Depuis le mardi 3 juin 2025, des publications virales sur Facebook affirment que plus de 6 000 enfants de migrants subsahariens en situation irrégulière seraient nés en Tunisie et recevraient automatiquement la nationalité tunisienne, même sans identité connue des parents. Ces affirmations proviennent notamment d'une déclaration faite par le député Tarak Mehdi le même jour, sur les ondes de la radio Jawhara FM, où il avance que les hôpitaux publics auraient enregistré plus de 6 000 naissances parmi des "migrantes africaines" en situation irrégulière.
Pourtant, aucune source officielle ne vient étayer ces chiffres : ni le ministère de la Santé, ni l'Institut national de la statistique (INS), ni aucune autre autorité publique n'a confirmé une telle donnée. Le député n'a présenté ni preuve ni rapport officiel pour appuyer sa déclaration, et les publications sur les réseaux sociaux qui en découlent ne reposent sur aucun fondement vérifiable. Ce type de déclaration et de publication contribue à alimenter un climat de peur et de stigmatisation à l'égard des personnes migrantes originaires d'Afrique subsaharienne. Il ne s'agit pas simplement de désinformation, mais d'un discours de haine raciste, déjà observé lors d'épisodes précédents en Tunisie, où les chiffres avaient été exagérés sans base fiable.
Certaines publications montrent même des extraits d'actes de naissance sans nom du père ou de la mère, insinuant que cela suffirait à « donner la nationalité » à l'enfant. Or, l'absence d'un nom de parent sur un acte de naissance peut avoir diverses raisons légales ou sociales, comme un accouchement sous X, un abandon ou des procédures judiciaires en cours. Cela ne signifie en aucun cas que l'enfant devient automatiquement Tunisien. Contrairement à ce que laissent croire ces messages alarmistes, la nationalité tunisienne ne s'acquiert pas automatiquement par la seule naissance sur le territoire. Le Code de la nationalité tunisienne encadre strictement les conditions d'acquisition : * Article 7 : L'enfant né en Tunisie n'est automatiquement Tunisien que si son père et son grand-père paternel y sont également nés. * Article 8 : Un enfant né de parents apatrides résidant légalement en Tunisie depuis au moins cinq ans peut être considéré comme Tunisien — ce qui ne s'applique pas aux personnes en situation irrégulière. * Article 9 : Un enfant né en Tunisie de parents inconnus peut recevoir la nationalité tunisienne, mais cette attribution est réversible si l'identité et la nationalité de l'un des parents sont connues ultérieurement. * Article 10 : Un nouveau-né trouvé sur le territoire est présumé Tunisien jusqu'à preuve du contraire, dans un souci de prévention de l'apatridie.
Les affirmations circulant sur Facebook sont infondées, trompeuses et dangereuses. Elles participent à une campagne plus large de désinformation et de haine contre les migrants subsahariens, en exploitant des peurs irrationnelles autour de la nationalité et d'une théorie de « remplacement démographique ».