Dans une lettre ouverte adressée à l'opinion publique nationale et internationale, la présidente du Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi, a affirmé être maintenue en détention de manière illégale après avoir purgé la peine de prison de seize mois à laquelle elle avait été condamnée. Relayée par son comité de défense, la missive dénonce une "violation manifeste du droit" et accuse les autorités de vouloir « la neutraliser politiquement » en toute illégalité. Abir Moussi assure qu'aucune nouvelle décision judiciaire n'a été émise pour justifier sa détention au-delà de la peine écoulée. « Je suis en situation de détention sans titre légal, en l'absence de tout mandat de dépôt en vigueur », écrit-elle, rappelant que ses avocats ont alerté à plusieurs reprises la présidence de la République, le ministère de la Justice, le parquet général, l'administration pénitentiaire et la direction de la prison de la Mornaguia, sans obtenir de réponse.
Abir Moussi invoque l'article 107 du Code de procédure pénale, qui stipule qu'un mandat de dépôt délivré par le juge d'instruction cesse de produire effet une fois l'affaire transmise à la chambre d'accusation, sauf renouvellement exprès. Elle cite également un arrêt de la Cour de cassation (n°28953 du 18 mars 2022) selon lequel, à défaut d'un nouveau mandat, l'accusé doit être considéré en état de liberté légale. La présidente du PDL considère ce silence des autorités comme une preuve de « volonté délibérée de violer la loi » et accuse les institutions de l'Etat d'être désormais « au service du pouvoir politique, même au détriment des principes juridiques fondamentaux ».
Dans un passage fortement chargé d'émotion, Abir Moussi annonce qu'elle boycottera le lit de sa cellule la nuit de l'Aïd, refusant de s'y allonger. Elle passera la nuit assise sur une chaise en plastique obtenue à la suite d'une demande médicale. « Ma place naturelle en cette fête bénie est auprès de mes filles, pas en prison », déclare-t-elle. « Que ceux qui ont contribué à cette injustice profitent de l'Aïd avec leurs familles… mais que leur joie soit entachée par les larmes de l'injustice », ajoute-t-elle dans une conclusion virulente.