex.
Rendre sa force à l'Etat est une ambition louable, mais cela ne passe pas par la destruction des piliers de l'économie privée. Ce n'est qu'en responsabilisant ses institutions que le régime pourra espérer stabiliser le pays.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.