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Cinq chefs du gouvernement en cinq ans, preuve totale de l'instabilité gouvernementale
Publié dans Business News le 21 - 03 - 2025

Le président Kaïs Saïed a limogé, dans la nuit du jeudi 20 au vendredi 21 mars 2025, son chef du gouvernement Kamel Maddouri et a nommé à sa place la ministre de l'Equipement, Sarra Zaâfrani Zanzri. Il s'agit là du quatrième chef du gouvernement en moins de cinq ans, depuis son putsch du 25 juillet 2021. Kaïs Saïed a beau dire qu'il veut une stabilité gouvernementale et qu'il ne veut plus des CDD, il agit à l'exact contraire de sa propre politique.

Sept mois et treize jours. Telle a été la durée du chef du gouvernement déchu, Kamel Maddouri, à la Kasbah. Nommé le 7 août 2024, limogé le 20 mars 2025 (jour de la fête de l'Indépendance), M. Maddouri inscrit son nom parmi les ministres qui ont eu le passage le plus bref à la primature. A-t-il démissionné ou a-t-il été limogé ? On ne le saura pas tout de suite, toujours est-il que ce départ a surpris tous les observateurs. Personne ne s'y attendait.
Comme toujours, Kaïs Saïed prend tout le monde par surprise en annonçant son limogeage à 5h33, juste après la tenue du Conseil de sécurité nationale, auquel a participé le chef du gouvernement déchu. La décision du limogeage a-t-elle été prise brusquement au cours de cette réunion, suite à une phrase malheureuse du chef du gouvernement ? Peut-être a-t-il démissionné au cours de la réunion, parce qu'il n'était pas d'accord avec la politique du président de la République ? A priori, la décision du limogeage a précédé la réunion, puisque sa successeure y était présente, alors que (théoriquement) une ministre de l'Equipement n'a pas à assister à une réunion du Conseil supérieur de la sécurité nationale. Mais dans ce cas, pourquoi M. Maddouri y était-il encore présent alors que le chef de l'Etat avait déjà décidé de son départ ? Autant de questions auxquelles personne ne pourra répondre de sitôt. Le chef de l'Etat joue l'opacité totale et estime que les Tunisiens - contribuables - n'ont pas à connaître ce genre de choses.

Une dissonance à la tête de l'Etat
Kaïs Saïed et Kamel Maddouri ont une vision différente de la politique et de la conduite des affaires de l'Etat. Alors que le premier est impulsif et colérique, le second est calme et posé. Le chef de l'Etat a une vision utopique, le chef du gouvernement semble pragmatique.

Dans un article très décrié par quelques-uns de nos lecteurs parmi les faux-sachants, Business News a pourtant visé en plein dans le mille, il y a deux jours, en parlant de dissonance entre la présidence de la République et la présidence du gouvernement. Oui, il y a clairement une dissonance, et celle-ci s'est matérialisée par le limogeage-surprise du subordonné, sept mois après sa nomination. Encore une preuve de l'utopie présidentielle qui rate, une nouvelle fois, son casting.

Une longue série de limogeages
Ça n'a rien d'une première. Business News décompte quelque 98 limogeages de hauts commis de l'Etat depuis le 25 juillet 2021, dont un bon paquet ont été nommés par Kaïs Saïed lui-même. Depuis le début de l'année, il y a eu six limogeages, dont une ministre.
Cela paraît évident : si Kaïs Saïed « consomme » tant de chefs du gouvernement, c'est qu'il y a une erreur de casting au départ.
Avant même son putsch, il a nommé Elyes Fakhfakh le 27 février 2020, « invité à démissionner » le 2 septembre de la même année. Il est remplacé par Hichem Mechichi, qui fut limogé le 25 juillet 2021. Najla Bouden a été nommée le 11 octobre 2021 avant d'être sèchement limogée le 1er août 2023. Un record de longévité, puisqu'elle est la seule à être restée plus d'un an. Ahmed Hachani a été nommé dans la foulée, pour être limogé un an et sept jours après, le 8 août 2024.

Une présidence déconnectée de la réalité
Kamel Maddouri est donc resté sept mois et, comme ses prédécesseurs, n'a pas réussi à convaincre son utopique président.
Mais que veut Kaïs Saïed ? Quelle est donc cette chaussure qui convient à son pied ? En suivant de près ses activités, le président tunisien vit dans une autre époque, sur un nuage. Il croit encore au rôle social de l'Etat et à un modèle bien plus proche du communisme que du capitalisme. L'intention est bonne, faut-il encore avoir les moyens de sa politique, et Kaïs Saïed n'en a pas.

Depuis son nuage, Kaïs Saïed cultive l'utopie. Pour financer l'Etat, il pense récupérer le soi-disant argent dérobé par de présumés hommes d'affaires véreux. Echec total. Il en met plusieurs en prison pour les obliger à payer. Encore un échec : les montants dont il parle n'existent pas et n'ont jamais existé. Il a beau multiplier les contrôles fiscaux, nommer et dénommer des membres de la commission de réconciliation, il n'a pas réussi à obtenir les « milliers de milliards » dont il parle.
On frise carrément l'indécence, puisqu'on demande à certains hommes d'affaires de payer des montants qui dépassent l'ensemble de leurs avoirs, qu'ils soient dérobés (CQFD) ou honnêtement gagnés.

Utopies sur utopies, échecs en cascade
Kaïs Saïed a ensuite lancé le projet des sociétés communautaires grâce auxquelles il pensait en finir avec le chômage et le travail précaire. Echec cuisant. Refusant d'admettre que son idée est juste utopique, il s'en est pris à ceux qui la ridiculisaient.
En parallèle, il ne cesse d'alourdir les dépenses de l'Etat avec des décisions budgétivores, non préparées et impulsives. Comme le recrutement soudain de milliers d'enseignants, la reconstruction du stade d'El Menzah ou la construction de la cité médicale de Kairouan. Non seulement l'Etat vit bien au-delà de ses moyens, mais Kaïs Saïed refuse de privatiser ou de fermer les entreprises déficitaires. Il vit encore au milieu du siècle dernier, où la force des Etats se calculait par le nombre de leurs avoirs.

Une politique de cigale et ses conséquences
Afin de financer cette politique irréfléchie de cigale, n'ayant pas d'autre solution, l'Etat s'est tourné vers les entreprises pour leur imposer encore plus de taxes et impôts. La pression fiscale est devenue telle que l'on ne soit plus encouragé à investir. Inévitablement, cela impacte négativement la croissance, l'inflation et le chômage. La Tunisie va de mal en pis, et ceci est visible à l'œil nu.
Kaïs Saïed le voit bien, mais il ne fait aucune autocritique, ni de révision de ses « principes » et de sa politique. Il préfère s'en prendre à ses ministres, aux conspirationnistes tunisiens et étrangers, aux lobbys, aux médias hostiles et aux fantômes.

Les pragmatiques sacrifiés
Si Kaïs Saïed est sur un nuage, quelques-uns de ses chefs du gouvernement et de ses ministres ne le sont pas et brillent par un certain pragmatisme. Kamel Maddouri, Sihem Nemsia ou encore Samir Saïed font partie des rares ministres qui ont essayé de le convaincre que la réalité du terrain ne colle pas avec sa politique. Que son Etat social et égalitaire est juste utopique. Tous sèchement limogés.
Dictant une politique anachronique, irréaliste et budgétivore, Kaïs Saïed veut trouver un chef du gouvernement capable de le suivre à la lettre, contre toute logique. Une carpette, en somme. Il a réussi à trouver la « perle rare » en la personne d'Ahmed Hachani. Mais il a fini par s'en lasser un an après sa nomination. Il est parti comme il est arrivé, brillant par son insignifiance.
Mais que veut-il donc ? S'il refuse les personnes pragmatiques qui ne lui ressemblent pas, et qu'il refuse les béni-oui-oui, que reste-t-il ?

Une « Najla Bouden bis » à la Kasbah ?

En nommant Sarra Zaâfrani Zanzri, Kaïs Saïed espère trouver une Najla Bouden bis. C'est la deuxième femme cheffe du gouvernement en Tunisie et, comme elle, elle est issue de l'administration.

Le costume a été trop, trop large pour Mme Bouden. Force est de parier qu'il en sera de même pour Mme Zaâfrani Zanzri, puisque cette dame n'a eu aucune expérience politique par le passé et n'est quasiment jamais sortie de son ministère de l'Equipement. Avec Leïla Jaffel, ministre de la Justice, elle est la seule rescapée depuis le putsch de 2021. Il est évident que Kaïs Saïed (ou/et certains de son entourage) lui fait grande confiance. Mais celle-ci serait-elle suffisante pour bien piloter la Kasbah ? La réponse est évidemment négative, autrement ça se saurait.

Le pilotage de la Kasbah (et donc de l'Etat) n'a rien à voir avec le pilotage d'une direction au sein d'un ministère. La biographie de la nouvelle cheffe du gouvernement est désespérément pauvre. La dame, aussi compétente et gentille soit-elle (elle bénéficie d'une excellente presse, nous confie un ancien ministre de l'Equipement), le fait est que son expérience n'a jamais dépassé les murs de ce ministère.

Un président champion du CDD
En tout état de cause, il lui faut entre trois et six mois pour connaître les couloirs de la Kasbah et ses dossiers complexes. Période d'apprentissage durant laquelle elle doit quand même assurer le boulot et faire les arbitrages. C'est juste irréaliste.
D'autant plus irréaliste que le ministère technique le plus sensible du gouvernement, celui des Finances, a aussi une bleue à sa tête. Comment deux néophytes vont-elles assurer le budget et le fonctionnement normal de l'Etat ?
Depuis son nuage, Kaïs Saïed ne s'est même pas posé la question. Sachant que ses communiqués ont été publiés à 5 heures du matin, il est fort à parier qu'il est en train de dormir en ce moment.
Pour l'anecdote, un des tout derniers projets utopiques de Kaïs Saïed consiste à en finir avec les contrats à durée déterminée (CDD), dans l'objectif d'assurer la stabilité de l'emploi. Avec ses limogeages à répétition et les délais de longévité très courts de ses chefs du gouvernement, il devient un champion des CDD. En clair, lui-même n'arrive pas à appliquer sa propre politique qu'il cherche à imposer à l'administration et au secteur privé.


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