La chambre criminelle près la Cour d'appel de Tunis a confirmé, mardi 3 juin 2025, le jugement de première instance condamnant l'ancien ministre de la Justice et dirigeant du mouvement Ennahdha, Noureddine Bhiri, à dix ans de prison. Il était poursuivi pour complot contre la sûreté de l'Etat, tentative de changement de la structure du gouvernement et incitation des citoyens à la violence, sur la base d'une publication sur les réseaux sociaux qui lui est attribuée. Cette décision intervient dans un climat tendu, d'autant que l'audience s'est tenue sans interrogatoire ni plaidoirie, comme l'a dénoncé, le jour même, Imed Khemeri, porte-parole d'Ennahdha et figure du Front de salut national. « Sans plaidoirie et sans interrogatoire de Noureddine Bhiri, l'affaire est mise en délibéré pour le prononcé du verdict », a-t-il déploré dans une publication Facebook, critiquant une justice de « sujets et non de citoyens ».
Le dossier remonte à janvier 2023, lorsqu'une manifestation du Front de salut national a eu lieu à Mnihla (gouvernorat de l'Ariana). C'est dans ce contexte qu'une publication sur la page de Noureddine Bhiri aurait été jugée menaçante pour l'ordre public et assimilée à une incitation à la rébellion. Aucune trace de cette publication n'a toutefois été retrouvée, selon le comité de défense de l'ancien ministre, qui dénonce une affaire sans fondement. L'article 72 du Code pénal, sur lequel repose la condamnation, prévoit la peine de mort pour les actes visant à changer la forme de l'Etat ou à inciter les citoyens à s'attaquer les uns les autres. La justice a opté pour dix années de réclusion.