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Chafik Jarraya, nuisible même derrière les barreaux
Publié dans Business News le 07 - 01 - 2025

Même en prison purgeant une très longue peine, l'homme d'affaires et lobbyiste Chafik Jarraya arrive à nuire. Son nom est revenu à la une de l'actualité à l'occasion de l'affaire du chef du gouvernement libyen Abdul Hamid Dbeibah.

« Il est plus sûr d'être craint que d'être aimé », disait le grand théoricien italien Nicolas Machiavel. Cette règle a été appliquée pendant des années par le sulfureux homme d'affaires et lobbyiste Chafik Jarraya. Quand il était libre, il était craint tant il avait une capacité de nocivité via ses réseaux politiques (tunisiens et étrangers), dans le barreau et dans l'appareil de l'Etat. Sa nuisibilité ne s'arrêtait pas à l'utilisation malsaine des différents réseaux ; elle passait également par ses journaux et ses contacts dans plusieurs médias qu'il utilisait, sans vergogne, pour salir les uns et blanchir les autres. On ne compte plus le nombre d'articles de presse diffamatoires parus dans le défunt et non regretté El Massa (Le Soir).

Une arrestation spectaculaire
Arrêté le 23 mai 2017 dans le cadre de l'affaire Mani Puliti (Mains propres) entamée par l'ancien chef du gouvernement Youssef Chahed dans sa guerre contre la corruption, Chafik Jarraya s'est rapidement retrouvé mêlé à de sombres histoires de trafic d'armes, d'intelligence avec une puissance étrangère et de complot contre l'Etat.
Depuis, Chafik Jarraya a été condamné dans plus de dix affaires, dont plusieurs sont liées à des falsifications de contrats de vente de biens confisqués et au blanchiment d'argent. Il cumule, à ce jour, plus de 105 ans de prison. Dans quatre affaires, il a écopé de dix ans de prison pour chaque affaire, mais le juge a été « clément » en les joignant. Dans 19 affaires, il a écopé de cinq ans de prison chacune, mais le juge a décidé d'être plus sévère en cumulant les peines, ce qui lui a totalisé 95 ans de prison rien que pour ces affaires.

Menaces depuis depuis la prison
En prison pour longtemps, ses rivaux et ses victimes ont pu croire, un moment, que c'en était fini avec la nuisibilité de Chafik Jarraya. Sauf que cela n'a pas été le cas.
Un an après son arrestation, il envoie depuis sa cellule un message menaçant via son fils Ahmed. « Mon père a décidé de sortir de son silence et de dévoiler, devant le juge d'instruction, plusieurs vérités qui impliquent différentes parties politiques influentes. Il va demander à ce que soient convoqués devant le juge plus d'une personnalité politique et à ce qu'il y ait des séances de confrontation devant la justice », disait-il en juillet 2018.

La menace a été mise à exécution quelque temps après, sous le pouvoir actuel. Son premier ennemi, l'ancien chef du gouvernement qui l'a arrêté, ainsi que certains de ses proches, se sont retrouvés mêlés, malgré eux et sans preuve aucune, dans l'une des multiples affaires de complot contre l'Etat. À ce jour, ces affaires sont en cours et reposent uniquement sur les propos revanchards du lobbyiste ou/et de sombres anonymes.
Dans certaines de ces affaires de complot, Chafik Jarraya aurait été présenté comme XXX, bénéficiant ainsi d'une certaine protection judiciaire. Pire, la justice a interdit aux médias d'évoquer ces affaires de complot afin de ne pas nuire au cours de l'instruction. Théoriquement, l'instruction est finie et l'interdiction n'a plus lieu d'être, mais ce ne sont pas les médias qui ont dévoilé l'identité de XXX, mais le propre avocat de Chafik Jarraya, Fayçal Jadlaoui.
« Je tiens à le souligner, Chafik Jarraya n'est pas le témoin « xx » ni « xxx ». Il n'a rien à voir avec cette affaire, il a été entendu pour les plaintes nombreuses déposées contre Béchir Akremi notamment, Youssef Chahed et Kamel Letaïef, on peut y voir une coïncidence mais il n'a rien à voir avec les procès-verbaux qu'on lui attribue. Il nous a d'ailleurs assuré lui-même qu'il a signé ses dépositions de son nom complet, ni avec des X ni des empreintes. S'il s'avère après qu'on a utilisé ses propos dans l'affaire, nous n'en portons aucune responsabilité (...) je démens fermement tout lien de Chafik Jarraya avec l'affaire, et si le comité de défense des personnalités arrêtées a d'autres éléments, qu'ils nous les fournissent », a déclaré Me Jadlaoui au micro de Borhen Bsaiss sur IFM en mai 2023.
Les propos de l'avocat contrastent cependant avec plusieurs autres de ses confrères qui ont eu accès aux dossiers. Vu qu'il existe plusieurs affaires de complot contre l'Etat, que le nombre de prisonniers et de prévenus se comptent par dizaines et que certaines de ces affaires datent d'avant le pouvoir actuel, on ne sait plus exactement quand Chafik Jarraya a été entendu comme témoin et quand il a été entendu comme plaignant.

Une confusion autour de Dbeibah
L'une des affaires sulfureuses, impliquant des puissances étrangères, a dépassé l'instruction et ne fait plus l'objet du fameux « secret de l'instruction » qui interdit aux médias de l'évoquer.
La semaine dernière, Chafik Jarraya a comparu devant une chambre pénale spécialisée dans les affaires de terrorisme. Pendant l'audience, théoriquement publique, le nom d'Abdul Hamid Dbeibah a été évoqué. Le nom n'est pas inconnu pour les médias et les observateurs tunisiens, puisque c'est celui de l'actuel chef du gouvernement libyen. S'agit-il de lui ou d'un homonyme ? On n'en sait pas trop. Toujours est-il que cela n'étonne personne. Chafik Jarraya est connu pour sa grande proximité avec les hauts dignitaires libyens. D'ailleurs, il doit l'essentiel de sa fortune à la Libye et à cette proximité. Il y a quelques années, il a même conduit une grande délégation d'hommes d'affaires, d'avocats et de journalistes en Libye pour rencontrer le dirigeant libyen de l'époque (et ex-terroriste) Abdelhakim Belhaj. Nessma lui a même diffusé une longue interview pour le blanchir.

Au vu de son grand historique avec les hauts dignitaires libyens, la proximité de Chafik Jarraya avec Abdul Hamid Dbeibah devient donc fort probable. Il n'est pas certain que le Dbeibah cité dans son affaire devant une cour de justice tunisienne soit un simple homonyme.

Une réaction controversée des autorités
Le fait est que le journaliste Jamel Arfaoui, directeur du journal électronique Tunisie Telegraph, a relayé le fait divers en pointant du doigt le nom de Dbeibah sans se douter qu'il s'agissait, peut-être, d'un homonyme. L'article a été publié le vendredi 3 janvier 2025 et n'a pas provoqué de réactions, ni du côté libyen, ni du côté tunisien. D'habitude, quand un journal électronique diffuse une information erronée ou imprécise, il est contacté dans l'heure par les autorités pour rectifier le tir.
Il a fallu attendre lundi 6 janvier pour que le ministère public réagisse et annonce l'ouverture d'une instruction judiciaire. « Le ministère public confirme que ces informations sont fausses et infondées. Une enquête criminelle a été ouverte contre le site web concerné et toute personne impliquée, afin de déterminer les responsabilités dans la diffusion volontaire de rumeurs via les réseaux de communication, visant à porter atteinte aux droits d'autrui et à la sécurité publique », selon un communiqué transmis à l'agence publique de presse TAP. Le même communiqué exhorte les médias à vérifier l'authenticité des informations liées aux affaires judiciaires en se référant exclusivement aux sources officielles.
Sauf que dans l'affaire en question, il n'y a pas de sources officielles à contacter, puisqu'il s'agissait d'un fait divers rapportant ce qui a été dit dans un procès public.
Aussitôt après le communiqué du parquet, les réseaux sociaux proches du pouvoir ont déclenché une campagne de dénigrement contre M. Arfaoui et son journal, le traitant de tous les noms et l'accusant de diffuser sciemment des intox afin de nuire aux intérêts tuniso-libyens.
Le journaliste réagit aussitôt dans la soirée pour rappeler les faits et uniquement les faits. Après avoir retiré l'article de sa base et des réseaux sociaux, M. Arfaoui attire l'attention sur le fait qu'il n'a reçu aucun démenti des autorités, contrairement aux pratiques d'usage partout dans le monde et à ce que prévoit le décret 115 régissant la presse en Tunisie.

Chafik Jarraya, maître des polémiques
Pourquoi donc le parquet choisit-il la méthode forte, celle de l'ouverture d'une instruction judiciaire le 6 janvier, alors qu'un simple coup de téléphone le 3 janvier aurait suffi pour rectifier le tir ? On note, dans la foulée, que le parquet n'a pas précisé si le Dbeibah cité dans l'affaire Jarraya est le chef du gouvernement libyen ou un homonyme. Alors qu'il exige la clarté des médias, il est demeuré opaque sur ce point central de l'affaire.
En tout état de cause, sans les accointances de Chafik Jarraya avec les milieux politiques libyens, jamais il n'y aurait eu cette confusion, si déjà cette confusion est confirmée.

Qu'il soit en liberté ou en prison, Chafik Jarraya réussit à être au centre d'une polémique. Il n'y a que lui qui a évoqué Dbeibah et c'est lui qui sait s'il s'agit du politicien libyen ou d'un autre quidam du même nom. Il ne l'a pas cité par hasard, puisque Chafik Jarraya ne fait rien par hasard. Il a tenté un coup pendant l'instruction afin de montrer sa sphère de connaissances, pensant ainsi intimider le juge. C'était un coup d'épée dans l'eau, le juge ne s'est pas fait intimider et a transmis le dossier devant une cour de justice spécialisée. Cette dernière n'avait d'autre choix que de citer le nom inscrit dans le dossier et le journaliste n'avait d'autre choix que de rapporter ce qui a été dit durant l'audience. De là est née toute cette confusion dont l'origine remonte à Chafik Jarraya et uniquement Chafik Jarraya.


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