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La répression, nouvelle passion planétaire
Publié dans Business News le 26 - 04 - 2025

Episode 1 – Répression : l'art de se créer des ennemis pour rien
Il y a des régimes qui avancent en silence, avec finesse et stratégie. Et puis il y a le nôtre.
En une seule semaine, deux épisodes politiques majeurs ont suffi à rallumer tous les radars d'alerte : l'affaire du « complot contre l'Etat » et l'arrestation aussi brutale qu'insensée d'Ahmed Souab. Deux gestes, deux signaux, deux erreurs. Mais un seul message : on gouverne au marteau-piqueur.
On aurait pu croire à un excès de zèle, à une montée de tension passagère. Mais non. Le pouvoir a mis les bouchées doubles. Comme s'il voulait prouver à tous — ONG, syndicats, chancelleries, opinion publique — qu'il n'a pas seulement les moyens d'étouffer, mais surtout une volonté assumée d'asphyxier.
Résultat : les condamnations pleuvent.
Ordre des avocats, UGTT, Ligue tunisienne des droits de l'Homme, tous montent au créneau.
Amnesty International se fend d'un communiqué qu'on aurait cru écrit pour une dictature lambda.
Human Rights Watch enfonce le clou.
L'Union européenne hausse le ton, la France s'étrangle, l'Allemagne fronce les sourcils, l'ONU lève le drapeau rouge.

Et pourquoi tout ça ? Pour rien. Absolument rien.
Pas un vrai danger, pas un soulèvement, pas une menace sérieuse.
Le régime aurait pu faire preuve d'un peu d'élégance, d'intelligence, de mesure. Il aurait pu laisser passer l'orage, donner des gages d'apaisement, pratiquer cet art délicat de mettre de l'eau dans son vin. Mais non. Il a choisi la ligne dure, le coup de poing, la matraque et le décret 54 comme programme politique.
Il faut dire que ternir son image à l'international, se mettre à dos les derniers défenseurs des droits de l'Homme et mobiliser contre soi tous les corps intermédiaires du pays, c'est un sacré tour de force. Peu de régimes y arrivent aussi efficacement.

Le pire ? C'est que tout cela est inutile, improductif, stupide.
Une démonstration de force dans le vide, un autoritarisme sans stratégie. Même les dictatures les plus chevronnées savent choisir leurs batailles. Ici, on tape au hasard, sans logique, sans finalité. Juste pour le plaisir de montrer les muscles… ou d'agiter la peur.
Mais à force de créer des ennemis imaginaires, on finit par se fabriquer de vrais adversaires. Et quand tous les amis vous quittent, même la répression ne suffit plus à tenir le décor debout.

Episode 2 – En France aussi, penser est devenu un délit
La France, patrie des droits de l'Homme, des Lumières, de la liberté académique, de Voltaire, de l'universalisme républicain… Oui, cette même France, celle qui donne des leçons au monde entier sur l'indépendance de la justice et la liberté d'expression, vient d'expliquer doctement que François Burgat est un danger public.
Le jeudi 24 avril 2025, au tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence, ce chercheur de 77 ans, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste reconnu du monde arabe, a comparu pour avoir… tweeté. Oui, tweeté. Ou plutôt posté sur X, ce réseau devenu guillotine pour tout penseur trop libre.
Le parquet, représenté par le zélé procureur Emmanuel Merlin, le décrit comme un "laudateur du Hamas et de ses bouchers sanguinaires", et requiert huit mois de prison avec sursis, 4 000 euros d'amende, une interdiction de réseaux sociaux pendant six mois, et deux ans d'inéligibilité (au cas où il lui viendrait la folie de se présenter à des élections municipales à Manosque).
Son crime ? Avoir partagé un communiqué du Hamas en janvier 2024, avoir douté de certaines accusations portées par Israël, et surtout — quelle audace ! — avoir déclaré : « J'ai infiniment, je dis bien infiniment, plus de respect et de considération pour les dirigeants du Hamas que pour ceux de l'Etat d'Israël. »
Une phrase tranchante, polémique, choquante pour certains, mais qui, dans un Etat de droit digne de ce nom, aurait dû être joutée par la pensée, pas par la répression judiciaire.
Mais dans la France post-7 octobre, nuancer, c'est trahir. Réfléchir, c'est justifier. Contextualiser, c'est excuser. Critiquer Israël, c'est glorifier le Hamas. Et exprimer une opinion dissidente, c'est automatiquement faire l'apologie du terrorisme.

Et le plus savoureux dans cette affaire ? C'est que le procureur français ressemble trait pour trait à un certain président tunisien. Même ton grave, même incapacité à tolérer la nuance, même réduction de la pensée critique à une menace sécuritaire.
François Burgat devient le Ahmed Souab de la République française. Lui aussi, accusé de soutenir le terrorisme parce qu'il a défendu l'indépendance de la justice. Et dans les deux cas, on a droit à la même logique : si tu ne penses pas comme nous, tu es complice des pires atrocités.

On reproche à Burgat son respect pour une organisation qualifiée de terroriste par l'Occident ? Soit. Mais alors que faire de ceux qui expriment leur admiration pour l'armée israélienne quand elle bombarde une population assiégée ? Qu'en est-il de ceux qui encensent Netanyahou dans les dîners mondains parisiens ? Est-ce là de la modération ? De la dignité ? Non. C'est la norme.
En vérité, ce procès n'est pas une affaire de droit. C'est un procès d'opinion. Et comme tous les procès d'opinion, il dit beaucoup plus de ceux qui jugent que de celui qui est jugé. Il révèle un climat délétère où l'on ne débat plus, on classe. Où l'on ne répond plus, on condamne. Où l'on ne démontre plus, on sanctionne.
Et pendant qu'on s'indigne à Paris, à Tunis on rigole jaune. Parce qu'au fond, ce que la France fait à Burgat n'est pas très différent de ce que Kaïs Saïed fait à ses magistrats, ses avocats, ses journalistes.
On neutralise. On isole. On fait taire. Et après, on s'étonne de ne plus avoir d'intellectuels.

Episode 3 – Tesla, ou comment rater un virage à pleine vitesse
Quand Elon Musk a mis les pieds en Chine, il pensait sans doute qu'il allait dompter le marché comme il avait dompté Twitter, ses actionnaires et l'égo de Donald Trump. Il y voyait un immense terrain de jeu, des milliards de yuans à gagner et un peuple enfin prêt à vénérer autre chose que Xi Jinping. Il n'avait pas prévu que l'Empire du Milieu avait lui aussi ses ambitions. Et qu'on ne vend pas du rêve californien dans un pays qui fabrique déjà les batteries… et le réveil.
En 2019, Musk inaugurait en grande pompe son usine à Shanghai. Tesla devenait alors le symbole d'un partenariat sino-américain gagnant-gagnant. Côté Musk : une gigafactory à bas coût, des subventions généreuses et un marché dopé par des quotas favorables à l'électrique. Côté Chine : la main sur la chaîne de valeur, 400 équipementiers qui poussent comme des champignons, et surtout, la possibilité de pomper sans scrupules le savoir-faire made in California.
Résultat en 2025 ? La part de marché de Tesla en Chine s'effondre, les ventes chutent, les concurrents locaux — BYD, Nio, Xiaomi — lui passent devant sur l'autonomie, le confort, le prix et même le divertissement à bord. Et Elon Musk, fidèle à lui-même, fait ce qu'il sait faire de mieux : il baisse les prix et il tweete.

Mais même le sarcasme numérique ne suffit plus. Tesla passe de la 8e à la 15e place du classement. Ses voitures ne font plus rêver, elles rassurent encore un peu, comme un vieux MacBook que l'on garde par nostalgie. Pendant ce temps, Xiaomi attire les foules, BYD conquiert l'Afrique, et Nio échange vos batteries en deux minutes chrono. Et pendant que Tesla "filtre les UV à 99,7 %", la concurrence, elle, vend des voitures.
Musk a beau activer les relais habituels — maman Maye, star d'Instagram chinois et égérie de matelas — rien n'y fait. La Chine a toléré Tesla. Elle ne le considère plus comme un précurseur. Juste un géant américain ringardisé dans un marché qu'il croyait pouvoir dominer à coups de slogans et de caprices d'ingénieur mégalomane.
Et ailleurs ? Aux Etats-Unis, les ventes patinent, les promesses de "full self-driving" relèvent toujours de la science-fiction, et le réseau social X (ex-Twitter) que Musk a transformé en terrain de jeu pour complotistes en préretraite, tire vers le caniveau. En Europe, on lui reproche ses prises de position complaisantes vis-à-vis de Trump, ses petits gestes vers Poutine, son flirt toxique avec la désinformation. Un génie, peut-être. Mais un génie de plus en plus seul.
Car Musk ne fait plus rêver. Il fatigue. Il exaspère. Il agace. Il incarne ce que la Silicon Valley a produit de pire : une arrogance algorithmique, une vision du monde réduite à des lignes de code, et une incapacité à distinguer innovation et provocation gratuite.

Et Trump dans tout ça ? Il applaudit, bien sûr. Le fantasme américain dans toute sa splendeur : un milliardaire qui ne paie pas ses impôts, qui fait des pieds de nez à la Chine, qui promet la Lune et ne livre même pas un chargeur. Deux narcissiques qui s'adorent, chacun rêvant de repeindre le monde à son image, c'est-à-dire avec beaucoup d'autosatisfaction et très peu de freinage.
Mais la réalité est plus têtue que leurs tweets. En 2025, il n'y a plus de magie. Tesla vend moins, convainc moins, et se débat dans un monde où les consommateurs veulent des résultats, pas des punchlines. Et où le soft power américain version Elon commence sérieusement à bugguer.
Moralité ? Quand le business épouse la politique, ce sont souvent les clients qui demandent le divorce.


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