Une reconnaissance de l'Etat palestinien par la France, qui pourrait intervenir en juin, selon le président Emmanuel Macron, serait « une récompense pour le terrorisme », a estimé le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar. « Une reconnaissance unilatérale d'un Etat palestinien fictif, par n'importe quel pays, dans la réalité que nous connaissons tous, sera une récompense pour le terrorisme et un coup de pouce pour le Hamas », a affirmé M. Saar mercredi soir 9 avril 2025 sur le réseau social X. « Ce genre d'actions n'apportera pas la paix, la sécurité et la stabilité dans notre région, mais l'inverse : elles ne feront que les éloigner davantage », a-t-il ajouté. Dans une interview à l'émission « C à vous » sur France 5, donnée à son retour d'Egypte mardi et diffusée mercredi, le président français a annoncé que Paris pourrait reconnaître un Etat palestinien « en juin » à l'occasion d'une conférence que la France coprésidera avec l'Arabie saoudite aux Nations unies à New York. « On doit aller vers une reconnaissance (de l'Etat palestinien, ndlr) et donc dans les prochains mois on ira », a-t-il déclaré. « Notre objectif c'est, quelque part en juin, avec l'Arabie saoudite de présider cette conférence (sur la solution à deux Etats, ndlr) où on pourrait finaliser le mouvement de reconnaissance réciproque par plusieurs », a-t-il ajouté.
La classe politique française divisée Cette annonce a divisé la classe politique française. « Enfin. Après près de deux ans de génocide à Gaza, la France envisage enfin de reconnaître l'Etat de Palestine », a tweeté la cheffe des députés de gauche radicale, Mathilde Panot, rappelant que « 147 pays l'ont déjà fait » et réclamant que « ce geste, arraché de haute lutte » se traduise « en acte ». Pour l'ancien président socialiste François Hollande, si cette reconnaissance « vient dans un cadre » qui permet une double reconnaissance d'Israël et d'un Etat palestinien, c'est un « bon processus ». Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, y voit un moyen de « faire pression » sur « un gouvernement d'extrême droite qui a fait la démonstration depuis de longs mois de son inhumanité ». Favorable également, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, membre du camp présidentiel, a souhaité « avancer sur cette solution à deux Etats », mais avec « des garanties de sécurité pour les deux Etats ». À l'inverse, pour le vice-président du Rassemblement national, Sébastien Chenu, toute reconnaissance d'un Etat palestinien serait « prématurée ». Si le RN est « favorable à deux Etats », l'Etat palestinien est aujourd'hui « adossé au Hamas », a-t-il développé. « C'est envoyer un signal : faites du terrorisme et on vous reconnaîtra des droits », a-t-il balayé.
Une reconnaissance internationale croissante, un blocage israélien persistant La solution à deux Etats reste rejetée par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais les appels en ce sens se sont intensifiés depuis le 7 octobre 2023. Près de 150 pays reconnaissent déjà l'Etat palestinien. En mai 2024, l'Irlande, la Norvège et l'Espagne ont franchi le pas, suivies par la Slovénie en juin. La conférence en juin vise à concrétiser la création d'un Etat palestinien. En 2020, les accords d'Abraham ont mené à la reconnaissance d'Israël par les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. L'Arabie saoudite, en revanche, a suspendu ses négociations pour un rapprochement avec Israël depuis le début de la guerre à Gaza, conditionnant toute reconnaissance à la création d'un Etat palestinien. La ministre palestinienne des Affaires étrangères, Varsen Aghabekian Shahin, a salué cette annonce comme « un pas dans la bonne direction ».