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Injustice prolongée : Mourad Zeghidi et Borhen Bssais restent derrière les barreaux
Publié dans Business News le 09 - 01 - 2025

Samedi 11 janvier 2025, Mourad Zeghidi et Borhen Bssais devaient être libérés après avoir purgé l'intégralité de leurs peines de prison. Sauf qu'ils ne sortiront pas de sitôt, le pouvoir despotique de Kaïs Saïed a décidé de les maintenir en prison en déclenchant une nouvelle sordide affaire.

Mercredi 8 janvier 2025, le président de la République Kaïs Saïed reçoit sa ministre de la Justice Leïla Jaffel et lui parle de justice et du droit des citoyens. Dans un arabe littéraire à la fois rébarbatif et anachronique, il évoque le bon Dieu qui détient la balance judiciaire.
De prime abord, on pourrait croire que Kaïs Saïed est le président le plus juste au monde. Sauf que ce n'est que de la langue de bois servie, à volonté, aux aficionados aveuglés. Le discours présidentiel contraste avec la réalité.
Deux cas parmi des dizaines d'autres, ceux de Mourad Zeghidi et Borhen Bssais, deux figures emblématiques du journalisme tunisien, qui se retrouvent plongés au cœur d'une véritable tempête judiciaire illustrant, une fois de plus, les dérives d'un système judiciaire souvent pointé du doigt pour son manque de transparence et d'équité. Leur sort, pourtant scellé par une peine d'emprisonnement initialement prévue pour se terminer le 11 janvier 2025, a basculé brutalement le 3 décembre 2024. Ce jour-là, un nouveau mandat de dépôt était émis contre eux, les maintenant en prison sans qu'ils aient été interrogés par le juge d'instruction.

Des accusations initiales controversées
Le début de l'affaire remonte à la nuit du 11 au 12 mai 2024. Mourad Zeghidi et Borhen Bssais sont placés en garde à vue pendant 48 heures, après avoir été appréhendés dans des conditions pour le moins choquantes. Mourad est arrêté à son domicile tandis que Borhen est interpellé sur la route, alors qu'il rentrait de Hammamet avec sa famille. Les interrogatoires portaient principalement sur des analyses politiques réalisées sur Radio IFM ainsi que sur une publication Facebook soutenant un autre journaliste.
Quelques jours plus tard, le 15 mai 2024, la procédure judiciaire s'alourdit avec l'émission de mandats de dépôt. Les accusations, basées sur le décret 54 controversé, portaient sur l'utilisation de systèmes d'information pour porter atteinte à autrui. D'après leurs avocats, aucun élément probant ne justifiait ces poursuites. Ce décret, critiqué par plusieurs organisations de défense des droits humains, est souvent perçu comme un outil de répression contre les voix dissidentes.
Le 22 mai 2024, le tribunal de première instance de Tunis prononce un verdict : un an de prison ferme pour atteinte à l'ordre public et attribution de faits non réels à un fonctionnaire public. Un jugement qualifié d'«inédit» et «injustifié» par Mourad Zeghidi, exprimant son incompréhension face à une peine si sévère. « Ce n'était pas une audience à charge, et pourtant, le verdict est tombé comme un couperet », a déclaré Ghazi Mrabet, l'avocat de Mourad. Personne ne sait précisément quelle rumeur ni quelle information erronée Mourad Zeghidi a propagé.
Cette condamnation s'est accompagnée d'une vague de soutien de la part de leurs collègues et amis. Une pétition rédigée par des personnalités des médias et du sport a souligné l'impact de Mourad dans l'univers médiatique, rappelant son passage à Canal Plus et son dévouement à la presse libre en Tunisie.

Une condamnation réduite en appel mais des doutes persistants
En juillet 2024, la chambre correctionnelle de la cour d'appel de Tunis réduit leur peine initiale d'un an à huit mois de prison ferme. Cette réduction, bien que bienvenue, n'efface pas les doutes sur la validité des accusations et des procédures. Mourad et Borhen avaient espéré que la cour reconnaîtrait l'absence de preuves tangibles contre eux, mais la décision finale de maintenir leur condamnation, même réduite, a renforcé leur sentiment d'injustice.
La réduction de la peine a également suscité des réactions mitigées dans l'opinion publique. Si certains y voient un premier pas vers la reconnaissance d'une erreur judiciaire, d'autres considèrent que cette peine, même réduite, reste une tentative de dissuader les journalistes de critiquer ouvertement le pouvoir. L'affaire s'inscrit dans un contexte plus large de restrictions accrues sur la presse et de pressions exercées sur les voix critiques.

Une instruction tardive et un nouveau mandat de dépôt
Parallèlement, une nouvelle affaire est ouverte le 27 mai 2024 pour des soupçons d'enrichissement illicite et de blanchiment d'argent. Selon le porte-parole du tribunal, Mohamed Zitouna, ces accusations concernaient leurs activités médiatiques et leurs supposées détentions d'actions dans des sociétés. Cette enquête semblait étrangement alignée avec la volonté de prolonger leur emprisonnement, malgré l'absence de preuves tangibles.
Il a fallu attendre le 3 décembre 2024 pour que l'instruction annoncée en mai commence effectivement. Sauf qu'elle démarre mal, le premier juge d'instruction décide d'émettre un mandat de dépôt sans même interroger les deux journalistes et ce, cinq semaines seulement avant leur libération prévue. Ce détail est capital : il constitue une entorse grave aux principes fondamentaux de la justice équitable. En effet, il est rarissime, même dans des affaires criminelles complexes, qu'un mandat de dépôt soit émis sans une audition préalable des accusés.
Cette instruction tardive, étayée par des accusations vagues, soulève des questions sur l'indépendance du pouvoir judiciaire. Pourquoi avoir attendu près de sept mois après l'ouverture de l'enquête pour entamer cette procédure ? Ce retard, couplé à l'absence d'interrogatoire, laisse planer le doute sur les motivations réelles derrière cette affaire.

Une injustice flagrante et une mobilisation en leur faveur
La prolongation de leur détention a provoqué une vague d'indignation en Tunisie et au-delà. Plusieurs figures du monde médiatique et sportif ont exprimé leur soutien, rappelant le parcours exemplaire de Mourad Zeghidi, surnommé «le Tunisien de Canal +» pour sa carrière en France. Une pétition signée par des personnalités telles que Marcel Desailly ou Nathalie Iannetta souligne son humanisme, sa rigueur et son éthique journalistique.
D'autres, comme l'avocat Ghazi Mrabet, insistent sur l'impact psychologique et professionnel de cette détention. Mourad regrette l'absence de ses émissions et de son lien avec le public, mais affirme qu'il assume ce prix pour la liberté d'expression.

Le poids humain de l'injustice
Le 28 mai 2024, Mourad Zeghidi célèbre ses 52 ans en prison. Ses amis soulignent son mode de vie modeste, contrastant avec les accusations d'enrichissement illicite. Riche d'éthique et de culture, il incarne l'image d'un journaliste intègre, éloigné des fastes qu'on cherche à lui prêter.
Les déclarations poignantes de Mourad à ses proches reflètent également l'impact personnel de cette incarcération. « Si je dois payer ce prix pour la liberté de la presse, alors je le ferai sans regrets. », aurait-il confié. Ses propos sont autant un témoignage de courage qu'une condamnation implicite des restrictions à la liberté d'expression dans le pays.

Un appel à la réflexion et à l'action
Alors que la date du 11 janvier 2025 aurait dû marquer leur libération, Mourad Zeghidi et Borhen Bssais restent derrière les barreaux, victimes d'un système judiciaire qui semble préférer le silence à la vérité. Cette situation ne peut laisser indifférent, car elle incarne une remise en cause directe de la liberté d'expression et de l'indépendance de la presse en Tunisie.
Au-delà de leur cas personnel, cette affaire interpelle sur l'état de droit et le futur des libertés fondamentales dans le pays. Mourad Zeghidi et Borhen Bssais deviennent ainsi des symboles d'une lutte plus large, celle de tous ceux qui aspirent à une justice impartiale et à une démocratie véritablement pluraliste. Leur combat, bien que difficile, rappelle que chaque voix compte dans la défense des droits fondamentaux et que le silence face à l'injustice n'est jamais une option.
Il appartient aujourd'hui à la société civile, aux journalistes et aux citoyens engagés de poursuivre cette mobilisation pour exiger non seulement la libération immédiate de ces deux journalistes, mais également des réformes profondes qui garantiront une presse libre et un système judiciaire transparent.


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