La docteure Rabiaa Oueslati, membre de la Société Tunisienne de Médecine Générale et de Médecine de Famille, a tiré la sonnette d'alarme ce mercredi 29 octobre 2025, alertant sur le rythme inquiétant de l'émigration des médecins tunisiens. S'appuyant sur les données de l'Institut National de la Statistique (INS), elle a révélé que près de 3 300 médecins ont quitté le pays entre 2015 et 2020, soit une moyenne annuelle de 550 départs. Ce chiffre a triplé durant la période 2021-2024, atteignant environ 6 000 médecins, soit 1 500 départs par an. Selon elle, cette vague migratoire concerne surtout les jeunes praticiens, notamment dans les spécialités de médecine de famille, d'anesthésie et de réanimation. Une étude du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) indique d'ailleurs que 70 % des médecins de famille et anesthésistes, ainsi que 80 % des internes, envisagent de quitter le pays. La Dr Oueslati a souligné que ce phénomène ne touche plus uniquement les médecins du secteur public, souvent confrontés à la pénurie de moyens humains et matériels, mais s'étend désormais au secteur privé, malgré des conditions plus stables. Les destinations les plus prisées demeurent la France, l'Allemagne, le Canada, la Suisse et les pays du Golfe, où les professionnels trouvent un environnement de travail plus valorisant et de meilleures conditions de vie. Parmi les causes principales, la praticienne cite la surcharge de travail, le manque d'équipements, mais aussi la recrudescence des violences contre le personnel médical et la faiblesse des salaires. Elle a enfin appelé à une réforme en profondeur des lois régissant la responsabilité médicale et l'Ordre des Médecins, afin de stopper cette fuite des compétences qui fragilise gravement le système de santé tunisien.